Combien de Gilets jaunes samedi et pourquoi des chiffres si différents
Etaient-ils 84.000 gilets jaunes samedi 19 janvier pour l'acte 10, 147.000 ou encore 350.000? Le nombre de manifestants et les méthodes de comptage font débat. En effet, faute d'une organisation structurée du mouvement, le chiffre du ministère de l'Intérieur a été le seul disponible pendant des semaines.
Un groupe baptisé "Le Nombre jaune" recense désormais la mobilisation des manifestants. Alors que les autorités ont annoncé 84.000 gilets jaunes samedi, le groupe en a recensé 147.000, avec une méthode de comptage très différente.
"Le Nombre jaune" se base sur un système de "référents" dispersés dans les différents départements, et qui comptent "certains avec des compteurs d'autres avec des bouchons de bouteille", a expliqué l'un des fondateurs à RMC. A cette méthode "artisanale" s'ajoute la compilation des chiffres de médias locaux ou des préfectures. Le groupe défend une démarche objective et invite d'ailleurs les autres sources de chiffres comme le cabinet Occurence (spécialisé dans ce domaine et déjà sollicités par les médias pour obtenir un comptage neutre) à partager leurs informations.
Voir: Manifestations parisiennes: les médias adoptent leur propre système de comptage
Pour le président du cabinet, Assaël Adary, le système de comptage par colonne ou par individu ne peut permettre d'arriver à un chiffre réaliste et aboutit à "des marges d'erreur parfois de 300%". Ce qui pourrait expliquer un autre chiffre encore plus important, celui du sulfureux syndicat France Police-Policiers en colère, qui parle de 350.000 manifestants, via la méthode du comptage fixe et du comptage par cliché selon son secrétaire général. Une méthode classique qui arrive pourtant à des résultats n'ayant aucun rapport. "Le Nombre jaune" lui-même en doute: "Nous sommes gilets jaunes depuis le commencement, rêvons d'annoncer des samedis à 360.000 manifestants mais nous n'y sommes pas encore", écrit-il sur Facebook.
France Police dénonce une sous-évaluation de la part du ministère de l'Intérieur. Critique régulière de la part des organisateurs de manifestations mais qui n'a pas pu être démontrée au fil des années. Ainsi, Médiapart en 2010, France-Soir en 2014 ou Occurence (missionné par plusieurs médias) en 2018 ont tenté de compter les manifestants de manière impartiale. A chaque fois, les résultats ont été proches des chiffres de la police, voire inférieurs.
Il est cependant possible d'expliquer une partie de cette différence. D'abord parce que "Le Nombre jaune" recense aussi bien les défilés des grandes villes que les opérations sur les ronds-points, les péages ou autres barrages en zone rurale. Il se réfère également aux "groupes locaux de gilets jaunes", par nature partiaux, mais assure "repasser derrière".
Il faut également rappeler que les manifestations de gilets jaunes ont pendant des semaines été très désorganisées, ce qui peut entraîner une sous-estimation du nombre de manifestants si tous ne passent pas au niveau du point de comptage de la police. Assaël Adary lui-même a reconnu que la technique d'Occurence ne pouvait fonctionner à ces occasions.
Ce léger flou s'applique cependant moins à la journée de samedi 19 qui s'est démarquée par une organisation plus "classique" des manifestations, avec déclarations préalables et itinéraires définis.
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