Florence Parly assure que la France ne vend pas à l'Arabie saoudite d'armes utilisées contre des civils au Yémen

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DD.
Publié le 30 octobre 2018 - 11:14
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La ministre des Armées Florence Parly le 10 novembre 2017 à Paris
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© THOMAS SAMSON / AFP/Archives
Florence Parly assure que les armes françaises vendues à l'Arabie saoudite ne servent pas dans le conflit au Yémen.
© THOMAS SAMSON / AFP/Archives
La ministre des Armées Florence Parly était invitée ce mardi matin au micro de Jean-Jacques Bourdin. Elle a assuré que les armes françaises vendues en Arabie saoudite –deuxième client de la France– ne sont pas utilisées dans la guerre au Yémen meurtrière pour les populations civiles. Elle a cependant été mise en difficulté sur certaines questions.

Ce mardi 30, la ministre des Armées Florence Parly était invitée au micro de Jean-Jacques Bourdin, à l'antenne de BFMTV et de RMC. Elle était interpellée notamment sur la position de la France en marge de l'affaire Khashoggi, ce journaliste saoudien assassiné dans des circonstances troubles au consulat d'Arabie saoudite à Istanbul par des agents du royaume.

La ministre devait répondre notamment à la polémique sur les ventes d'armes à l'Arabie saoudite. Alors que l'Allemagne, par la voix de sa chancelière Angela Merkel, a annoncé la fin de la livraison d'armes au pays, les volumes étant certes bien inférieurs à ce que vend la France à Riyad.

Au micro, la ministre tente de minimiser la situation: "La France est un fournisseur modeste de l'Arabie saoudite". Une déclaration (volontairement?) ambigüe, le royaume est en effet, selon le Rapport au parlement sur les exportations d'armement (voir ici), le deuxième client de la France (derrière l'Inde) sur la période 2008-2017 avec 11,1 milliards d'euros de commandes. Si la France est peut-être un "fournisseur modeste" en comparaison des Etats-Unis et ses 110 milliards de dollars (96 milliards d'euros) de contrats annoncés, l'Arabie saoudite reste un client incontournable pour la France et son industrie de l'armement qui emploie 200.000 personnes.

Interrogée également sur l'utilisation d'armes françaises dans le conflit contre la rébellion des houthis du Yémen (au moins 10.000 morts depuis le début du conflit), la ministre a tenu à assurer que "les armes vendues récemment à l'Arabie saoudite ne sont pas utilisées contre les populations civiles". Si une certaine opacité sur le contenu des commandes règnent, une étude (voir ici) d'Amnesty International et de l'Action des chrétiens pour l'abolition de la torture (Acat) présentée en mars dernier dévoile certains armements vendus au royaume: des blindés, des canons Caesar, des ravitailleurs en vol, des fusils de sniper, des appareils d’identification et de désignation de cibles pour les avions de chasse, des intercepteurs maritimes ou des chars Leclerc (avec contrat de maintenance pour la France). Soit des équipements "offensifs".

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Jean-Jacques Bourdin, face aux contradictions de Florence Parly qui assure que la France n'a "pas de négociations avec l'Arabie saoudite", décide de pousser la ministre dans ses retranchements, lui rappelant qu'Emmanuel Macron va se rendre dans le royaume saoudien avant la fin de l'année. Est-ce pour y signer de nouveau contrat? "Je ne sais pas" réagit timidement la ministre. Une réponse embarrassante sachant que la vente d'armement à un pays étranger est soumise depuis une ordonnance du 20 décembre 2004 à l'autorisation obligatoire de Balard, le ministère des Armées.

Vendredi 26, le président Emmanuel Macron avait pris la parole sur ce même sujet polémique lors d'une conférence de presse en marge d'un déplacement à Bratislava. Il s'était emporté contre les critiques faites à la France en déclarant que les ventes d'armes n'avaient "rien à voir avec M. Khashoggi, il ne faut pas tout confondre".

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