Denis Baupin : une enquête préliminaire ouverte
Le parquet de Paris a ouvert ce mardi 10 une enquête préliminaire sur les accusations d'agressions sexuelles visant Denis Baupin, la majorité s'en remettant à la justice alors que des politiques de tous bords demandent la "fin de l'impunité" pour ce type d'agissements.
L'avocat du député écologiste a annoncé de son côté que M. Baupin, 53 ans, déposait plainte pour "diffamation" contre Mediapart et France Inter qui ont dévoilé cette affaire. "On parle de faits qui sont d'une extrême gravité. Et si ces faits sont avérés, il faut que ça soit réglé devant la justice. Et si ces faits ne sont pas avérés, il faut aussi que ce soit réglé devant la justice", a déclaré mardi sur France Info Emmanuelle Cosse, épouse de M. Baupin et par ailleurs ministre du Logement.
Les "allégations" parues dans la presse portent "sur des faits susceptibles d'être qualifiés d'agressions sexuelles, harcèlements sexuels, appels téléphoniques malveillants", a expliqué mardi le parquet dans un communiqué, rappelant qu'à ce stade, "aucune plainte relative à ces faits n'a été reçue au parquet". "L'enquête va s'attacher à recueillir les témoignages des victimes présumées", a-t-on encore précisé.
L'épouse du député écologiste mis en cause la veille par huit femmes pour harcèlement et agression sexuelle a pris la parole mardi matin, respectant une invitation préalable à la révélation des accusations visant son mari, le député Denis Baupin. Elle a précisé avoir "appris" lundi ces accusations. "J'ai été très touchée en tant que femme, en tant que compagne, en tant que mère et aussi en tant que ministre", a-t-elle déclaré.
La ministre de la Santé Marisol Touraine lui a exprimé son soutien "à titre personnel", estimant sur RTL que "ce qu'elle vit est d'une très grande violence". "Il faut être attentif à ce que les choses soient dites clairement devant un juge et que ça ne soit pas simplement de la polémique politique", a insisté la ministre des Outre-mer George Pau-Langevin sur Sud-Radio/Public Sénat .Toutes trois ont exprimé leur "intransigeance" ou leur "fermeté" sur la question des violences faites aux femmes.
Dès lundi, alors que les faits décrits sont prescrits, des appels avaient été lancés pour que des victimes sortent du silence. Au lendemain d'une journée entière où l'éventuelle innocence du député écologiste n'avait été évoquée que par lui-même, le patron des députés PS à l'Assemblée, Bruno Le Roux est également venu à la rescousse.
"Il ne peut y avoir sur ce type d'affaire aucune faiblesse, ce sont des faits d'une gravité exceptionnelle et donc c'est à la justice de les instruire et de les juger aujourd'hui", a-t-il déclaré au micro de Radio classique.
Même le président du groupe LR Christian Jacob s'est dit sur Europe-1 "prudent". "On se trouve encore dans cette situation où le procès médiatique a lieu avant celui de la justice. Et ça c'est toujours un point qui me choque", a-t-il estimé. Mais déjà les révélations d'une enquête au long cours de France Inter et Médiapart ont dépassé les faits crus rapportés pour devenir le procès du harcèlement sexuel et du sexisme en politique.
"Des centaines d'ouvrages décrivent les mécanismes qui conduisent les femmes à +s'adapter+ à la situation plutôt qu'à la dénoncer", assure le collectif "Levons l'omerta" dans une tribune publiée dans Libération, signée par de nombreux politiques (Roselyne Bachelot, Julien Bayou, Chantal Jouanno, Fanélie Carey-Conte, entre autres) et qui interpelle les responsables de partis politiques.
Pour ce collectif, "le silence des politiques révèle avec force l'impunité, l'absence trop souvent de mesures internes dans les partis et au-delà, la difficulté même de reconnaître que ça existe - même si mezza voce, c'est connu de tous".
"Il y a quelque chose qui me choque: depuis hier, on a des femmes qui dénoncent des faits de harcèlement et ça se retourne en mise en accusation des femmes", a renchéri la députée Les Républicains Nathalie Kosciusko-Morizet sur RMC et BFMTV.
Quant à la décision de Denis Baupin de démissionner de la vice-présidence de l'Assemblée, elle doit s'accompagner selon plusieurs politiques d'un abandon pur et simple de son siège de député. D'autant plus que la justice s'est désormais saisie de l'affaire.
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