Turquie : le coup d'Etat avorté, 265 morts et 1.400 blessés

En Turquie, la tentative de coup d'Etat des militaires rebelles a été mis à mal par l'armée. Ce samedi, les autorités du pays avaient arrêté 1.563 personnes soupçonnées d'être impliquées dans le putsch. Un bilan officiel fait état de 265 morts et 1.400 blessés.

"Le coup d’Etat a été déjoué, la situation est redevenue normale", a annoncé ce samedi 15 Nuh Yilmaz, le porte-parole des services secrets (MIT) turcs. Aux termes d'affrontements avec les soldats rebelles qui ont fait 265 morts et 1.400 blessés, la police a arrêté 1.563 militaires soupçonnées d'être impliqués dans le putsch. Les autorités ont par ailleurs demandé à Athènes l'extradition de huit putschistes en fuite en Grèce, pays voisin. "Nous avons demandé à la Grèce d'extrader huit traîtres dès que possible", a déclaré le chef de la diplomatie turque Mevlut Cavusoglu à la chaîne HaberTurk. Le général Hulusi Akar, chef d'état-major détenu par les belligérants, a quant à lui été libéré.  

Vendredi 15, vers 22 h, heure française, des blindés militaires ont pris position à l'aéroport Atatürk d’Istanbul, autour des ponts sur le Bosphore, dans les environs du palais présidentiel à Ankara. Peu après, des soldats ont fait irruption dans locaux de la chaîne publique TRT, dont ils se sont emparés. Via un communiqué lu par un présentateur, ils ont annoncé que le gouvernement avait été renversé et que la loi martiale et un couvre-feu avaient été instaurés. Le putsch a été mené "afin d'assurer et de restaurer l'ordre constitutionnel, la démocratie, les droits de l'homme et les libertés, et laisser la loi suprême du pays prévaloir", était-il précisé. 

Pendant quelques heures, le gouvernement a semblé dépassé par les évènements. Mais, alors que la presse commençait a décrire le président Erdogan sur le chemin de l'aéroport Atatürk et que les rumeurs allaient jusqu'à évoquer une demande d'asile en Allemagne, ce dernier s'est adressé à la population sur la chaîne CNN Türk par le biais de Facetime. "Je suis le commandant en chef", a-t-il rappelé, déterminé. "Je ne pense absolument pas que ces putschistes réussiront", a-t-il ajouté, appelant la population à descendre "sur les places et les aéroports" en signe de soutien. A son appel, une foule s'est rassemblée place Taskim, en plein centre-ville d'Istanbul pour protester contre le putsch. D'autres manifestants massés sur un des ponts qui enjambe le Bosphore ont quant à eux essayé de traverser malgré l'interdiction des putschistes qui bloquaient dans les deux sens. Les gendarmes insurgés ont alors tiré dans la foule, blessant plusieurs personnes. Dans le même temps, dans la banlieue d'Ankara, 42 personnes ont été tuées au cours de violentes affrontements.

Peu à peu, les autorités ont commencé à reprendre le contrôle de la situation. A Ankara, un F-16 a abattu un hélicoptère piloté par des insurgés. A Istanbul, des chasseurs ont survolé la ville toute la nuit, larguant au moins deux bombes aux environs de la place Taksim, et à Alibeyköy, en banlieue, où un barrage a été touché. Vers 4h du matin, le premier groupe de putschistes s'est rendu aux forces loyalistes, déposant les armes places Taskim. Il a ensuite été suivi d'une trentaines de soldats rebelles qui avaient investi l'un des ponts enjambant le Bosphore.

D'après Le Monde, Erdogan, qui a promis ce samedi que les insurgés "paieraient cher leur trahison" , ressortira de cette crise plus populaire que jamais. "Si un référendum est convoqué demain pour la mise en place du système présidentiel fort dont il rêve, nul doute qu’il obtiendra une large ­majorité des voix, tant, dans son ensemble, la population, y compris ses détracteurs, ­réprouve le recours à la violence", conclut la journaliste du quotidien du soir.