Elisabeth Bik, consultante en intégrité scientifique, ne peut qu'avoir joué un rôle essentiel dans le lancement des systèmes de facturation frauduleuse d'Ubiome
TRIBUNE - La seule légitimité des tests "cliniques" dans le cadre de ce projet reposait sur des publications ayant été publiées avec succès après évaluation par des pairs. C'est là qu'Elisabeth Bik s'est avérée utile pour les fondateurs. Avant Elisabeth Bik, aucun des deux fondateurs n'avait publié sur le microbiome.
La « Détective d’Images » et consultante en intégrité scientifique Elisabeth Bik cherche toujours à prendre ses distances avec la fraude commise chez Ubiome, son employeur précédent. Elle déclare avoir quitté l'entreprise en décembre 2018 , quelques mois avant que le FBI ne fasse une perquisition chez uBiome. Elle a également déclaré qu'elle n'était pas « coéquipière » avec les fondateurs, Zachary Schulz Apte et Jessica Sunshine Richman, et que selon ses dires, ils n'étaient pas non plus ses responsables directs ou ses patrons. Les faits reliés à cette histoire et à son implication ne correspondent pas à ce qu’elle raconte. En tant que directrice de la rédaction scientifique, elle a joué le rôle le plus important dans le système en légitimant les affirmations d'uBiome par des publications dans des revues à comité de lecture. Elle est également tombée dans leur culture de la fraude en incluant les « préprints » (article mis en ligne avant la publication dans des revues à comité de lecture) de ses articles dans le matériel marketing de uBiome.
uBiome a commencé à marketer un produit approuvé d’analyse de biome fécal et de science citoyenne au prix de 100 dollars destiné directement aux consommateurs, produit identique à celui marketé par 23andMe. Selon l'acte d'accusation fédéral déposé devant le tribunal du district de Californie du nord par le procureur Stephanie Hinds , l'activité illégale a véritablement commencé le 1er novembre 2016 avec le lancement officiel de SmartGut. C’était un test "clinique" payé par l'assurance maladie sur ordonnance d’un prestataire de soins de santé (ndlr : un médecin) d'un test de laboratoire. L'acte d'accusation met toujours les "tests cliniques" entre guillemets, au motif qu'il ne s'agit pas de "tests cliniques légitimes." Le 8 décembre 2017, ils ont lancé SmartJane, un test "clinique" d’état de santé vaginale à domicile.
Les produits SmartGut et SmartJane nécessitaient une ordonnance d'un professionnel de la santé. uBiome a mis en place un processus selon lequel, si un client souhaitait commander un produit, l'ordonnance était délivrée sans la validation d'une véritable nécessité médicale. L'omission de l'évaluation du besoin médical est l'un des nombreux délits, liés à l'assurance, mentionnés dans l'acte d'accusation (l'encadré explique plus en détail l'acte d'accusation). Le reste de l'entreprise se concentre sur le recrutement d'un maximum de clients afin de mener à bien le remplissage des formulaires en ligne conduisant à la commande des tests. L'entreprise a également fait en sorte qu'il soit très facile pour les clients de commander de nouveaux tests sur les échantillons déjà envoyés, afin de générer davantage de revenus payés par les assurances.
Revenons à Elisabeth Bik. L'équipe d'uBiome était très enthousiaste à l'idée de son arrivée. Le 8 novembre 2016, ils ont publié un communiqué de presse comprenant des déclarations de la cofondatrice et PDG, Jessica Richman : "Nous avons longtemps été inspirés par le travail du Dr Bik pour diffuser des informations sur notre domaine par le biais du Microbiome Digest. Nous sommes ravis de l'accueillir dans notre équipe et de travailler avec une experte aussi respectée". Ils étaient très enthousiastes à l'idée d'accueillir l'experte en intégrité scientifique et l'ont décrite comme "[la] force en coulisse de l'intégrité scientifique".
Il est intéressant de noter que le 1er novembre 2016, date du grand lancement de SmartGut, était le même jour où Elisabeth Bik et son équipe ont soumis leur article sur le séquençage du gène de l'ARNr 16S à la revue PLOS pour publication. L'article d'Elisabeth Bik et de ses coauteurs, les fondateurs d’uBiome, Zachary Apte et Jessica Richman, a été publié le 7 mai 2017. Le remboursement par les assurances des versions antérieures du test avait été demandé depuis novembre 2016. Avant cette publication, Elisabeth Bik avait publié avec succès 16 articles sur des sujets liés au microbiome, alors que les fondateurs n'avaient publié aucun article. En regardant les dates, Elisabeth Bik a dû travailler avec les fondateurs avant son emploi officiel chez uBiome puisqu'elle est l'un des auteurs de l'article. Elle a apporté l'expérience et la légitimité dont les fondateurs avaient besoin pour accélérer considérablement leur projet. Il semble que le lancement officiel du produit ait été orchestré avec Elisabeth Bik et sa publication du premier article de recherche d'uBiome évalué par des pairs bien avant la date effective de son emploi officiel.
L’article en question a été soumis le 1er novembre 2016 et publié le 3 mai 2017. Il a été corrigé une fois le 12 février 2019 et comporte une expression de préoccupation (letter of concern) complète et non résolue datée du 20 octobre 2022. L'expression de préoccupation affirme que l'un des échantillons fécaux provenait d'un chien. Elle se poursuit avec les préoccupations d'un membre du comité de rédaction qui déclare que "[l'article] ne fournit pas de base pour définir des niveaux relatifs cliniquement pertinents de taxons microbiens cibles et fournit des données minimales sur l'utilisation du séquençage 16S pour le diagnostic clinique." Les tests biologiques des clients étaient donc payés par les assurances sur la base de cette recherche dont les normes n'avaient pas été suffisamment strictes pour éliminer un échantillon d'une autre espèce (ndlr : que l’humain). Le commentaire des membres du comité éditorial indique qu'elle (Elisabeth Bik) est d'accord avec l'acte d'accusation et qu'elle ne pense pas qu'ait été fourni la preuve que SmartGut est un test clinique.
Dans l'acte d'accusation, le gouvernement a longuement expliqué comment uBiome facturait les sociétés d’assurance avant que la validation CLIA ne soit achevée pour les différents tests "cliniques". Bik et uBiome ont déployé une stratégie similaire avec les articles de recherche d'uBiome. Dans le communiqué de presse publié à l'occasion de son arrivée dans l'équipe, Elisabeth a déclaré : "Je suis heureuse que uBiome mette autant l'accent sur la nécessité de soumettre ses travaux à un processus rigoureux et éprouvé d'évaluation par les pairs, et je suis ravie de leur permettre de le faire en tant que nouvelle rédactrice scientifique". Cependant, au cours des deux premières années de son mandat, au moins trois articles ont été utilisés dans des documents de marketing sur des publications qui n'avaient pas fait l'objet d'un examen par les pairs puisqu'il s'agissait de prépublications. Les liens donnaient l'impression que l’article était basé sur le standard de la profession (ndlr : c’est-à-dire des articles revus par les pairs).
Elisabeth Bik a semblé adhérer à la culture de l'entreprise qui consiste à contourner/raccourcir les procédures et systèmes dans le but d'inciter les clients à acheter des tests en prépubliant trois articles qui ont été inclus dans le matériel promotionnel de SmartGut et SmartJane alors que la prudence aurait été d'attendre la rigueur qu'apporte une publication évaluée par les pairs. L'inculpation de la société semble se concentrer sur les fondateurs, mais on pourrait affirmer que de nombreux employés de la société « se sont rendus complices » de l'approche des fondateurs visant à augmenter l’importance des tests du microbiome dans l'industrie.
Le 14 novembre 2017, uBiome a lancé SmartJane , puis le 9 décembre 2017 , ils ont lancé un blog d'entreprise promotionnel sur le test. Bik a contribué au contenu du blog et y a inclus des références à deux préprints d'articles de recherche. SmartJane prétendait détecter les variantes du virus HPV, les infections sexuellement transmissibles et incluait une analyse du microbiome vaginal. L'un des articles décrivait le nouveau test de séquençage et l'autre expliquait comment l'autoscanner pour le HPV augmentait le dépistage du cancer du col de l'utérus. Aucune de ces conclusions n'aurait dû être prise au sérieux sans une publication évaluée par des pairs. Les articles ont été publiés avec succès dans PLOS ONE et Frontiers six mois plus tard.
Deux commentaires sur pubpeer ont été postés sur l'article relatif au nouveau test vaginal, questionnant l'absence de bénéfices cliniques et l’absence de demandes d'approbation éthique de l'étude en 2013. Le commentaire fait référence à un article cinglant du Dr Harriet Hall publié dans Science-Based-Medicine sur la validité clinique des tests et affirme que l'article était un « artefact marketing intelligent », mais que les conclusions de l'article sont "des spéculations et des vœux pieux, pas des preuves scientifiques significatives" et que "le rationnel du test n'a pas de sens". Les deux articles sur SmartJane semblent démontrer que, bien que les kits HPV auto-administrés ne soient pas cliniquement efficaces, ils augmentent la participation au dépistage du cancer du col de l'utérus. Le Dr Hall souligne qu’il n’y a pas de base permettant la justification d'un besoin médical. Aucune réponse n'a été publiée par Bik sur PubPeer en tant que premier auteur, deux ans après que les questions aient été soulevées. Elle est très active sur PubPeer et l'absence de réponse est donc révélatrice.
La société permettait aux clients de cliquer très facilement sur de nombreux échantillons et de demander des analyses actualisées avec les nouvelles versions des tests publiés par la société. Toutes ces "mises à niveau" permettaient d'exécuter de nouveaux tests sur d'anciens échantillons et de facturer les compagnies d'assurance. L'acte d'accusation indique que la société a qualifié ces mises à niveau de "growth hack" (fraudes d’évolution des tests) et que cette pratique était frauduleuse pour de nombreuses raisons. L'article de recherche d'Elisabeth Bik intitulé "Measures of reproducibility in sampling and laboratory processing methods in high-throughput microbiome analysis" (Mesures de reproductibilité des méthodes d'échantillonnage et de traitement en laboratoire dans l'analyse à haut débit du microbiome) a rassuré les clients quant à l'exactitude de l'analyse d'anciens échantillons fécaux et vaginaux lors de la "mise à niveau" des tests qui étaient soumis à l'assurance du client pour obtenir un remboursement.
Dans un billet de blog daté du 8 mai 2018, uBiome a évoqué la reproductibilité des tests uBiome. Dans ce billet, ils ont soutenu leur processus de vente des tests upgradés (mises à niveau) sur les mêmes échantillons fécaux en déclarant "à quel point les profils sont similaires pour les échantillons prélevés sur différents morceaux d’une même feuille de papier toilette, et ce qui se passe si vous analysez le même échantillon trois - ou même trois cents - fois". La base du contenu du billet était dans la réalité l'article « préprint » publié par Bik et les fondateurs qui n'avait pas été examiné par les pairs.
La plupart des consommateurs ne comprennent probablement pas la différence entre « un article publié après examen par les pairs » et un article en préprint. Cet article n'a jamais été publié dans une revue à comité de lecture et constitue l'implication la plus accablante de Bik dans les fraudes mentionnées dans l'acte d'accusation. Cela met en évidence le risque lié au contournement des bonnes pratiques commercialisés en utilisant des prépublications pour vendre des produits.
En octobre 2018, Elisabeth Bik avait une place proéminente dans le premier paragraphe d'une fiche produit de l'entreprise relatif à la base de données sur le microbiome humain d'uBiome – elle est considérée comme la plus plus grande base de données sur le microbiome humain. Bik y est décrite comme la "principale scientifique du microbiome (qui travaille désormais chez uBiome !)". Un peu plus loin dans le rapport, il est indiqué que uBiome dispose d'une équipe de 70 scientifiques, cependant Elisabeth Bik est la seule scientifique nommée dans le rapport. Le rapport évoque avec fierté, le chemin parcouru entre les 250 000 échantillons au moment de la publication scientifique et le million d'échantillons prévus d'ici à décembre 2019. Le plan de croissance a été alimenté par le système de facturation à l’assurance pour lequel les fondateurs ont été inculpés et se sont enfuis en Allemagne. Au moment de la rédaction de cet article, Apte et Richman sont depuis 32 mois en Allemagne.
Le mystère subsiste autour de la date à laquelle l’implication de Bik auprès des fondateurs a pris fin ainsi que les détails de son départ d'uBiome. Il est intéressant de noter que PLOS a publié son dernier article pour uBiome le 1er mai 2019, la semaine suivant la descente du FBI dans leurs bureaux. Sur Linked In, elle indique qu'elle a quitté l'entreprise en décembre 2018. Sur Twitter, Bik a déclaré : "[J'ai] quitté l'entreprise parce qu'elle semble privilégier l'argent à la science."
Si elle a quitté l'entreprise pour des raisons morales en raison de la priorité donnée à l'argent sur la science, pourquoi aurait-elle autorisé la publication d'un article portant son nom ? Pourquoi ne tenterait-elle pas de retirer son nom ou de faire rétracter des articles antérieurs parce qu'ils ont été utilisés dans le cadre d'un système de facturation frauduleuse à l'assurance ? Serait-ce parce qu'elle a été licenciée et qu'elle n'est pas partie de son propre chef ? Le moment de son départ coïncide avec le licenciement de 30 employés annoncé sur le blog de l’entreprise en janvier 2019. Il est probable que son départ soit davantage lié au licenciement qu'à des raisons morales.
Sur son profil LinkedIn, elle a déclaré qu'elle "écrivait sur le microbiome humain, la science citoyenne et les résultats scientifiques d'uBiome". Elle l'a fait sur le blog marketing et de leader de secteur d’activité de l'entreprise et basé sur une combinaison de publications scientifiques non évalués par les pairs et certains évalués par des pairs. Elle s'est également présentée comme faisant partie de l'équipe scientifique lorsqu'elle a déclaré au WSJ qu'elle travaillait "dans le laboratoire, nous sommes les scientifiques". Le 3 novembre 2023, elle a déclaré sur Twitter que "[les fondateurs] n'étaient pas mes coéquipiers. Ils n'étaient même pas mes responsables directs ou mes patrons."
Bik a directement collaboré avec les fondateurs, Zachary Schulz Apte et Jessica Sunshine Richman, pour créer un blog de marketing et a publié sept documents de recherche utilisés pour manipuler les compagnies d’assurance et les investisseurs. Elle a occupé un poste important au sein de l'équipe scientifique, elle a prépublié des articles pour établir des calendriers de lancement, elle savait probablement que les lancements avaient lieu avant que les validations CLIA ne soient effectuées. Ses recherches et ses efforts de marketing ont conduit à des commandes qui ont abouti à une fraude à l'assurance de 300 millions de dollars et à une fraude à l'investissement de 100 millions de dollars. Les sept articles publiés par l'entreprise dans le cadre de ces combines devraient être revus par les éditeurs pour en vérifier l'exactitude et éventuellement les rétracter, car le véritable objectif de ces articles semblait être la commercialisation auprès de clients potentiels.
Compte tenu de sa grande influence et des prix qu'elle a reçus dans le domaine de l'intégrité scientifique, le monde entier devrait savoir qu'elle n'a pas été transparente quant à son niveau d'implication dans uBiome. Elle a travaillé avec l'équipe avant d'être employée ou a simplement apposé son nom sur un article dans lequel elle n'était pas impliquée. Elle a publié et travaillé avec l'équipe après avoir été employée et après que le FBI ait fait une descente dans les bureaux. Elle était le principal leader d'opinion de l'entreprise et la seule scientifique mentionnée dans un article important sur le produit. Si elle avait été transparente et avait présenté cette affaire comme « une leçon ou un retour d’expérience », elle aurait pu utiliser cette expérience pour rendre le monde scientifique plus solide. Cependant, la "chercheuse de fraude" tente de prendre ses distances et d'éluder la responsabilité de la fraude dans laquelle elle s'est retrouvée. La communauté de l'intégrité scientifique devrait l'ostraciser au lieu de l'accueillir et de la récompenser.
Note I sur les « Détails du système de facturation »
L'acte d'accusation déposé le 19 mars 2021 concernant uBiome décrit les activités criminelles qui ont eu lieu chez uBiome. L'essentiel des délits s'est produit lorsque l'entreprise est passée d'un test de microbiome fécal direct au consommateur, d'une valeur de 100 dollars, à un test "clinique" facturé jusqu'à 2 970 dollars à l'assurance du patient. En faisant appel à des agences de recrutement de personnel médical temporaire gérées directement, UBiome a payé des médecins et des infirmières praticiennes à l'heure pour qu'ils attestent de la nécessité médicale du test dans la demande de remboursement. L'équipe d'UBiome a appelé ce groupe de médecins le "Réseau de soins cliniques externes" ou ECCN. L'ECCN n'interagissait pas directement avec le client et approuvait essentiellement toutes les commandes.
UBiome a commercialisé et vendu SmartJane et SmartGut aux consommateurs, puis l'ECCN a été approuvé, et UBiome a facturé directement les compagnies d’assurance. En outre, elle a créé de nouvelles versions de SmartJane et SmartGut, en vendant l’analyse à partir de la mise à niveau au client sur la base des mêmes échantillons fécaux et vaginaux, puis facturé ces "mises à niveau" à l'assurance. La compagnie d'assurance s'est appuyée sur ces attestations ECCN pour valider un besoin médical.
uBiome contrôlait essentiellement les informations fournies à l'ECCN.
les prestataires de soins, notamment en dissimulant des informations importantes pour la détermination par les prestataires de soins ECCN de l'utilité clinique et de la nécessité médicale, en ce qui concerne les mises à niveau et d'autres aspects. Ils ont ainsi mené à ce que
des médecins et d'autres prestataires de soins de santé approuvent les nouveaux tests basés sur les upgrades. Ces tests non nécessaires médicalement ou n'ayant pas d'utilité clinique, étaient commandés sur la base d'informations frauduleusement rendues incomplètes, qui permirent à uBiome à soumettre des demandes frauduleuses de remboursement.
uBiome a obtenu la certification CLIA pour son laboratoire afin d'effectuer des tests, mais les ventes et les demandes d'assurance ont été effectuées avant que les validations CLIA ne soient terminées pour les différents tests sur les matières fécales et les tests vaginaux.
L'acte d'accusation comprend également des détails sur les efforts déployés par uBiome pour falsifier des documents, utiliser l'identité de médecins et d'autres prestataires de soins de santé à leur insu ou sans leur autorisation, et mentir aux assureurs en réponse à des demandes d'information, à des notifications de trop-perçu, à des demandes de recouvrement de factures, à des refus de demandes de remboursement ou à des audits portant sur les pratiques de facturation d'uBiome.
Enfin, uBiome a frauduleusement évité de facturer aux patients la part qui leur incombait, comme l'exigent les assureurs. Elle a justifié en vain cette pratique en la qualifiant de programme pilote et de programme d'aide aux patients. Elle s'assurait que les clients ne payaient pratiquement pas la part qui leur incombait, comme l'exigeait l'assurance. Ils ont également donné aux clients des cartes-cadeaux et ont ensuite dissimulé ces pratiques aux compagnies d'assurance.
En résumé, uBiome n'a pas mis en place un réseau indépendant de médecins réellement convaincus de l'efficacité des tests "cliniques" à soumettre aux compagnies d'assurance. Les compagnies d'assurance s'appuient sur l'indépendance des médecins qui prescrivent des tests "cliniques" pour déterminer la nécessité médicale et le remboursement. Au lieu de cela, elles ont commercialisé et effectué des transactions directement avec les consommateurs, puis manipulé et contrôlé l'ECCN afin d'entériner les commandes directes pour le remboursement. Ils ont également permis aux clients de réutiliser facilement des échantillons fécaux et vaginaux antérieurs pour soumettre des tests actualisés sur les anciens échantillons. Le processus a commencé par un marketing agressif visant à convaincre les consommateurs d'acheter et le remboursement s'est fait de manière transparente, sans aucun contrôle des besoins médicaux.
Note 2 ou Second Article - Bik a gaspillé 42 ans de temps scientifique
Elisabeth Bik a reçu un prix pour son travail de détection des problèmes potentiels dans les articles de recherche par l’AWIS (association des femmes en sciences). Dans un tweet au sujet du prix reçu, l’AWIS affirme qu’Elisabeth Bik a signalé des problèmes dans 7 000 articles, ce qui a entraîné 1 000 rétractations et 1 000 corrections. Le taux de rétractation et de correction le plus optimiste serait donc de 28,5 % (2000/7000), ou un taux de rétractation de 14,3 %.
En février 2023, Science.org a parlé d'une "usine à papier". Bik et potentiellement d'autres limiers ont obtenu que 457 articles soient rétractés sur les 640 articles pour lesquels des problèmes ont été soulevés. En regardant de près, on peut noter qu’une grande partie des rétractations octroyées à Bik ne sont pas le fait de scientifiques ordinaires. Cette seule usine représente près de 50 % des rétractations que Bik a réussi à obtenir. Si l'on soustrait les chiffres de cette usine (à analyse d’articles de ses statistiques), on obtient un taux de correction+rétractation de 24 % et un taux de rétractation de 8,5 %. Ces chiffres supposent qu'aucune autre groupe d’analyse des papiers ne figure dans ses statistiques, ils pourraient donc être inférieurs.
Bik est très en colère lorsque les revues permettent aux auteurs de corriger leurs erreurs, mais le COPE (Comitee on Publication Ethics) a des recommandations très précises à l'intention des revues en ce qui concerne l'enregistrement et l'autorisation des corrections.
Les lignes directrices du COPE à l'intention des revues pour envisager une rétractation sont les suivantes : "Ils ont des preuves évidentes que les résultats ne sont pas fiables, soit en raison d'une erreur majeure (par exemple, erreur de calcul ou erreur expérimentale), soit en raison d'une fabrication (par exemple, de données) ou d'une falsification (par exemple, manipulation d'images)". Les rétractations ne sont pas appropriées si "les principaux résultats du travail sont encore fiables et que la correction pourrait suffisamment répondre aux erreurs ou aux préoccupations". Si sa motivation principale déclarée est "une science honnête et de bonne qualité", alors une correction devrait satisfaire sa motivation. En réalité, Bik doit avoir d'autres motivations, qu'elle n'explique pas de manière transparente, pour justifier sa quête de rétractations.
Examinons maintenant le temps perdu par les scientifiques, les réviseurs et les équipes d'intégrité des revues à répondre aux articles qui n'ont pas été rétractés. Environ 6 000 articles sur lesquels elle a soulevé des questions n'ont pas été rétractés. Chaque article compte en moyenne cinq auteurs. On peut supposer qu'il y a au moins un réviseur et un membre de l'équipe chargée de l'intégrité. Cela représente 7 personnes par article qui doivent travailler sur ces accusations qui n'ont pas donné lieu à une rétractation, soit 42 000 personnes qui doivent travailler sur les seules accusations d'Elisabeth Bik qui n'ont pas donné lieu à des rétractations. Si chaque personne y consacre 2 heures en moyenne, cela représente 84 000 heures ou 42 ans sur la base d'une année de travail moyenne de 2000 heures. Certaines accusations nécessitent des centaines d'heures pour être défendues, de sorte que cette estimation est probablement très basse. Elle n'inclut pas non plus tous les autres chasseurs de fraudes qui publient des articles sur Pubpeer et soumettent des préoccupations aux revues.
En réalité, Elizabeth a ralenti 42 000 personnes pour trouver 543 rétractations. A elle seule, elle constitue, la force la plus destructrice de progrès scientifique qui n’ait jamais existé. Ces détectives de la fraude doivent augmenter considérablement leur taux de réussite en étant plus précis dans leurs analyses ou les revues devraient améliorer leurs principes de revue pour éviter de laisser des trous dans la raquette. Une autre solution serait que les publications se focalisent sur les soumissions pour fraude émanant d’un groupe de scientifiques du même champ d’activité plutôt que de se focaliser sur ces chasseurs de fraudes scientifiques auto-proclamé aux motivations et financement obscurs.
Annexes ! Recherches et sources complémentaires
8 mai 2018 - Reproducibility blog - Les tests d'uBiome sont-ils reproductibles ? En un mot : Oui ! - uBiome (archive.org)
14 novembre 2017 - Lancement du produit SmartJane uBiome lance SmartJane™ - un test révolutionnaire pour la santé des femmes (archive.org)
Entrée du lancement de Smart Jane (9 décembre 2017)
https://web.archive.org/web/20191002072211/https://ubiome.com/blog/post/meet-smartjane/
Mentions deux Publications de Bik :
1. Pre Print NOT PEER REVIEWED Un nouveau test de santé féminine basé sur le séquençage combinant l'auto-prélèvement, la détection et le génotypage du VPH, la détection des IST et l'analyse du microbiome vaginal. Publié le 13 novembre 2017 dans biorxiv. Publication complète de l'examen par les pairs dans PLOS. Reçu : 3 mai 2018 ; accepté : 12 avril 2019 ; publié : 1er mai 2019.
Un nouveau test de santé vaginale basé sur le séquençage combinant l'auto-prélèvement, la détection et le génotypage du VPH, la détection des IST et l'analyse du microbiome vaginal | PLOS ONE
Communiqué de presse de la publication : https://web.archive.org/web/20181209153523/http://www.prweb.com/releases/2017/05/prweb14305467.htm
PubPeer - Un nouveau test de santé vaginale basé sur le séquençage combinant l'auto...
2. Preprint non évalué par les pairs :
Version 1 : Reçu : 30 novembre 2017 ; approuvé : 30 novembre 2017 ; en ligne : 30 novembre 2017 (09:19:23 CET)
Version 2 : Reçu : 30 novembre 2017 / Approuvé : 1 décembre 2017 / En ligne : 1 décembre 2017 (07:19:13 CET)
Reçu : 24 décembre 2017 ; accepté : 1er mars 2018 ; publié : 09 avril 2018
Mise en accusation complète de son co-auteur : https://www.justice.gov/d9/press-releases/attachments/2021/03/18/ubiome_indictment_0.pdf
Article de CNBC sur le timing des raids : https://www.cnbc.com/2019/05/02/ubiome-what-really-happened-at-health-start-up-raided-by-fbi.html
1er novembre 2016 - Submit Plos Paper to PLOS - 16S rRNA gene sequencing and healthy reference ranges for 28 clinically relevant microbial taxa from the human gut microbiome | PLOS ONE - https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0176555
22 octobre 2022 - Expression d'inquiétude indiquant qu'un échantillon provenait d'un chien et " qu'il ne fournit pas de base pour définir des niveaux relatifs cliniquement pertinents de taxons microbiens cibles et fournit des données minimales sur l'utilisation du séquençage 16S pour le diagnostic clinique. "
8 novembre 2016 - Communiqué de presse sur l'adhésion à uBiome :
Janvier 2019 - Licenciement https://ubiome.com/blog/post/2019-planning/
Publications Link - (Bik, Elisabeth M[Auteur]) AND (Apte, Zachary S[Auteur]) - Search Results - PubMed (nih.gov)
uBiome - Le plus grand ensemble de données sur le microbiome humain par ubiomeinc - Issuu
https://issuu.com/ubiome/docs/ubiome-humanmicrobiome
https://x.com/MicrobiomDigest/status/1478199591812022275?s=20
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.