Benalla, Crase et le contrat russe : les révélations de Mediapart
Lors de leur échange du 26 juillet, dont l'enregistrement sonore est dévoilé par Mediapart, Alexandre Benalla et Vincent Crase ont évoqué aussi les déboires de la société Mars (gérée par Crase et dans laquelle Benalla prétend n'avoir aucun intérêt). Alors que la justice s'intéresse à cette société qui fournir des prestations de sécurité à un homme d'affaires russe, Benalla semble avoir formenté un changement statutaire pour brouiller les pistes.
C'est l'autre principal sujet de discussion révélé par les enregistrements dévoilé par Mediapart de l'échange entre Alexandre Benalla et Vincent Crase. Les deux hommes mis en examen dans l'affaire des violences, hors de tout cadre légal, ont échangé sur la société Mars, entreprise de sécurité gérée par Vincent Crase et qui a obtenu (à l'époque où ce dernier collaborait encore ponctuellement avec l'Elysée) un contrat juteux, celui de la protection des biens immobiliers français et monégasques de l'homme d'affaires russe Iskander Makhmudov.
Si la position de Vincent Crase dans l'affaire est connue, le rôle exact d'Alexandre Benalla est plus flou. Ce dernier, interrogé par la commission d'enquête sénatoriale le 21 janvier assure n'avoir jamais contribué à la négociation entre la société de son ami et le client russe. Or Mediapart révèle, photo à l'appui, qu'Alexandre Benalla a déjà rencontré un certain Jean-Louis Hagenauer, représentant en France d'Iskander Makhmudov.
La situation de la société Mars le 26 juillet, jour de la rencontre dont l'enregistrement est diffusé par Mediapart, est délicate. L'entreprise vient de recevoir un virement de 294.000 euros de la part du client russe. Or, la banque de Mars (la Société générale) demande à voir le contrat justifiant le versement d'un fond aussi important. Et une société spécialisé dans la sécurité, la société Velours, a décidé de mettre fin à sa collaboration avec Mars, par crainte du scandale. "Velours (...), ils vont se faire enculer hein, moi je m’en bats les couilles" tonne Benalla, beaucoup moins désinvolte que lorsqu'il évoque l'affaire du 1er mai (voir ici). Une colère surprenante d'ailleurs pour un différend commercial qui n'est pas censé le concerner.
Mais Benalla a une idée pour se sortir du mauvais pas Mars: "Faut changer de portage, faut faire ce qu’on avait prévu de faire et transfére (…) Faut que tu disparaisses de la boîte", annonce-t-il à Vincent Crase. "Donc faut qu’on trouve un mec… (…) Enfin j’ai une idée en tête, mais faut qu’on mette la boîte au nom d’un autre mec… Parce que sinon (…) ils vont faire des saisies conservatoires et ils vont mettre un stop à la boîte (…)".
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La conclusion de l'affaire viendra le 16 octobre avec la création de la société France Close Protection, basée dans le 8e arrondissement de Paris (au capital social de 100 euros) et dirigée par un certain Yoann Petit, un ancien militaire proche de Benalla, et qui l'a accompagné lors de son audition devant la commission d'enquête du Sénat en septembre. Le "mec" évoqué par Alexandre Benalla selon Mediapart.
Une nouvelle société comme le moyen de changer radicalement les apparences pour éviter un scandale? Il semble que c'était là la vraie crainte d'Alexandre Benalla qui explique ainsi ses inquiétudes à Vincent Crase: "Toi t’apparais dans un truc, t’es proche du pouvoir, t’as une boîte qui te fait un virement de ce mec-là (Iskander Makhmoudov, NDLR), et ils vont nous faire un truc, ça peut être dix fois pire que ce qui se passe".
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