Accidents de chasse : le poids du lobby des chasseurs inquiète
Le nombre d'accidents mortels de chasse a une nouvelle fois baissé cette année, a annoncé ce jeudi 13 l'ONCFS. Un projet de loi prévoit de renforcer encore la sécurité, mais n'aurait pas retenu les mesures les plus contraignants pour les chasseurs. De quoi interroger sur le poids de leur lobby dans le travail législatif.
Le nombre d'accidents de chasse a augmenté sur la saison 2018/2019 (de 113 à 131), mais le nombre de morts a encore une fois diminué pour atteindre le plus faible niveau jamais enregistré (sept contre 13 l'année précédente), selon le bilan annuel publié ce jeudi par l'Office nationale de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS).
Les chiffres sont donc encourageants, mais au sein de l'institution, on met en garde contre un excès de satisfaction qui pourrait entraîner un relâchement de la vigilance. Par ailleurs, si un projet de loi doit encore renforcer la prévention, les sanctions contre les comportements à risque –point qui pourrait provoquer la colère des chasseurs- bien que soulevées par l'ONCFS, ne semblent pas à l'ordre du jour.
Le contenu de ce projet de loi n'est pas encore définitif, mais Jacques Bouchet, responsable du réseau "Sécurité à la chasse" au sein de l'ONCFS, redoute une version "épurée". Interrogé par France-Soir en décembre dernier, il soulevait déjà la nécessité de pouvoir sanctionner efficacement un chasseur en raison de son comportement, même si celui-ci n'a pas entraîné d'accident, avant qu'un drame survienne.
Voir: Chasse - moins de morts mais plus d'incidents, les raisons d'un paradoxe
"Le lobby de la chasse est passé par là", affirme-t-il aujourd'hui, jugeant que le texte provisoire n'a pas retenu ces recommandations qui pourraient "embêter les chasseurs". Et de rappeler la puissance du lobby en question dont "a été victime" l'ancien ministre de la Transition écologique. Nicolas Hulot avait dénoncé "la présence des lobbies dans les cercles du pouvoir" et expliqué que l'invitation de Thierry Coste, lobbyiste des chasseurs, lors d'une réunion avec Emmanuel Macron avait "précipité" sa démission.
Le projet de loi prévoit de "rendre obligatoires plusieurs mesures en matière de sécurité à la chasse dont la signalisation des chasseurs lors des battues au grand gibier, la signalisation des enceintes chassées et la remise à niveau des chasseurs tous les 10 ans en matière de sécurité", détaille l'ONCFS. Le comportement des "traqueurs" (qui participent aux battues mais ne font pas action de chasse) est particulièrement étudié car leurs manquements sont l'origine de 25% des accidents alors qu'ils ne représentent que 10% des "chasseurs" au sens large du terme.
Un renforcement des contrôles et des sanctions n'est cependant pas évoqué. "Il faudra voir quels seront les amendements déposés et quel sera le poids du gouvernement" dans le débat qui s'annonce au Parlement, juge Jacques Bouchet.
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