Au lieu des"badges" pour récompenser l'engagement, les enseignants préfèrent une prime

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FranceSoir
Publié le 01 juillet 2020 - 12:31
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Open Badge
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Les open badges ont provoqué l’indignation de nombreux enseignants sur les réseaux sociaux
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Pendant les semaines de confinement, les professeurs ont dû monter en compétences de manière forcée et autodidacte pour s’adapter à l'enseignement numérique, animer des classes virtuelles et maîtriser la plateforme de l'education nationale. Cette formation accélérée sur le tas n'étant pas encadrée, ni sanctionnée par un diplôme, plusieurs Académies ont eu l'idée  de valoriser ces nouveaux acquis avec un “open badge”, une forme d'accréditation numérique qui valide une compétence, en complément des diplômes. Mais cette initiative de bonne foi a provoqué l'indignation de nombreux enseignants sur les réseaux sociaux. Une campagne sur Change.org est lancée pour revendiquer plus de moyens et pour reconnaître leur engagement et leur adaptation à l’enseignement numérique.

Qu'est-ce qu'un “Open Badge”?

Bénédicte Robert, Rectrice de l'Académie de Poitiers explique dans une vidéo qu'un badge, est un objet numérique qui permet de reconnaître, de rendre visible, un engagement professionnel particulier, un savoir-faire, une compétence.En faisant une demande motivée auprès de leur académie, les enseignants qui ont réussi à continuer leurs classes en ligne peuvent être récompensés avec ce badge. L'enseignant qui a fait sa demande reçoit un lien par courriel pour accéder à une plateforme qui permet de stocker les badges.

Pour l'Académie c'est un moyen d’encourager les professeurs à "continuer d'apprendre, tout au long de leur vie, comme les élèves, dans une dynamique de développement professionnel continu." Cependant, c'est entre autres choses le fait d'être traités comme les élèves qui a choqué certains enseignants, qui comprennent l’initiative comme une “infantilisation" de l’enseignant.

Les critiques accusent l’initiative d'être un outil ludique qui décrédibilise l'enseignant

Infantilisation, techniques de marketing-managérial… Les opposants à cette initiative ne voient pas l'intérêt des "open badges” qui seraient, selon certains, plus appropriés pour des scouts ou des joueurs du Pokémon.
Pour César P., professeur d'histoire géographie en collège, la ludification de l’enseignement ne bénéficie guère aux enseignants, car en appliquant le principe du “ludique” on priorise la forme pour perdre de vue le fond en décrédibilisant l’enseignement.
La valorisation du métier devrait aller suivre la voie de la reconnaissance des connaissances historiques, de recul, et de l’esprit critique, des capacités nécessaires pour adapter l'éducation aux besoins d’aujourd’hui.
Si le confinement a effectivement pu donner des pistes pour réflechir aux problèmes à résoudre pour développer une éducation plus adaptée à notre temps,  les badges numériques sont, au contraire, un outil de divertissement qui ne met pas en avant les vrais défis: le pragmatisme, la mise en valeur de l’aspect scientifique de leur métier et la valorisation des connaissances et de la culture.

Une pétition pour une prime informatique pour les enseignants

Certains enseignants sont particulièrement choqués par l’initiative des “open badges”, alors même qu’ils sont nombreux à demander plus de moyens techniques et financiers pour faire face à la transformation numérique de l'enseignement.
Une petition sur Change.org demande concrètement au ministre de l'Education nationale de créer une prime informatique pour les enseignants. Certains enseignants considèrent que les "open badges" ne sont pas pertinents au vu du manque de moyen informatiques, indispensables pour obtenir ces badges, justement. Si un professeur n’a pas pu faire de visio conférence pendant le confinement, il se peut que cela soit en raison d’un manque de connexion Internet, ou d'un manque de moyens, en raison des coûts associés à la consommation téléphonique et numérique plus importante. Comment assurer la continuité pédagogique dans ce cas? Selon un témoignage sur le blog d'un principal de l'éducation nationale, “aujourd'hui aussi, chaque enseignant qui entre dans la profession est libre de choisir ou non de s'équiper d'un ordinateur et d'une connexion internet (à ses frais) pour préparer ses cours.(...) La continuité pédagogique n'a tenu que parce que la quasi totalité des enseignants a pallié le manque total de matériels professionnels mis à leur disposition” …
Les enseignants voient donc dans cette campagne contre les “open badges” l'occasion pour demander “un soutien massif afin de permettre à tous de s'améliorer encore et d'offrir enfin des conditions de travail dignes de cette grande cause.”

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