Bygmalion : comment l'affaire Copé est devenue une affaire Sarkozy
D'abord centrée sur Jean-François Copé, l'affaire Bygmalion a connu de multiples rebondissements et s'intéresse dorénavant directement à Nicolas Sarkozy.
> 27 février 2014, l'affaire Copé
Dans une enquête, Le Point accuse le président de l'UMP (devenue depuis Les Républicains) Jean-François Copé d'avoir favorisé la société Bygmalion, fondée par ses proches Guy Alvès et Bastien Millot. "Puissante machine de guerre au service de Copé", l'agence aurait empoché au moins huit millions d'euros durant la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012, via sa filiale événementielle Event and Cie.
"A qui ont profité les millions de Bygmalion?", demande l'hebdomadaire, alors que l'UMP est exsangue financièrement. Jean-François Copé porte plainte en diffamation, mais sera emporté par l'affaire et finira par démissionner. Le parquet de Paris ouvre une enquête.
> 26 mai 2014, la campagne Sarkozy mise en cause
L'avocat de Bygmalion, Patrick Maisonneuve, lâche une bombe pour balayer les accusations de surfacturation. Devant les journalistes réunis à son cabinet, il affirme que l'UMP a réglé des millions d'euros de fausses factures à Event and Cie: but de la manœuvre, cacher des dépenses de meetings qui auraient dû rentrer dans le compte de campagne et auraient fait exploser le plafond autorisé de 22,5 millions d'euros.
Dans la foulée, sur BFMTV, le bras droit de Jean-François Copé, Jérôme Lavrilleux, évoque une campagne qui a totalement dérapé, "un train qui filait à toute vitesse". En parallèle, des dirigeants de Bygmalion remettent une clé USB aux enquêteurs, révélant une double comptabilité. D'après les calculs de l'office anticorruption de la PJ, l'UMP a réglé 18,5 millions d'euros de fausses factures pour des événements fantômes.
L'avocat de Bygmalion Patrick Maisonneuve à Paris le 1er octobre 2014
> 1er avril 2015, Sarkozy impliqué
En garde à vue, son ex-directeur de campagne, Guillaume Lambert, prête à Nicolas Sarkozy un rôle de décideur pour ses meetings. Il raconte avoir informé le candidat des "contraintes budgétaires" posées par une note de l'expert-comptable alertant sur un risque de franchissement du plafond autorisé des dépenses. "Nicolas Sarkozy m'a demandé d'ajouter (...) de petites réunions publiques (...) à coûts bas et maîtrisés", confie-t-il, en réfutant toute fraude. De 15 à 20 meetings, la campagne est passée à 44.
Les protagonistes sont confrontés à des documents embarrassants, comme ces tableaux de suivi du budget des meetings retrouvés chez un avocat de l'UMP, Philippe Blanchetier, qui tendent à montrer que les factures ont été artificiellement minorées. Ainsi, le meeting de Marseille du 19 février 2012 coûte plus de 800.000 euros dans un document du 6 mars, mais quelque 300.000 euros dans le compte de campagne. "Je reconnais que c'est un peu exagéré", concède Philippe Blanchetier en garde à vue.
> 4 septembre 2015, Sarkozy se défend et charge Copé -
"Je n'ai ordonné aucune dépense de ma campagne. Je n'ai vu aucun devis" ni "aucun projet de budget" et "n'ai choisi aucun prestataire". Devant les policiers, l'ex-candidat est clair, il ne gérait pas l'intendance et n'a "découvert le nom de Bygmalion" qu'une fois l'affaire révélée. Il réfute tout emballement des coûts, comparant ses deux campagnes de 2007 et 2012: 48 meetings et déplacements pour la première, 67 pour la seconde. Puis il pointe Jean-François Copé: "partout où (il) est passé, il a pris Bygmalion". Et si un système de fausses factures a bien existé, "je comprends qu'il a existé entre les sociétés Bygmalion et l'UMP".
> 9 octobre 2015, Lavrilleux contre-attaque
Lors d'une confrontation, de nouvelles dépenses liées à la campagne et sans rapport avec Bygmalion sont évoquées. Soit une dizaine de millions d'euros qui figurent au budget de l'UMP en 2012 mais pas dans le compte de campagne.
Jérôme Lavrilleux lâche les coups: "il y a de très nombreuses zones d'ombre sur ces comptes de campagne". Il pointe les dépenses de transport des militants. Puis dans L'Obs: "les comptes ont débordé de tous les côtés. Il n'y a que Nicolas Sarkozy pour dire (...) que cette affaire ne concerne pas sa campagne".
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