Ordre des médecins : police politique ?
TRIBUNE - À cause de mon blog, je suis l’objet d’une plainte du Conseil de l’Ordre, qui souhaite apparemment me radier. Vous trouverez cette plainte ici. Ayant toujours scrupuleusement respecté, plus que d’autres le serment d’Hippocrate pendant toute ma carrière, il paraît que ce n’est plus le cas et l’on veut me jeter l’opprobre. Apparemment liberté de pensée, liberté d’expression, défense des traitements que l’on pense meilleurs que ceux proposés par d’autres, les débats, les actions légales auprès des autorités, tout ceci sont des choses interdites aux médecins. Quid de la liberté de prescription, de l’indépendance des médecins, bases d’une médecine de qualité ?
Lors de la première convocation, on ne m’a pas dit précisément ce que l’on me reprochait, dans cette lettre motivée non plus. Vous savez que je me base toujours sur des faits, l’Ordre non. Aucun exemple, aucune phrase, aucun billet n’est cité pour que je puisse répondre et me défendre. C’est une accusation sans preuve. Cela me donne l’impression d’une commande venue d’en haut, on a demandé de me faire taire, l’Ordre s’exécute, sans avoir rien trouvé de concret.
Irène Frachon, lanceur d’alerte du Médiator, qui a permis de sauver des milliers de vies, avait relaté une demande de l’Agence du médicament auprès du Conseil de l’Ordre pour la faire taire, nous sommes dans le même schéma. Une petite nuance toutefois, ma faute étant moins sévère : elle attaquait un médicament autorisé, moi je ne fais que demander qu’on autorise un médicament, et par là qu’on essaye de traiter au lieu de ne rien faire, alors que le Serment d’Hippocrate ne nous impose pas une obligation de réussite, mais de moyens.
Les faits reprochés :
Je "m’opposerais à des recommandations faites dans l’intérêt de la santé publique en appelant à prescrire des thérapeutiques non éprouvées". Désolé, je ne m’oppose pas à des recommandations (par ailleurs une recommandation est une recommandation, pas une obligation !), je demande simplement qu’on mette un autre médicament dans ces recommandations. Je n’appelle pas à prescrire, je ne fais que répéter ce que l’ANSM a répété à plusieurs reprises : “médecins, vous pouvez prescrire, vous en avez le droit en respectant certaines règles légales”, règles que j’ai systématiquement répétées, avec liens sur les textes de loi en question. La loi, rien que la loi messieurs de l’Ordre. Ce ne sont pas des thérapeutiques, mais une seule, et quelle est la compétence de l’Ordre pour dire qu’elle n’est pas éprouvée ? Elle est validée par nombre de spécialistes et approuvée par nombre d’associations médicales, des Ordres et des agences sanitaires dans le monde. Est-ce que tout ceci est condamnable ?
Voir aussi : Dr Martine Gardénal : "le Conseil de l'Ordre a des comportements sectaires et mafieux"
"Les études citées ne font pas la preuve de rigueurs scientifiques avec un panel de patients insuffisant pour tirer des conclusions statistiques fiables". On croirait entendre l’ANSM qui ne prend que les séries les plus petites, critiquables, et que j’ai critiquées, ignorant les autres. Quid de Carvallo avec 1 200 soignants ? Quid de GTFoods avec 12 000 sujets ? Quid de Mexico avec son expérience sur 233 000 cas ? Quid des plus de 56 études (dont la moitié RCT) portant sur près de 20 000 cas ? Je les ai toutes lues, je ne suis pas sûr que mes accusateurs n’en aient lu une seule, la connaissance ne se décrète pas (décret de décembre 2020 concernant l’Ordre), elle s’acquière. Quid de la dizaine de méta-analyses ?
Quid des études faites pour le Remdesivir ? Pour le Bamlanivimab ? De l’étude Mehra/Lancet, de la dernière du Jama ? L’Ordre a-t-il porté plainte contre ceux qui les ont mises en avant ? C’est pourtant plus criant que celles que je cite !
Oui, on peut débattre et c’est un vrai débat. Oui, on peut discuter, et je l’ai fait avec l’ANSM pour expliquer mon opinion. Oui, on peut discuter avec le Ministre et je l’ai fait récemment. C’est non seulement légal, mais un devoir. Oui, des médecins américains ont été invités à présenter ces mêmes études devant le Sénat Américain, mais non, le débat pour l’Ordre n’est pas autorisé, c’est une faute condamnable, et je serai condamné (un seul juge non ordinal dans ce tribunal d’exception où l’on peut être juge et partie), et n’aurai pas droit à la bonne foi ou à l’erreur, comme dans une justice digne de ce nom.
Dans mes billets, je donne toujours toutes les sources, tous les avis pour que le lecteur se fasse son propre avis. Quand je cite et donne mon avis sur l‘ANSM, je donne toujours l’intégralité de son avis et le mien. Quand Prescrire donne son avis en citant des études, je donne cet avis, je donne le mien (est-ce interdit ? une faute ?), et surtout je permets au lecteur de se faire son propre avis en ayant entendu les deux sons de cloche et en pouvant consulter les études en question avec des liens. Cela s’appelle un débat éclairé, l’Ordre le refuse au profit de la pensée unique et de l’obscurantisme. Les lecteurs ne sont pas des imbéciles !
L’Ordre a-t-il relevé un seul mensonge, une seule erreur, une seule manipulation ? Il ne cite rien, car il ne peut le faire. Ces accusations sont vagues, non basées sur des faits précis, sur lesquels je pourrais discuter, répondre, me défendre. Il n’y a pas de défense possible sans faits précis pouvant matérialiser une faute condamnable. La liberté de pensée, la liberté d’expression sont des fautes pour l’Ordre, faute de mieux.
« Le blog du Quotidien du médecin, revue médicale, est accessible à tout public », est-ce ma faute ? Est-ce une faute ? Apparemment l’Ordre me le reproche. Et le public, il n’a pas droit au débat ?
Cerise sur le gâteau, ne trouvant rien d’autre de concret : « Considérant que le Docteur Maudrux, spécialiste en urologie, n’apporte pas la preuve de ses compétences en infectiologie » ! Passons sur le fait qu’on ne m’a pas demandé d’apporter ces preuves, et est-ce que seuls les infectiologues ont le droit de s’intéresser au Sars-cov-2 ? Je signale à l’Ordre que je suis aussi diplômé en médecine générale, les médecins doivent-ils tous se taire, non concernés par le Sars-Cov-2 ? L’Ordre semble ignorer que Louis Pasteur n’était même pas médecin, et pourtant ! Qu'Olivier Véran est neurologue, et s’exprime pourtant sur le Sars-Cov-2. Sait-il aussi que madame vaccin à l’OMS est psychologue, pas infectiologue ni épidémiologiste ? Quant à Michel Cymes, qui parle de tout à la télévision et dans les revues, pourquoi n’est-il pas poursuivi car il sort de son cadre d’ORL ?
L’Ordre sait-il que 80 % du temps d’un urologue, c’est de la consultation, extrêmement variée ? J’ai eu à traiter nombre d’infections virales et bactériennes, et je me suis battu toute ma carrière contre des labos qui influençaient mal les généralistes, faisant passer des antiseptiques urinaires pour des antibiotiques systémiques, engendrant nombre de prostatites et autres épididymites récidivantes et chroniques. Un mauvais traitement anti-infectieux au départ entraîne des complications chroniques, tout comme ne pas traiter la Covid au début, engendre 20 % de pathologies chroniques appelées Covids longs, nous sommes strictement dans la même configuration. J’ajouterais aussi qu’ayant fait une trentaine de greffes rénales, avec mes amis néphrologues, j’ai acquis quelques notions d’immunologie. Enfin quand j’ai été élu Président de la Caisse de Retraite des Médecins, je n’avais aucune compétence en matière de retraite, et l’Ordre a pu constater que j’ai réussi mieux que d’autres, et que 20 ans après, la caisse était citée comme une des caisses les mieux gérées de France.
L’Ordre sort du débat médical, de la chasse aux traitements pour une maladie sévère, pour tomber dans la chasse aux sorcières. Nous sommes bien loin du serment d’Hippocrate qu’il bafoue en bridant la recherche du meilleur traitement, mais aussi des droits de l’homme. Je rappellerais la déclaration du Secrétaire Général de l’ONU lors de l’ouverture de la 46e session du Comité des Droits de l’Homme, déplorant que l’épidémie de Covid-19 soit utilisée par certains pays, qu’il n’a pas cités, « pour faire taire les voix dissonantes, abolir les libertés les plus fondamentales, faire taire les médias indépendants et entraver le travail des organisations non gouvernementales”. Amnesty International, elle, a cité la France parmi les pays qui « au nom de la lutte contre le coronavirus portent des atteintes sans précédent à la liberté d’expression. Elles prennent la forme d’une censure implacable de tout ce qui n’est pas la doxa officielle, y compris sur les réseaux sociaux, mais aussi de sanctions professionnelles. » L’Ordre est ouvertement l’instrument de ces actions contre les médecins.
Cet article est issu du blog du Dr Gérard Maudrux.
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