Etat d'urgence : le Parlement s'apprête à voter sa prolongation jusque fin mai

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 16 février 2016 - 08:48
Image
Les députés dans l'hémicycle.
Crédits
©François Guillaut/AFP
Le gouvernement justifie le maintien de l'état d'urgence par un "péril imminent" qui demeure.
©François Guillaut/AFP
L'état d'urgence devrait à nouveau être prolongé par un vote de l'Assemblée nationale, ce mardi. Pour justifier cette nouvelle prolongation, Manuel Valls a déclaré que "c'est une certitude" qu'il y aura d'autres attentats "d'ampleur" en Europe, tandis que les opposants dénoncent "la sécurité (qui) prime (sur) les libertés".

Le Parlement s'apprête ce mardi 16, par un vote de l'Assemblée, à entériner la prolongation jusqu'à fin mai de l'état d'urgence instauré après les attentats de novembre, malgré des critiques sur des abus, alors que la menace terroriste est au plus haut selon le gouvernement.

Après les sénateurs mardi dernier (par 316 voix contre 28), c'est au tour des députés, en présence du ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, d'approuver l'application jusqu'au 26 mai de ce régime d'exception issu d'une loi de 1955. Il a permis à ce jour plus de 3.000 perquisitions administratives, 400 assignations à résidence, et un attentat a été déjoué grâce à une telle perquisition. Manuel Valls sera dans la matinée devant les députés socialistes pour évoquer son nouveau gouvernement, mais aussi ce vote qui aura lieu en fin de journée.

"C'est une certitude" qu'il y aura d'autres attentats "d'ampleur" en Europe et "cet hyperterrorisme est là pour durer", a affirmé samedi 13 le Premier ministre lors de la Conférence sur la sécurité de Munich (Allemagne).

Hasard du calendrier, les parlementaires vont se prononcer au moment même où les Eagles of Death Metal, le groupe de rock qui jouait dans la salle de concerts du Bataclan le 13 novembre (90 des 130 tués ce soir-là), vont remonter sur scène à Paris à L'Olympia.

L'Assemblée avait validé à la quasi-unanimité en novembre dernier (551 pour, 6 contre et 1 abstention) une première prorogation de l'état d'urgence (au-delà des 12 jours initiaux) pour trois mois, jusqu'au 26 février, ainsi qu'un renforcement des mesures permises. Le vote cette fois s'annonce un peu moins large.

Les députés du Front de gauche, qui s'étaient prononcés favorablement en novembre, vont voter contre, en l'absence de "justifications" à son maintien, selon leur chef de file André Chassaigne. Les écologistes, dont trois membres s'étaient opposés à la première prolongation, devraient être un peu plus nombreux mardi à s'élever contre la poursuite de ce régime qui fait que "la sécurité prime les libertés", selon Noël Mamère, qui doit défendre une motion de rejet. Ces opposants relaient les préoccupations d'associations comme la Ligue des droits de l'Homme, du Défenseur des droits Jacques Toubon, ainsi que de magistrats déplorant leur mise à l'écart au profit de la justice administrative.

Chez les socialistes, où trois "frondeurs" avaient voté contre en novembre, cette opposition ne devrait pas faire tache d'huile, pronostique un responsable du groupe. Alors que mercredi dernier sur le projet de révision constitutionnelle, qui prévoit notamment d'inscrire le régime de l'état d'urgence dans la Constitution, pas moins de 83 membres du groupe PS ont voté contre et 36 se sont abstenus, "il n'y aura pas de porosité" avec ce scrutin, assure-t-on.

Il faut néanmoins convaincre, alors que les chiffres des perquisitions ou assignations nouvelles montrent "bien plus qu’un essoufflement" au fil du temps, estimait il y a peu l'ex-président de la commission des Lois, Jean-Jacques Urvoas, devenu garde des Sceaux.

Pour sa part, le groupe Les Républicains soutient cette prolongation de l'état d'urgence, certains comme Eric Ciotti souhaitant même qu'elle soit de six mois. D'autres amendements de députés LR visent à compléter l'arsenal de mesures à disposition.

Le gouvernement justifie le maintien de l'état d'urgence par un "péril imminent" qui demeure, mais aussi par la nécessité dans les prochaines semaines de "prendre les mesures qui renforceront, dans la durée, les moyens des autorités judiciaires et administratives pour lutter contre le terrorisme", selon les mots de Manuel Valls. Avec en particulier le projet de réforme de la procédure pénale, il s'agit ainsi de préparer les dispositifs qui viendront en relais de l'état d'urgence.

Quid de la date de sortie de ce régime? En commission, les députés ont anticipé, s'interrogeant sur la "compatibilité" d'une fin en mai avec l'organisation en France du championnat d'Europe de football, entre les 10 juin et 10 juillet prochains. Trop tôt pour en décider, mais "nous serons d'une vigilance totale", a affirmé M. Cazeneuve.

 

À LIRE AUSSI

Image
Les députés dans l'hémicycle.
Etat d'urgence : l'Assemblée nationale vote son inscription dans la Constitution
L'inscription de l'état d'urgence dans la Constitution a été votée lundi par l'Assemblé nationale à une large majorité. Le texte prévoit qu'il soit décrété en Conseil ...
09 février 2016 - 08:32
Politique
Image
Manuel Valls.
Etat d'urgence : prorogation de quatre mois maximum, renouvelable
La réforme de la Constitution est entré en scène ce vendredi à l'Assemblée nationale. Concernant l'état d'urgence, le gouvernement est "prêt à restreindre la durée de ...
05 février 2016 - 12:00
Politique
Image
Jacques Toubon trois quart
Etat d'urgence : Jacques Toubon fait état de dizaines de réclamations
Depuis l'instauration de l'état d'urgence, des dizaines de réclamations ont atterri sur le bureau du Défenseur des droits Jacques Toubon, indique l'institution dans so...
04 février 2016 - 09:56
Politique

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
ARA
Décès de ARA, Alain Renaudin, dessinateur de France-Soir
Il était avant toute chose notre ami… avant même d’être ce joyeux gribouilleur comme je l’appelais, qui avec ce talent magnifique croquait à la demande l’actualité, ou...
07 novembre 2024 - 22:25
Portraits
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.