Débat de la primaire à droite : terne, crispé et technique avant un premier tour incertain
Comme lors du premier débat, les affaires ont fourni le temps fort de cet échange diffusé sur France 2 et Europe 1. Visiblement ulcéré, Nicolas Sarkozy s'en est pris au journaliste David Pujadas qui l'interrogeait sur les accusations de l'homme d'affaires franco-libanais Ziad Takieddine sur un possible financement libyen de la campagne présidentielle de 2007.
"Quelle indignité! (...) Vous n'avez pas honte de donner écho à un homme qui a fait de la prison, qui a été condamné à d'innombrables reprises pour diffamation et qui est un menteur ? Ce n'est pas l'idée que je me faisais du service public. C'est une honte", a répliqué l'ancien président.
Jean-Pierre Elkabbach, Nathalie Saint-Cricq et Hervé Favre sont les journalistes sur le plateau de France 2, à Paris le 17 novembre 2016 Après ses déclarations au site Mediapart, M. Takieddine a "confirmé" devant les enquêteurs avoir remis des valises d'espèces à M. Sarkozy et son camp, sans toutefois pouvoir prouver que l'argent était destiné au financement de la campagne.
Autre signe de la nervosité ambiante: Bruno Le Maire a vivement répliqué à un trait du journaliste Jean-Pierre Elkabbach sur sa campagne en perte de vitesse: "Je suis candidat à la primaire, ça mérite tout simplement le respect de votre part".
M. Le Maire s'est également démarqué à propos de la candidature à l'Elysée d'Emmanuel Macron, preuve à ses yeux de la nécessité d'un "renouveau" qu'il essaie d'incarner à droite. M. Macron est avant tout "un problème pour la gauche", a assuré Alain Juppé, dont l'électorat centriste pourrait pourtant être tenté par les propositions de l'ancien ministre.
"On a fait vingt minutes dans le dernier débat sur François Bayrou. Peut-être qu'on peut éviter de faire 20 minutes de débats sur Macron et passer à autre chose", a tenté d'abréger Nathalie Kosciusko-Morizet, attentive à n'épargner aucun de ses concurrents.
Pour le reste, le débat fut plutôt convenu, les thématiques s'égrenant les unes après les autres. Les candidats ont notamment débattu de l'avenir de l'Europe.
De menues divergences sont apparues au sujet de l'élection de Donald Trump à la Maison-Blanche: François Fillon a jugé "ridicule" d'en tirer des "conséquences" pour la France. "Fera-t-il après l'élection ce qu'il avait annoncé ? C'est une question que nous devrions nous poser en France aussi", a en revanche lancé Alain Juppé, visant sans les nommer MM. Fillon et Sarkozy.
"Quand on n'écoute pas les peuples, les peuples se vengent", a averti Bruno Le Maire, tandis que Jean-François Copé en a simplement profité pour attaquer une nouvelle fois le bilan Sarkozy-Fillon. Pour Jean-Frédéric Poisson, le scrutin américain montre que "les frontières, ça a du sens" et que "le choc migratoire doit être pris en compte".
Les candidats ont également abordé le dossier syrien. "Bachar al-Assad ne représentera jamais à mes yeux - ou alors on n'est plus des humanistes - l'avenir de la Syrie", a réaffirmé M. Sarkozy. Mais "en cas de chute de régime", les chrétiens d'Orient auront le choix entre "la valise ou le cercueil", a fait valoir M. Fillon.
A trois jours du premier tour, ce troisième exercice était présenté comme décisif. En tête dans les enquêtes d'opinion depuis deux ans, Alain Juppé semble désormais en perte de vitesse et François Fillon en nette progression, selon plusieurs études concordantes.
Selon un sondage Ifop Fiducial diffusé jeudi, Alain Juppé et Nicolas Sarkozy sont désormais au coude à coude au premier tour (31% contre 31%) devant François Fillon qui progresse fortement (27%, +7). Au second tour, Nicolas Sarkozy serait battu aussi bien par Alain Juppé que par François Fillon. Ces deux derniers seraient en revanche à égalité 50/50 en cas de duel.
M. Sarkozy garde cependant l'avantage auprès des proches des Républicains (41% au premier tour) et François Fillon (29%) y devance désormais Alain Juppé (24%).
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