Charles Pasqua : mort d'une grande figure de la droite
Jeune résistant, figure emblématique de la droite, proche de Jacques Chirac avec qui il fonda le RPR, député, sénateur, député européen, deux fois ministre de l'Intérieur sous les cohabitations Mitterrand/Chirac et Mitterrand/Balladur, Charles Pasqua est mort lundi 29 juin à 88 ans.
Il a succombé à une crise cardiaque, selon sa famille, qui a précisé dans un communiqué transmis à l'hebdomadaire Le Point qu'"il s’est éteint à l’hôpital Foch de Suresnes dans les Hauts-de-Seine, où il résidait, dans ce département qu’il avait façonné par sa ferme volonté d’inscrire l’action politique en réalisations concrètes et ambitieuses".
"Il est toujours resté fidèle à son engagement gaulliste dans la Résistance contre l’occupant nazi. Pour lui, la politique était un combat au service de la France, dans la fidélité à ses compagnons, dans le respect de ses adversaires dès lors qu’ils étaient animés, comme lui, par la conviction et le courage", ont ajouté ses proches.
"Nous avons eu le privilège de connaître l’homme privé si attentif aux autres et si extraordinaire professeur d’optimisme. Tous ceux qui l’ont approché savent combien Charles Pasqua pouvait rendre les âmes fortes et savait consoler les malheurs par sa joie de vivre. Seules les offenses faites à la France et à l’honneur ternissaient son regard bienveillant face à toutes les épreuves. Il aurait souhaité en ce jour si douloureux pour nous que ses amis ne cèdent pas au chagrin mais gardent de lui une image fidèle et que, pour lui, ils perpétuent son dévouement à une certaine idée de la France", conclut le communiqué de la famille.
Né en 1927 à Grasse (Alpes-Maritimes), Charles Pasqua était entré dans la Résistance à l'âge de 15 ans. A 20 ans, il adhérait au Rassemblement du peuple français (RPR) fondé par le général de Gaulle, début d'une fidélité au gaullisme qui ne se démentira jamais et passera notamment par la création, à la fin des années 50, avec Jacques Foccart et Achille Peretti, du Service d'action civique (SAC), organisation à la limite de la légalité qualifiée souvent de "police privée" du gaullisme.
Sa carrière en politique l'amènera à soutenir Jacques Chirac (avec qui il fonda le RPR en 1976) puis Edouard Balladur (qu'il appuya lors de la présidentielle de 1995, contre Jacques Chirac), deux Premiers ministres dont il fut le ministre de l'Intérieur sous les deux cohabitations lors de la présidence de François Mitterrand, de 1986 à 1988 et de 1993 à 1995.
Il a passé la plupart de sa carrière politique dans les Hauts-de-Seine, où il fut député (1968-1973), président du Conseil général (1988-2004) et sénateur (quatre mandats entre 1977 et 2011), et où il fut le mentor de Nicolas Sarkozy. Celui-ci a salué lundi soir, dans un communiqué, "un gaulliste et un homme d'engagement et de conviction qui aura marqué de son empreinte la Ve République", ajoutant que "la France perd l'un de ses plus grands serviteurs".
Dans les années 90 Charles Pasqua avait pris des distances avec le RPR et avec Jacques Chirac et, exprimant ses idées souverainistes, il avait appelé en 1992 à voter "non" au Traité européen de Maastricht, et avait créé quelques années plus tard, en 1999, le Rassemblement pour la France (RPF) avec Philippe de Villiers. Il s'était retiré de la vie politique en 2011.
Il a également fait carrière dans les affaires, en grimpant les échelons de l'entreprise Ricard entre 1952 et 1967, date à laquelle il était n°2. Ces dernières années, il avait été inquiété par la justice pour diverses affaires politico-financières, pour lesquelles il fut relaxé six fois et condamné deux fois avec sursis.
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