Etat d'urgence : la prolongation votée largement mais sans unité

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 20 juillet 2016 - 09:46
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L'Assemblée nationale remplie.
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©Gonzalo Fuentes/Reuters
L'Assemblée nationale a voté la prolongation de l'état d'urgence par 489 voix contre 26.
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L'Assemblée nationale a voté presque à l'unanimité mercredi la prorogation de l'état d'urgence pour une durée de six mois. Ce qui ne masque pas les profondes divisions qui demeurent entre la majorité présidentielle et une opposition qui demande un durcissement des mesures contre le terrorisme.

Près d'une semaine après l'attentat de Nice, et à la suite du vote nocturne massif de l'Assemblée, le Sénat doit voter à son tour ce mercredi 20 une prolongation de l'état d'urgence pour six mois, dans un climat toujours à vif.

Peu avant 5h, au terme d'un examen marathon depuis la veille au soir, les députés ont massivement adopté, par 489 voix contre 26, et 4 abstentions, ce quatrième projet de loi de prorogation, dans un hémicycle bien plus garni que d'ordinaire. Les contestataires, quasiment tous à gauche (Front de gauche, des écologistes et des frondeurs PS), se situent au même étiage que lors des dernières fois.

Mais cet unanimisme au moment du vote global masque de profondes divergences droite-gauche notamment sur le placement du curseur des réponses au terrorisme. Alors que Les Républicains ont encore réclamé de "changer le droit", le Premier ministre a rejeté toute "législation d'exception", notamment des centres de rétention pour les personnes suspectes.

Le Sénat débattra à 17h de cette prolongation jusqu'à fin janvier de ce régime d'exception, en vigueur depuis les attentats du 13 novembre.

Une prolongation de trois mois avait été décidée par François Hollande quelques heures après l'attaque au camion, revendiquée par l'organisation Etat islamique, ayant fait 84 morts et 300 blessés le 14 juillet à Nice sur la Promenade des Anglais.

La chambre haute, à majorité de droite, va chercher à muscler le texte voté par les députés, qui prévoit désormais une prolongation de six mois de l'état d'urgence, ce que réclamait une partie de l'opposition et ce à quoi le président de la République s'était dit ouvert.

Le projet de loi issu de l'Assemblée rétablit aussi les perquisitions administratives suspendues en mai, et prévoit la saisie et l'exploitation des données informatiques et des téléphones portables, mais Les Républicains (LR) veulent bien plus.

Le texte ayant peu de chances d'être adopté dans les mêmes termes au Sénat, une Commission mixte paritaire députés-sénateurs devra se réunir, peut-être dès ce mercredi soir. En cas d'échec, le projet de loi pourrait n'être adopté définitivement que vendredi 21.

Depuis l'attentat de Nice, troisième attaque meurtrière massive en 18 mois, le pays est marqué par l'émotion mais aussi la tension, avec un raidissement de la classe politique à l'approche d'échéances électorales internes à la droite puis nationales.

Alors que des élus LR mais aussi d'extrême droite ont encore fait le procès d'un exécutif n'ayant pas fait à leurs yeux tout le nécessaire pour protéger les Français de "la barbarie" due à "l'islam radical", Manuel Valls a affirmé mardi soir devant les députés qu'il fallait "plus que jamais faire bloc" car "les populismes rôdent".

"Que cherche le terrorisme ? Il cherche à nous diviser, à nous séparer, à nous opposer, à susciter la haine, la suspicion, la querelle, la vindicte", avait dit plus tôt François Hollande, à Lisbonne. Le chef de l'Etat a appelé les Français à "vivre" et ne pas "mettre un genou à terre", le jour où la Promenade des Anglais a totalement rouvert à la circulation, après trois jours de deuil national.

 Mais à neuf mois de la présidentielle, plusieurs élus de tous bords se sont dits inquiets du climat dans le pays, certains évoquant des "risques d'explosion sociale" voire de "guerre civile" dans une "France à bout de nerfs" et qui "a peur".

Après une fin de commission à l'Assemblée partie en vrille entre LR et PS, la discussion dans l'hémicycle a été souvent tendue. Elle a frôlé l'incident autour de propos de Laurent Wauquiez sur le sort à réserver aux "ennemis de la République" dénoncés par Manuel Valls comme une "stratégie" s'écartant de "la droite républicaine". "Ceux qui promettent qu'on peut tout régler d'un coup de baguette magique mentent aux Français", avait lancé plus tôt le Premier ministre, allusion aux déclarations de certains à droite.

M. Hollande pourrait répondre à l'opposition lors d'un déplacement mercredi matin en Dordogne pour rencontrer de jeunes réservistes de la gendarmerie. Il prononcera un discours à 11h30 sur la réserve opérationnelle, mais qui devrait avoir aussi une portée "plus large", selon l'Elysée.

Côté enquête, la totalité des 84 victimes tuées dans l'attentat ont été formellement identifiées. Près de la moitié sont de nationalité étrangère et une "trentaine" étaient de confession musulmane, selon des estimations des imams niçois. Olfa, Killian, Rachel... Les obsèques des victimes à travers la France devraient se poursuivre mercredi et toute la semaine.

Cinq personnes étaient toujours en garde à vue mardi soir, un homme de 35 ans ayant été relâché. Aucun n'était connu des services de renseignement, de même que le tueur au camion, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel. Son allégeance au groupe Etat islamique (EI), qui a revendiqué l'attentat, n'est pas démontrée à ce stade.

Manuel Valls a mis en garde mardi contre le risque d'attaques coordonnées, "mais aussi d'attaques menées par des individus autonomes, qui accèdent aux outils idéologiques de Daech", une "troisième génération" de djihadistes qui rend l'action du renseignement et des forces de sécurité "particulièrement difficile".

 

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