Expulsion vers l'Erythrée : le signe d'une "politique inquiétante" (La Cimade)

Auteur(s)
Victor Lefebvre
Publié le 12 juin 2019 - 20:06
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Des migrants assis sur le pont du Sea Watch 3, le 30 janvier 2019 au large de Syracuse, en Italie
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© FEDERICO SCOPPA / AFP
La Cimade craint que la France expulse de plus en plus vers les pays à risque comme l’Érythrée.
© FEDERICO SCOPPA / AFP

La France aurait-elle passé un cap vers une politique plus dure à l'égard des migrants? La Cimade s'inquiète après une première expulsion d'un ressortissant Erythréen vers son pays d'origine, peut-être la dictature la plus sévère d'Afrique.

La Cimade a dénoncé ce mercredi 12 l'expulsion d'un migrant en situation irrégulière vers son pays d'origine l'Erythrée, Etat dictatorial d'Afrique de l'Est qui depuis plusieurs années voient sa population fuir un service militaire relevant de l'exploitation de masse, les arrestations arbitraires, les discriminations ou plus simplement le niveau de vie.

L'ONG a mis en cause une procédure d'expulsion "au rabais", où l'argument de l'urgence empêche la personne migrante de faire valoir ses droits dans des conditions saines. Position contestée par la préfecture qui assure que toutes les procédures de recours avaient été épuisées avant que la décision d'éloignement soit prise.

Voir: Première expulsion de la France vers l’Érythrée, dictature violente

Mais au-delà de ce cas d'espèce, La Cimade y voit le franchissement d'un cap dans une politique basée sur l'expulsion. "Avant, l'Etat n'expulsait pas vers l'Erythrée", explique à France-Soir David Rohi, responsable rétention au sein de l'organisation. Pour lui, si une préfecture a décidé de prendre cette décision,"c'est qu'il y a eu une instruction. Il y a un ministère de l'intérieur qui donne le La".

"On est dans une politique d'enfermement et d'expulsion, l'Etat a fait le choix politique de montrer qu'il expulse" poursuit-il. Au contraire, "il n'a jamais communiqué sur le fait qu'il ne voulait pas renvoyer dans des pays à risque".

Il y voit la traduction d'une "politique inquiétante", avec déjà des procédures d'expulsion vers l'Afghanistan ou le Soudan. Pour La Cimade, il apparaît évident que les ressortissants de ces pays à risque ne doivent pas être renvoyés.

"Trier entre les «bons réfugiés» (opposants politiques, victimes de discrimination…) et les «mauvais migrants économiques»" qui parfois fuient des conditions de vie désastreuse relève pour David Rohi de la "division politique et du non-sens" puisque les conditions de vie difficiles ne peuvent pas être systématiquement détachées d'un contexte politique.

Lire aussi:

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