Calais : manifestation de commerçants pour "soutenir les emplois"
Calais, où stationnent dans un bidonville de la périphérie 4.000 réfugiés désireux de passer en Grande-Bretagne, a connu un week-end de tension, avec une manifestation dimanche 24 janvier de commerçants en présence de la maire au lendemain d'une nouvelle action spectaculaire de migrants qui sont parvenus à monter sur un ferry dans le port.
Dans ce contexte crispé, la maire de Calais Natacha Bouchart et Xavier Bertrand, président de la région, membre comme elle du parti d'opposition Les Républicains, seront reçus le 3 février à Paris par le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, accompagné de la garde des Sceaux Christiane Taubira.
Sans mot d'ordre politique et évitant toute prise de position hostile aux migrants, quelque 2.000 personnes ont défilé dans le calme pour "soutenir les emplois" dans les rues de la sous-préfecture du Pas-de-Calais, régulièrement théâtre d'incidents en relation avec un vaste campement situé près de la rocade portuaire.
Dans les premiers rangs avait pris place Natacha Bouchart, qui s'était jusqu'ici tenue à l'écart de toute manifestation de rue et avait même appelé les Calaisiens à faire de même. Après l'intrusion de migrants sur le port samedi 23, elle avait à nouveau donné de la voix, demandant "solennellement au président Hollande de venir sur place à Calais pour régler les problèmes liés au camp".
Ce rassemblement était prévu avant les incidents de samedi, qui ont toutefois sans doute contribué à lui donner une ampleur inattendue. De surcroît, après le passage d'un cortège pro-migrants en ville la veille, la statue du général de Gaulle, située place d'Armes, avait été retrouvée taguée d'une inscription "Nik la France" (ainsi orthographiée), qui a suscité l'indignation, notamment chez les responsables du parti Les Républicains, à Calais et bien au-delà.
Après des prises de parole sur la place d'Armes, où une Marseillaise a été entonnée, le cortège des commerçants a défilé dans le centre-ville pendant près de deux heures derrière une grande bannière "Mon port est beau, ma ville est belle - soutenir notre ville, notre port, nos commerces et nos emplois". Aucun slogan n'a été lancé. "C'est calme, presque trop, les consignes ont été respectées à la lettre", a confié Thierry, un artisan-coiffeur.
Des dockers du port de Calais ont allumé plusieurs fumigènes au milieu d'un important dispositif des forces de l'ordre, qui ont été à plusieurs fois applaudis par les manifestants scandant "merci! merci!". Depuis leur balcon, les Calaisiens étaient assez nombreux à soutenir les manifestants.
A l'origine du défilé, le collectif des entreprises et commerçants du Calaisis, qui regroupe une centaine d’acteurs économiques locaux , a réitéré sa demande formulée mi-décembre sur la mise en place d'un moratoire sur les taxes des commerçants du Calaisis en raison d'"une forte baisse de l'activité" due à la crise migratoire.
Samedi après-midi, une autre marche avait également réuni 2.000 personnes, organisée cette fois par des collectifs de soutien aux migrants, et quelques personnalités, dont l'eurodéputée EELV Karima Delli et Philippe Poutou (NPA).
C'est après le défilé que 350 personnes, selon un communiqué du ministère de l'Intérieur, s'étaient introduites dans l'enceinte du port. Après avoir forcé un barrage, une cinquantaine avait pu s'infiltrer pour monter à bord du ferry "Spirit of Britain", en provenance de Douvres et stationné dans le port.
Bernard Cazeneuve a dit dimanche la "détermination totale du gouvernement à assurer l'ordre public à Calais", après cet événement exceptionnel qui a débouché sur 15 gardes à vue. Huit de ces manifestants, six migrants et deux militants altermondialistes de l'association No Borders, seront jugés ce lundi 25 en comparution immédiate.
"En toute impunité on laisse faire des activistes, des No borders, des gauchistes extrémistes mener la loi, utiliser la misère du monde et derrière, au niveau judiciaire, les choses ne suivent pas", a affirmé Natacha Bouchart, parlant d'"un échec du gouvernement".
Pour Xavier Bertrand, qui a parlé par téléphone avec le ministre de l'Intérieur, "la situation devient incontrôlable : il faut agir!"
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