Annulation des mesures pour les gilets jaunes ? Edouard Philippe a cédé face aux députés
Vu de l'extérieur, c'est un rétropédalage embarrassant. Mais derrière les constats de surface, c'est peut-être aussi le signe d'un gouvernement qui n'est plus capable de s'imposer face à une majorité parlementaire qui, si elle a été décrite comme "docile" au début de la mandature, commence à se rebeller contre la gestion de la crise des gilets jaunes.
Mardi 18, en à peine deux heures, le Premier ministre a annoncé la suppression de certaines annonces faites en faveur des gilets jaunes au mois de novembre, antérieures à l'allocution présidentielle du 10 décembre. Avant de se dédire dans la foulée suite à la pression des parlementaires La République en Marche.
En fin d'après-midi, Matignon annonce à l'Agence France Presse que ces annonces gouvernementales destinées à calmer le mouvement des gilets jaunes aux premiers jours du mouvement –sans aucun résultat– seraient retirées. Exit donc des mesures presque oubliées comme l’extension du chèque énergie, le relèvement du barème kilométrique ou le doublement de la prime à la conversion pour les automobilistes roulant le plus. La raison? "Il nous apparaissait normal de supprimer les compensations à la hausse de la taxe carbone à partir du moment où cette hausse était elle-même supprimée" explique l'entourage d'Edouard Philippe au journal Le Monde.
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Deux heures plus tard, coup de tonnerre: Matignon se ravise et annonce que toutes les mesures initiales seraient conservées. Entretemps, des députés LREM –qui devaient voter cette annulation– ont appelé Matignon pour faire part de leur inquiétude… mais plus probablement de leur colère. En témoigne ce tweet du député du Maine-et-Loire, Matthieu Orphelin, parlant d'une stratégie de retrait "inaudible et incompréhensible". Lors de cette crise des gilets jaunes, plusieurs députés LREM ont été directement confrontés à la colère contre la majorité, entre des permanences murées, des échanges tendus (voir ici), voire des menaces au domicile de ceux qui, il y a 18 mois, se félicitaient d'incarner le renouveau.
Renoncer à des mesures pour accompagner la #transitionénergétique, comme la super-prime pour les gros rouleurs, est à mon sens une VRAIE ERREUR. Et inaudible et incompréhensible dans la situation actuelle. Sans parler de la forme. #PLF2019https://t.co/crTMQGbszN
— Matthieu ORPHELIN (@M_Orphelin) 18 décembre 2018
Le gouvernement a donc cédé renonçant aux 130 millions d'économie que le retrait de ces mesures aurait permis de réaliser. "Un gouvernement qui a peur de tout, à moins qu'il ne tienne plus rien" avance même France Inter. Entre l'annulation du moratoire initial d'Edouard Philippe par Emmanuel Macron, et ce nouveau renoncement en un temps record, il n'a jamais paru aussi fragile.
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Matignon annule la réunion avec les Gilets jaunes, faute de participants
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