Commémoration du 11 Novembre : l'échec du plan com' de Macron
L'affaire Benalla a gâché son été, le prix des carburants et la polémique sur Pétain ont gâché sa semaine de commémorations du 11 novembre. Emmanuel Macron avait pourtant longuement préparé son itinérance mémorielle d'une semaine dédiée au Poilus, à ces Français qui ont fait face au pire et ont tenu. L'objectif était d'occuper le terrain médiatique et reprendre la main sur la narration de son quinquennat, déjà sérieusement mis à mal. C'est raté.
La fronde contre le prix de l'essence est ainsi passée par là, le mouvement du "17 novembre" prenant une ampleur inattendue. Avec une différence sensible sur la facture au moment de faire le plein, la "France périphérique" qui accusait déjà le président de lui préférer les grandes aires urbaines a été frappée au portefeuille. Et s'il faut relativiser la hausse (tout compris, faire 100 kilomètres ne revient pas beaucoup plus cher qu'il y a 40 ans), l'effet sur la population n'en est pas moins bien réel.
Résultat, Emmanuel Macron doit faire face à des opposants bruyants et motivés, qui attirent l'attention des caméras et qui lui font face jusque sur les chemins de mémoire. L'image d'un chef de l'Etat au-dessus de la mêlée et en même temps "au front", rendant hommage aux morts pour la France, est remplacée par celle d'un simple homme politique se débattant dans la tourmente.
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Une image encore renforcée par la polémique sur l'hommage à Pétain. Mettant ses pas dans ceux de De Gaulle, Mitterrand, Chirac ou Sarkozy, Emmanuel Macron a jugé légitime de saluer la mémoire d'un homme qui a été "un grand soldat" et artisan de la victoire de Verdun pendant la Première Guerre mondiale, tout en soulignant ses "choix funestes" durant la Seconde Guerre mondiale.
On peut regretter la formule qui paraît minimiser les horreurs dont est responsable Philippe Pétain, au premier rang desquelles la collaboration active dans la déportation des Juifs de France vers les camps de la mort nazis. Il n'en reste que la ligne générale exprimée par Emmanuel Macron n'est ni neuve, ni exceptionnelle. La question mérite d'être posée, le débat mené, mais pas dans ces termes.
Car là encore, le chef de l'Etat a semblé débordé par l'ampleur qu'a pris sa déclaration. Immédiatement attaqué par l'opposition (de Mélenchon à Briois en passant par Hollande), le président a capitulé: dans la foulée, l'Elysée -et non Emmanuel Macron donc- a fait savoir que Pétain ne sera "pas honoré" lors de la cérémonie dédiée aux maréchaux de la Grande Guerre, le 10 novembre aux Invalides.
A l'arrivée, après déjà cinq jours de pérégrinations sur les traces des Poilus, l'image offerte par Emmanuel Macron est désastreuse. Point de héros victorieux ici mais bien un chef de l'Etat qui dépose les armes, un président balloté par ses concitoyens.
Il faut dire que le plan conçu par les communicants de l'Elysée était osé. S'imaginer occuper toute une semaine le terrain médiatique? Pour le moins naïf tant l'immédiateté prévaut dans la presse et sur les ondes, fuyant tout plan com' de si longue haleine. C'était pourtant une des leçons de la Grande Guerre: l'offensive à outrance est souvent plus épuisante qu'efficace.
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