Champigny-sur-Marne : la classe politique s'indigne, la police en colère
"Mécanique infernale", "société de violence": l'agression filmée de deux policiers durant la nuit du Nouvel An à Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne) a continué mardi de soulever l'indignation, notamment dans les rangs des forces de l'ordre, alors que l'enquête s'annonce longue.
"Comme il y a eu des vidéos sur les réseaux sociaux, on va travailler pour retrouver les agresseurs", a affirmé le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb sur Europe 1.
Les images sont devenues virales: un capitaine de police et une gardienne de la paix du commissariat de Chennevières-sur-Marne ont été roués de coups lors d'une intervention pour rétablir l'ordre à l'occasion d'une soirée organisée dans un hangar d'une zone industrielle de cette commune à l'est de Paris.
Le policier, qui a eu le nez cassé, et sa collègue, frappée au sol et souffrant de contusions au visage, se sont vu prescrire dix et sept jours d'incapacité totale de travail (ITT).
Aucune arrestation en lien avec l'agression n'a encore été effectuée. L'enquête, menée par la Sûreté territoriale, nécessite un long travail d'analyse des vidéos, a prévenu le parquet de Créteil.
Mardi, le hangar portait encore les traces des violences: un muret de briques devant l'entrée principale a été en partie détruit, et le rideau métallique d'une entrée latérale défoncé.
M. Collomb a ainsi raconté les faits: "Un groupe essaie de rentrer dans cette soirée, force les portes et, à ce moment-là, les policiers sont appelés. Ils essaient de séparer les deux groupes et le groupe agresseur se retourne contre les policiers. Deux sont séparés du reste de leurs collègues et sont frappés".
"Cette société de la violence ne saurait continuer à exister", a-t-il martelé, appelant à briser "une mécanique infernale" dans certains quartiers populaires.
Le ministre de l'Intérieur Gerard Collomb rencontre des policiers et gendarmes patrouillant les Champs Elysées avant les célébrations du Nouvel An le 31 décembre 2017 à Paris/AFP/Archives
Le ministre de l'Intérieur Gerard Collomb rencontre des policiers et gendarmes patrouillant les Champs Elysées avant les célébrations du Nouvel An le 31 décembre 2017 à Paris / AFP/Archives
Une autre agression contre un policier a eu lieu lundi en région parisienne: il a été frappé alors qu'il voulait contrôler un scooter volé à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Cinq personnes étaient en garde à vue mardi.
Les violences de Champigny ont déclenché la colère dans la profession, déjà choquée par l'attaque aux cocktails Molotov de deux policiers en octobre 2016 à Viry-Châtillon.
Une centaine de policiers se sont rassemblés mardi devant le commissariat de Champigny en soutien à leurs collègues agressés. Parmi eux, Benoît, 35 ans, "en a marre de cette haine anti-flics et de l'impunité des délinquants qui savent que le lendemain (de leur arrestation) ils seront de nouveau dehors". Pour le syndicat Alliance, à l'origine du rassemblement, il faut rétablir des peines planchers pour les agresseurs des forces de l'ordre.
Plusieurs autres rassemblements se sont tenus à Lille (50 personnes), Saint-Etienne (une quarantaine), Grenoble (une cinquantaine), Toulouse, Carcassonne et Bordeaux (avec une vingtaine de policiers à chaque fois).
"Nous souhaitons être reçus au plus haut niveau de l'Etat, comme l'avait fait le président François Hollande", a réclamé Patrice Ribeiro du syndicat Synergie-Officiers, qui souhaite qu'Emmanuel Macron "prenne des mesures".
Pour obtenir des "sanctions exemplaires" et "une prise de conscience générale", SGP-FO a annoncé des rassemblements le 9 janvier devant tous les commissariats de France.
Après une Saint-Sylvestre qui a vu huit policiers, trois militaires de l'opération Sentinelle et quatre gendarmes blessés, le Front national a estimé que le gouvernement était dans l'"incapacité totale de prendre la mesure du problème" face à "des phénomènes de guérilla urbaine".
Lundi, le président des Républicains, Laurent Wauquiez, avait exigé "des actes fermes".
Face à ce flot de réactions, le maire adjoint de Champigny-sur-Marne a jugé qu'"il ne s'agit en aucun cas de violence urbaine ou d'affrontements entre bandes, mais (de) la conséquence d'une organisation déplorable".
La soirée privée n'était autorisée ni par la mairie ni par la préfecture, qui n'en avaient pas eu connaissance.
"On attendait 200 personnes mais il y a eu beaucoup de monde qui est arrivé", a reconnu un proche du propriétaire des lieux.
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.