Elections départementales : c'est quoi le troisième tour ?
Les départementales sont parmi les rares élections pour lesquelles l'expression "troisième tour" revient avec insistance. En effet, si les électeurs sont appelés à voter lors des deux premiers tours (les 22 et 29 mars cette année) pour élire leurs conseillers départementaux, ce sont ces derniers qui désignent le président du conseil départemental ainsi que la commission permanente (composée de 4 à 15 vice-présidents). Anecdotique? Pas tout à fait.
La loi précise que le président du conseil départemental doit être élu à la majorité absolue et en présence d'au moins deux tiers des membres. C'est le troisième tour. Un troisième tour qui peut lui-même avoir plusieurs tours… Concrètement, si aucun candidat à la présidence ne réunit de majorité, un nouveau vote a lieu, puis un troisième si besoin. C'est toutefois le dernier recours, puisque dans ce cas la loi prévoit que le président puisse alors être élu à la majorité relative.
Compte tenu du nouveau "tripartisme" entre Parti socialiste, UMP et Front national, il est probable que de plus en plus de conseils départementaux soient exposés à ce cas de figure avec des assemblées partagées entre les trois partis sans qu'aucun n'ait de majorité nette. Notamment dans les départements du Nord et du Sud-Est, où le parti de Marine Le Pen est crédité par les sondages de bons scores.
Or si un président peut-être élu avec une majorité relative, les délibérations du conseil, elles, doivent être votées à la majorité absolue… Ainsi, sous peine de voir les départements bloqués de l'intérieur pour six ans, la durée des mandats, des alliances devront bien être formées. UMP et PS arriveront-ils à s'entendre au cas par cas? Certains élus du parti de Nicolas Sarkozy ne seront-ils pas plutôt tentés par des rapprochements avec le FN comme cela s'est déjà vu? Dans un certain nombre de cantons, le troisième tour s'annonce aussi chaud que les élections elles-mêmes.
Nicolas Sarkozy l'a clamé haut et fort: "tout responsable UMP qui conclura un accord avec le FN sera immédiatement exclu". Soit, mais c'est oublier la porosité entre son électorat et celui du parti frontiste, démontré notamment lors de la législative partielle du Doubs où une large part des électeurs UMP du premier tour s'étaient rabattus vers le FN au second, sans tenir compte de la consigne du "ni-ni".
Marine Le Pen, quant à elle, se voit déjà en arbitre. Elle a ainsi annoncé il y a déjà plusieurs semaines que son parti allait proposer une "plateforme" rassemblant quelques points primordiaux pour le FN et qui servirait de base à des alliances locales. "Nous parlerons à des élus individuellement", a également prévenu le secrétaire général du parti Nicolas Bay, qui parie visiblement sur les ambitions personnelles de quelques-uns, à droite comme à gauche, pour arriver à faire pencher la balance.
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