Attentat à Nice : l'unité de la classe politique vole en éclats dès le lendemain de l'attaque

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 15 juillet 2016 - 18:01
Image
Alain Juppé et François Hollande.
Crédits
©Jean-Pierre Muller/AFP
"Si tous les moyens avaient été pris, le drame n'aurait pas eu lieu" a rapidement fustigé Alain Juppé contre l'action de François Hollande.
©Jean-Pierre Muller/AFP
En 2015, les attentats avaient fédéré l'ensemble de la classe politique autour de François Hollande, du moins sur une brève période. Pas avec l'attaque de Nice: l'opposition a immédiatement déclenché la polémique.

"L'esprit du 11 janvier" a fait long feu: dès vendredi matin, l'opposition n'a pas hésité à critiquer le gouvernement, quelques heures à peine après l'attentat de Nice qui a fait au moins 84 morts.

Loin de l'unité nationale manifestée après les attaques contre Charlie Hebdo et l'Hyper Casher, les critiques et reproches n'ont pas tardé.

"Si tous les moyens avaient été pris, le drame n'aurait pas eu lieu", a ainsi affirmé l'ancien Premier ministre Alain Juppé. "Bien sûr qu'il faut faire plus, qu'il faut faire mieux. D'abord en ce qui concerne nos services de renseignement", a jugé le candidat à la primaire de droite pour la présidentielle.

Jetant aux oubliettes les mesures prises depuis 18 mois (renforcement des effectifs policiers et du renseignement, pouvoirs renforcés d'enquête pour la police, ouverture prochaine de centre de déradicalisation jihadiste...), plusieurs responsables des Républicains ont aussi fustigé l'"impuissance" de l'exécutif et appelé à "passer à l'action".

"On a un exécutif qui s'arc-boute sur des certitudes qui n'en sont pas, qui ne veut pas regarder une autre réalité en face", a critiqué le député Les Républicains Georges Fenech, président de la commission d'enquête parlementaire sur les attentats de 2015.

"La guerre contre le fléau du fondamentalisme islamiste n'a pas commencé, il est urgent maintenant de la déclarer", a lancé Marine Le Pen à un exécutif qui n'a pourtant cessé de se dire "en guerre".

François Hollande, qui venait d'annoncer la levée à la fin du mois de l'état d'urgence lors de son interview du 14 juillet, a dû finalement décider d'une nouvelle prolongation de trois mois.

Si la décision est soutenue par l'ex-président Sarkozy, plusieurs députés de droite ont annoncé qu'ils ne la voteraient pas. Europe Ecologie-Les Verts devrait faire de même, a dit son secrétaire national David Cormand, inquiet pour les "libertés publiques".

"Quand on est en guerre on protège le territoire national. Hier (mercredi) on voulait arrêter l'état d'urgence, on se demande pourquoi et quels sont les éléments qui auraient pu expliquer l'arrêt de l'état d'urgence", a questionné l'ancien Premier ministre François Fillon.

Face à cette discorde, le Premier ministre Manuel Valls a tenté de cimenter à nouveau un "esprit du 14 juillet", en appelant à "faire bloc" en sortant du conseil de Défense convoqué en urgence à l'Elysée vendredi matin.

"On a voulu atteindre l'unité de la Nation française. Alors la seule réponse digne, responsable de la France, sera celle qui restera fidèle à l'esprit du 14 juillet, c'est à dire celui d'une France unie et rassemblée autour de ses valeurs. Et nous ferons bloc, c'est la seule exigence qui vaille aujourd'hui", a-t-il plaidé.

Quant au patron du PS, Jean-Christophe Cambadélis, il a appelé à "rester unis", jugeant "indigne de polémiquer en espérant un gain sur le dos des morts et la colère des Français".

"Les déclarations de quelques responsables politiques à droite sont scandaleuses. On a des vautours et non des hommes d État", a renchéri le député socialiste Sébastien Pietrasanta, rapporteur de la commission d'enquête sur les attentats de 2015.

Agir, oui, mais comment? Beaucoup, comme François Bayrou, reprennent l'idée portée par la commission d'enquête sur les attentats de créer une structure unique rassemblant ou coordonnant davantage les services de renseignement.

La droite devrait aussi remettre en avant l'idée de centres de rétentions pour les "fichés S", mais cette proposition présente de forts risques d'illégalité.

La boîte à idées apparaît toutefois encore bien vide, en dehors de propositions radicales comme celle du député Henri Guaino qui suggérait d'équiper les forces de sécurité en lance-roquettes. Ou celle de l'ancien ministre Frédéric Lefebvre poussant au recours à l'état de siège, c'est à dire le transfert des pouvoirs civils à l'armée.

 

À LIRE AUSSI

Image
Henri Guaino en septembre 2013.
Attentat de Nice : pour Henri Guaino "un militaire avec un lance-roquette" aurait empêché l'attentat
Le député et candidat LR à la primaire de la droite critique le faible armement des militaires chargés d'assurer la sécurité dans le cadre de l'opération Sentinelle. U...
15 juillet 2016 - 14:04
Politique
Image
Christian Estrosi en septembre 2013.
Attentat à Nice : Christian Estrosi critique l'action de François Hollande et réclame "un sursaut"
Une partie de la classe politique commence à exprimer son incompréhension face à la facilité apparente avec laquelle l'homme a perpétré son attaque à Nice. Christian E...
15 juillet 2016 - 11:39
Politique

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
ARA
Décès de ARA, Alain Renaudin, dessinateur de France-Soir
Il était avant toute chose notre ami… avant même d’être ce joyeux gribouilleur comme je l’appelais, qui avec ce talent magnifique croquait à la demande l’actualité, ou...
07 novembre 2024 - 22:25
Portraits
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.