Alstom : l'usine de Belfort au centre des polémiques
L'usine Alstom de Belfort restait ce mercredi 14 l'objet d'une vive polémique politique, malgré l'intervention du gouvernement qui s'est donné "dix jours pour apporter des réponses" aux salariés, alors que les syndicats ont lancé un appel à la grève. L'exécutif a tenté de temporiser, mais demeure sur la défensive. Une semaine après l'annonce d'Alstom sur l'arrêt de sa production de trains à Belfort, le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, a encore affirmé qu'il n'avait reçu "aucune information" en amont de cette décision. L'annonce "a été faite sans aucune présentation en conseil d'administration, où il y a une représentation de l’État", a-t-il insisté.
Les deux représentants de l’Etat "savaient et ont dûment informé leur ministre, et donc le président de la République et le Premier ministre, des menaces qui planaient sur Belfort", a au contraire déclaré l'ancien ministre de l’Économie Arnaud Montebourg, venu rencontrer les syndicats du site franc-comtois. Mardi, une douzaine de parlementaires de l'opposition ont indiqué avoir alerté neuf fois en un an le gouvernement, puis l’Élysée, au sujet d'Alstom. Leurs courriers ne concernaient toutefois pas seulement l'usine de Belfort, mais aussi d'autres sites du groupe en France.
De l'autre côté de l'échiquier politique, les députés et sénateurs du Front de gauche ont réclamé un débat au Parlement "sur la politique industrielle de la France". "Le gouvernement doit empêcher la fermeture du site belfortain. L’État, actionnaire à 100% de la SNCF, et les régions doivent prendre leurs responsabilités", a estimé Éliane Assassi, présidente du groupe communiste au Sénat.
L'intersyndicale (CFE-CGC, CGT, CFDT, FO) d'Alstom a appelé mercredi tous les salariés du constructeur ferroviaire à débrayer le 27 septembre contre le projet d'arrêt de la production de trains à Belfort d'ici à 2018. Dans un tract commun envoyé à l'AFP, elle exige "le maintien de tous les sites Alstom Transport en France et le maintien de tous les emplois sur chaque site, notamment sur Belfort", "l'arrêt de la délocalisation des fabrications et des études" et "la réintégration sur les sites français des activités délocalisées". "Nous devons mettre la pression sur la direction d'Alstom et le gouvernement, tous les deux responsables de cette situation", écrivent les syndicats. Ils souhaitent en outre que le PDG du groupe, Henri Poupart-Lafarge, vienne "s'expliquer" devant les instances représentatives du personnel et, en attendant, suspende toutes les négociations sociales en cours.
Les présidents de la SNCF, Guillaume Pepy, et de la RATP, Élisabeth Borne, ont ainsi été reçus lundi par le secrétaire d’État aux Transports, Alain Vidalies, selon une source proche du dossier. Parmi les cinq pistes envisagées pour apporter "immédiatement" un surcroît d'activité à l'usine de Belfort, la plus imminente est celle de la "négociation directe" entre la SNCF et Alstom pour six TGV destinés à la ligne Paris-Turin-Milan. De quoi apporter "au moins dix mois" de travail supplémentaire à Belfort, selon M. Vidalies, peu préoccupé de l'avis de la direction d'une SNCF qui "appartient aux Français". Interrogé sur le sujet mercredi, M. Pepy a prudemment botté en touche: "le ministre des Transports est en première ligne, il a dit beaucoup de choses sur la position des pouvoirs publics" dans ce dossier, s'est-il contenté de déclarer.
Un autre espoir réside dans le mégacontrat (plus de 250 trains) du RER "nouvelle génération", dont le lauréat doit être désigné avant la fin de l'année par la SNCF, pour le compte du Syndicat des transports d'Ile-de-France (Stif) "Alstom est concurrent (...) c'est donc potentiellement un énorme espoir pour cette très belle entreprise française", a reconnu Valérie Pécresse, présidente de la région, ajoutant que "sauver Alstom n'est pas une décision qui (lui) appartient", la décision revenant en principe à la SNCF.
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