EELV refuse tout accord avec le PS pour les législatives de 2017
Mal en point et contraint de "choisir entre le déclin ou le sursaut", Europe Écologie-Les Verts refuse tout accord avec le PS en vue des législatives de 2017, jugeant que celui conclu en 2012 avait été "déchiré le lendemain" de l'élection de François Hollande. "Nous voulons l'autonomie, l'indépendance, il n'y aura pas d'accord législatif", explique David Cormand, qui a succédé en catastrophe le 11 février à Emmanuelle Cosse, partie au gouvernement contre l'avis du parti qu'elle dirigeait depuis 2013.
Mme Cosse, qui assistait lundi 25 au soir au meeting de soutien à François Hollande, est venue s'ajouter à la longue liste de départs de responsables et de parlementaires EELV depuis le refus de Cécile Duflot et Pascal Canfin d'intégrer le gouvernement de Manuel Valls en 2014. Dernière défection en date, après celles de François de Rugy, Barbara Pompili et Jean-Vincent Placé: celle du vice-président de l'Assemblée Denis Baupin. Mais avec le PS et François Hollande, "je ne vois pas comment on peut construire un projet commun, vu ce qu'ils ont mis en œuvre" depuis 2012, poursuit David Cormand. "Je ne signe pas de contrat avec un parti qui en a signé un et l'a déchiré le lendemain", prévient-il.
Le ton est donné: à l'occasion de son congrès en deux étapes les 28 mai et 11 juin, EELV devrait revenir à l'indépendance complète, comme l'écologie politique l'a régulièrement fait depuis le milieu des années 80, voire acter la présentation d'un candidat pour la présidentielle. M. Cormand n'a pas caché son intérêt pour une candidature de Nicolas Hulot ou de Cécile Duflot. Trois motions sur cinq rédigées pour ce Congrès s'opposent à tout accord électoral avec le PS. Une n'en parle pas et une autre, signée par le sénateur Ronan Dantec, enjoint les militants à assumer "pleinement (la) volonté de conduire l'action publique sur la base de contrats fermement négociés à partir de rapports de force électoraux".
Quatre ans après la victoire de la gauche, les groupes parlementaires écologistes, permis par l'accord de 2011 avec le PS, ont explosé même s'ils existent encore sur le papier. Plusieurs transfuges d'EELV ont même créé un nouveau parti concurrent, proche du PS et du gouvernement, l'Union des démocrates et des écologistes. "On a voulu institutionnaliser à tout crin, il nous fallait des groupes parlementaires, mais les individus ont pris le dessus sur les objectifs", analyse Sandrine Rousseau, porte-parole du parti mais qui a signé une motion distincte de celle de David Cormand.
Elle espère que la prochaine direction d'EELV saura "tenir une ligne forte excluant le PS". Elle prend comme exemple la récente législative en Loire-Atlantique, où le parti écologiste a réalisé 17,05% des suffrages au premier tour, loin devant le Front national (11,3%). "On est le seul parti de gauche qui gagne des voix" dans ce scrutin, remarque Sandrine Rousseau, en rappelant que sur place, les écologistes n'ont "jamais lâché sur l'opposition à Notre-Dame-des-Landes". EELV n'avait pas donné de consigne de vote pour le second tour remporté par la socialiste Karine Daniel.
Une stratégie fustigée par le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis, pour qui, "si le cours actuel des écologistes, c'est soit la gauchisation ou l'extrême gauche, soit le ni droite-ni gauche, ils vont quitter l'espace public". Candidat à la tête du parti, David Cormand veut présenter aux législatives de 2017 "des candidats partout". Mais reconnaît que le parti étudie la carte électorale pour "cibler et concentrer les efforts sur des circonscriptions où on est en capacité de faire de bons scores". "EELV est aujourd'hui dans une période de doute (...), on sort de quatre ans très compliqués dans notre rapport au pouvoir, au gouvernement, au PS donc il y a la tentation d'une zone de confort: mieux vaut aller à l'échec tout seul mais sur notre base identitaire", décrypte Yannick Jadot, député européen et dernier des cofondateurs d'Europe Écologie-Les Verts encore adhérent.
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