"Envoyé spécial" : 8 millions d'euros détournés par 117 sénateurs de droite (dont François Fillon)
Le Parquet national financier enquête depuis 2014 sur une vaste affaire de détournements de fonds présumés, perpétrés par des sénateurs UMP entre 2002 et 2014. L'émission Envoyé spécial diffusée jeudi 12 a recueilli les propos de deux témoins clés de l'enquête.
Michel Talgorn, chargé des comptes du groupe, et François Thual, ancien conseiller du président de la chambre haute Gérard Larcher, tout deux mis en examen en 2016, ont accepté de parler dans le programme de France 2 .
Selon eux, 117 sénateurs auraient détourné de l'argent grâce à un montage financier assez complexe. Grâce à une association, l'Union républicaine du Sénat (URS), certains membres de l'UMP détournaient l'argent destiné à leurs assistants parlementaires. Les sénateurs ont un crédit de 7.600 euros pour rémunérer des collaborateurs mais un bon nombre d'entre eux ne voyaient pas le "besoin de recruter trois ou cinq assistants", selon Michel Talgorn. Ces élus reversaient alors l'argent à l'URS mais pas pour longtemps puisqu'une partie de ces sommes, "les chocolats du Sénat", leur revenait ensuite.
"J'ai été amené à rédiger des chèques, une dizaine de milliers de chèques, 10.000 à 12.000, ça va très vite, compte tenu des effectifs. (...) Je les rédigeais mais je ne les signais pas, je les faisais signer (au trésorier ou au président du groupe) et ensuite je les faisais expédier ou les remettais en personne", a confié l'homme chargé des comptes du groupe UMP au Sénat.
Parmi les sénateurs qui auraient bénéficié de ce montage financier juteux, un certain François Fillon. D'après les documents qu'ont pu se procurer les journalistes d'Envoyé spécial, son nom apparait en effet: le sénateur de la Sarthe aurait touché près de 21.000 euros entre le jour de son élection en 2005 et sa nomination au poste de Premier ministre, soit un peu plus de 18 mois.
Bruno Retailleau, directeur de la campagne de François Fillon et actuel président du groupe LR au Sénat, aurait lui aussi participé et profité de ce détournement tout comme Henri de Raincourt, ancien sénateur de l'Yonne et président de l'URS, ou encore Jean-Claude Gaudin le maire de Marseille dont il a été le sénateur.
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