Enseignement : l'"exode" vers le privé rouvre le débat avant la présidentielle

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 02 février 2017 - 14:31
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Des enfants rentrent à l'école.
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©Charles Platiau/Reuters
La proportion d'enfants scolarisés dans les écoles maternelles et élémentaires privées a augmenté à 13,7% cette année.
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La part dans les écoles maternelles et primaires privées continue d'augmenter cette année. Une situation qui remet à l'ordre du jour le débat entre l'enseignement public et privé, cristallisé par les propositions des différents candidats à la présidentielle.

Largement réformé lors du dernier quinquennat, l'Education est aussi un enjeu de la prochaine élection présidentielle.

A la rentrée 2016, les écoles et collèges privés ont enregistré une hausse de leurs effectifs. "Exode" ou "épiphénomène"? Si opposition et gouvernement se défendent de vouloir rallumer la guerre scolaire, le modus vivendi tangue à l'approche des élections.

Dans une note de décembre, le ministère de l'Education nationale révélait que la proportion d'enfants scolarisés dans les écoles maternelles et élémentaires privées (sous et hors contrat) avait augmenté à 13,7% cette année, contre 13,5% en 2015/2016.

Au collège, les établissements publics ont perdu 9.900 élèves tandis que le privé en a accueilli 6.400 supplémentaires. La part du privé s'est élevée à 21,5%, contre 21,3% l'année précédente. Pour la seule classe de sixième, la proportion monte à 22,2%.

"Ce n'est plus une fuite, c'est un exode!", affirmait le député Les Républicains (LR) Patrick Hetzel lors des question au gouvernement du 11 janvier.

François Fillon "veut faire sauter le verrou des 20% d'enseignement privé (...), instaurer un grand marché concurrentiel de l'éducation dans lequel ce seront toujours les familles qui ont les moyens de payer qui s'en sortiront le mieux", a contre-attaqué la ministre de l'Education Najat Vallaud-Belkacem.

Les établissements catholiques sous contrat représentent la quasi totalité du privé. Depuis une trentaine d'années, ses collèges et lycées scolarisent un peu moins de 20% des élèves et le public 80%, un ratio "20/80" devenu un équilibre tacite.

"L'idée n'est pas de remettre en cause l'équilibre car cela fait partie des chiffons rouges et nous ne cherchons pas la provocation", assure à l'AFP la députée Annie Genevard, membre du groupe éducation de l'équipe de campagne de François Fillon.

"Mais on ne peut pas ignorer que le privé attire et cela veut dire quelque chose." Elle évoque la possibilité de "réfléchir aux modalités d'aide aux établissements privés, y compris hors contrat, qui remplissent une mission éducative dans des secteurs à besoins particuliers", comme les territoires ruraux ou les banlieues sensibles, "pourvu qu'ils respectent les valeurs de la République et les programmes".

Les écoles hors contrat ne sont pas tenues de respecter les programmes et ne bénéficient d'aucune aide de l'Etat.

"Même sans donner de sous, si vous aviez un ministre de l'Education qui dit tous les jours que les écoles d'Espérance banlieues", privées hors contrat, "sont formidables, cela leur donnerait une caution énorme", note un connaisseur du dossier.

Le Front national ne compte pas bousculer le ratio 20/80, mais "veut redresser l'école, publique ou sous contrat", déclare Alain Avello, cofondateur du collectif Racine. Le parti d'extrême droite a abandonné sa proposition de "chèque éducation" versé aux parents pour financer la scolarité de leur enfant où ils veulent.

Le privé sous contrat bénéficie de financements publics pour ses dépenses de fonctionnement (salaires des profs, entretien des bâtiments...) "dans les mêmes conditions" que pour le public, stipule la célèbre loi Debré de 1959, qui régit les rapports entre Etat et enseignement privé.

Mais l'Etat ne prend pas tout en charge, contre-partie au fait que le privé choisit ses élèves, alors que le public doit accepter tous les enfants.

Caroline Saliou, présidente de l'Association des parents de l'enseignement libre (Apel), milite en faveur de moyens supplémentaires pour l'ouverture d'écoles privées sous contrat dans les quartiers défavorisés, où elles possèdent peu de bâtiments, pour des raisons historiques, contrairement aux centre-villes et campagnes. "Nous ne pouvons pas remplir notre première mission, qui est l'accueil de tous, car nous n'en avons pas les moyens" malgré les demandes des familles, dit-elle.

Pour Christian Chevalier, secrétaire général du SE-Unsa, un syndicat d'enseignants dit réformiste, "il est difficile de dire si la hausse des inscriptions dans le privé cette année est un épiphénomène ou si elle durera". Il juge peu probable une forte poussée des créations de postes dans le privé, aux dépens du public, si la droite arrive au pouvoir en mai. "On entrerait dans une zone de turbulences." "C'est comme la guerre des tranchées. Les positions sont figées mais de temps en temps on sort et on prend un bastion", estime le syndicaliste. "Sans jamais aller bien loin."

 

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