"Des réacteurs nucléaires vont être fermés" a réaffirmé Edouard Philippe, mais à quel prix ?
Le démantèlement des centrales est à nouveau au centre des discussions suite aux propos du Premier ministre Edouard Philippe qui a affirmé, lors de L'Emission politique jeudi 28 au soir, que plusieurs réacteurs allaient fermer à l'horizon 2025. Mais aussi suite à la demande, jeudi toujours, de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) de mettre temporairement à l'arrêt les quatre réacteurs de la centrale nucléaire de Tricastin (Drôme). En cause: un risque de rupture d'une partie de la digue du canal de Donzère-Mondragon.
Si la nouvelle ne semble pas avoir ravi EDF, les défenseurs de l'environnement espèrent que cette annonce mènera peut-être dans un futur plus ou moins proche à l'arrêt total de toutes les centrales nucléaires. Mais ce chantier, au centre des débats depuis plusieurs années, s'avère pharaonique. Tant au niveau de sa faisabilité qu'en terme de coût.
Dans un premier temps, il est important de distinguer deux parcs. Le premier, l'ancien, est composé de neuf réacteurs, lesquels ne servent plus à produire de l'énergie ou de l'électricité. Seulement voilà: "alors que les derniers réacteurs ont été arrêtés il y a plus de 30 ans, aucun n'a été démantelé à l'instar de Brennilis. Le problème en France, c'est qu'on a construit des réacteurs sans se poser la question de comment on ferait pour les enlever", déplore Barbara Romagnan, auteure d'un récent rapport parlementaire sur le sujet contactée par FranceSoir. Le deuxième, que d'aucuns appellent "parc vivant", recense 58 réacteurs qui sont faits sur le même modèle. Et, a priori, s'il n'y aurait "aucune raison de penser qu'EDF ne pourra pas les démanteler. Il y a quand même lieu de s'inquiéter d'autant que c'est une entreprise qui ment assez régulièrement ou a minima, qui cache les informations", ajoute l'ex-députée PS.
Le second obstacle au démantèlement concerne le coût des travaux qu'EDF aurait "sous-évalué". Pour produire une estimation, l'entreprise aurait pris un réacteur-type et aurait conclu qu'il faudrait débourser aux alentours de 60 milliards d'euros pour tous les retirer. "A mon sens, il y a deux problèmes, le premier c'est que tous ne se ressemblent pas et tous n'ont pas eu les mêmes aventures et mésaventures", souligne Barbara Romagnan. De plus, l'entreprise n'aurait pas pris en compte certains éléments comme "la remise en état des sols ou encore certaines taxes".
Quant aux déchets radioactifs, qui ont une durée de vie très longue, que deviendront-ils si un démantèlement des centrales a bel et bien lieu? "Enfouir les déchets, ça ne nous préserve de rien du tout. Il n'y a aucune garantie qu'il n'y ait aucune conséquence. Il y a des choses contre lesquelles on ne se prémunit pas car on ne prévoit pas que cela peut arriver".
Démanteler sera donc compliqué et coûteux. Tout comme gérer les futurs déchets (qui ne se limitent pas au minerai radioactif), mais cela s'avère indispensable pour Barbara Romagnan. Pour elle, EDF doit prendre en compte les risques de garder ces centrales en activité car "un accident comme Fukushima est possible en France". Puis de conclure: "le simple fait que ce soit possible est délirant".
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