Affaire Benalla : la vidéo du proche de Macron, un scandale d'Etat
Aux origines du scandale, une simple vidéo tournée par un passant qui est devenue un scandale d'Etat. Sur les images, un homme, casque de police sur la tête et en civil, évolue au milieu des CRS qui chargent des manifestants place de la Contrescarpe (5e arr. de Paris) frappe un jeune homme déjà maîtrisé et au sol. Sauf que cet homme n'est pas policier mais un proche, très proche, collaborateur d'Emmanuel Macron. Alexandre Benalla, c'est son nom, assure la sécurité du président depuis les tout débuts de sa campagne présidentielle, fin 2016.
La vidéo est en ligne depuis le 1er mai mais ce n'est que mercredi 18 qu'elle focalise l'attention. Le Monde vient ainsi de révéler le nom et les fonctions de l'homme qui y intervient de manière si musclée. Il était autorisé à être là, confirme sa hiérarchie, mais en tant que simple "observateur". Il n'aurait donc dû à aucun moment se mêler de maintien de l'ordre.
Un proche du président de la République, garant des institutions, qui dérape et agi hors de tout cadre légal, le fait divers fait tâche.
Lire: Benalla et Crase armés pendant la manifestation du 1er mai?
Il va même très vite virer au scandale d'Etat. Car on apprend au fil de la journée que ce n'est pas un, mais deux hommes qui assurent la sécurité du président qui sont mêlés aux violences. Et l'Etat savait, Emmanuel Macron lui-même savait. Depuis longtemps. Si le chef de l'Etat a bien sanctionné les gros bras, tout début mai, la punition apparaît bien dérisoire... Deux semaines de mise à pied pour Benalla, qu'il connaît si bien -et n'en est pas à son premier dérapage-, mais qui reste à son service et aura même l'honneur de monter à bord du bus des champions du monde lundi 16. Vincent Crase, le second larron, prend la même suspension, mais ne sera plus appelé en renfort par l'Elysée (réserviste de la gendarmerie, il faisait office de supplétif appelé ponctuellement en renfort).
Pourquoi une telle différence de traitement? Aucun commentaire de la présidence. Pourquoi ne pas avoir tout simplement viré Alexandre Benalla? Sans commentaire. Le président et l'Elysée sont aux abonnés absents, le premier en déplacement en Dordogne préférant faire comme si de rien n'était tandis que son service de communication fait le dos rond...
La tension monte jusque dans l'hémicycle, où les députés d'opposition toutes tendances confondues réclament des explications. Richard Ferrand et ses troupes tentent bien de botter en touche, de faire diversion, c'est une dernière banderille signée Jean-Luc Mélenchon qui les force à rendre les armes.
Car le leader de la France insoumise a reconnu sur les images un troisième homme, dont le nom restait à ce stade, ce jeudi soir, inconnu. Grand, l'air froid, cet individu à la mèche bien peignée et aux petites lunettes de vue intervient lui aussi dans la vidéo. Et son visage ressort un peu partout: au 1er mai, au salon de l'Agriculture quand Emmanuel Macron s'y rend, à la marche blanche en hommage à Mireille Knoll... Tout porte à croire qu'il fait lui aussi partie des services de sécurité du plus haut niveau de l'Etat.
C'est d'ailleurs pour cela que Jean-Luc Mélenchon se souvient de lui. "Sur une photo, j'ai reconnu formellement l'homme qui m'a demandé, ainsi que mes camarades parlementaires, de me retirer de la marche (d'hommage à Mireille Knoll) où nous avons été agressés par des membres de la Ligue de défense juive", a expliqué le chef de file des Insoumis ce jeudi soir dans l'hémicycle.
A lire- Affaire Benalla: Mélenchon s'interroge sur l'existence d'une police parallèle (vidéo)
Qui est cet homme? Pourquoi était-il avec Alexandre Benalla le 1er mai? Répondait-il à un ordre? Si oui lequel? On voit sur les images des violences du 1er mai, place de la Contrescarpe, d'autres hommes en civil: sont-ils des policiers ou d'autres gros bras du président en goguette? Etaient-ils en mission ou ont-ils dérapé? Combien sont-ils?
Autant de questions qui restent ce jeudi soir sans réponse. Et auxquelles Emmanuel Macron et ses ministres semblent bien en peine de répondre, laissant libre cours à toutes les interprétations. Dont celle-ci, toujours de Jean-Luc Mélenchon, qui craint visiblement que l'histoire ne se répète: "Est-ce qu'à côté des services de sécurité de l'Etat (...) il y a un groupe privé qui s'est auto-attribué le rôle de protection du chef de l'Etat et d'infiltration des manifestations?".
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