Florence Parly : "pas de preuves" que les armes françaises tuent des civils au Yémen

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La rédaction de France-Soir
Publié le 18 avril 2019 - 14:06
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La ministre des Armées, Florence Parly, le 18 janvier 2019 à Paris
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© Thomas SAMSON / AFP
Florence Parly a de nouveau affirmé ne pas avoir "d'éléments de preuve" d'utilisation d'armes françaises par l'Arabie saoudite et les Emirats.
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Florence Parly a de nouveau affirmé ne pas avoir "d'éléments de preuve" d'utilisation d'armes françaises par l'Arabie saoudite et les Emirats au Yémen ce jeudi 18 sur Radio Classique. Une réaction qui fait suite aux révélations du média Disclose.

 

Des armes françaises sont bien utilisées dans le conflit au Yémen, confirme une note du renseignement militaire français qui fissure la version officielle du gouvernement, révélée lundi par le nouveau média d'investigation français Disclose. L'affaire avait déjà été portée médiatiquement par plusieurs ONG françaises et internationales qui dénoncent régulièrement les exportations d'arment françaises à destinations de l'Arabie saoudite et des Emirats arabes unis. Ces piliers de la coalition militaire s'opposent aux rebelles houthis qui contrôelent une partie du Yémen.

Interrogée sur ce sujet ce jeudi matin sur Radio Classique, Florence Parly, ministre des Armées, a expliqué que les armes françaises "ne sont pas utilisées de façon offensive dans cette guerre au Yémen et on ne peut donc pas de façon mécanique, en tout cas moi je n'ai pas d'éléments de preuve permettant de dire cela, que des armes françaises sont à l'origine de victimes civiles au Yémen".

Une position qui rejoint celle des services du Premier ministre qui ont fait savoir lundi qu'à leur connaissance, "les armes françaises dont disposent les membres de la coalition sont placées pour l’essentiel en position défensive, à l’extérieur du territoire yéménite ou sur des emprises de la coalition, mais pas sur la ligne de front".

Lire aussi – Yémen: 14 enfants tués dans l'explosion de dimanche, selon l'Unicef

Selon une note de la Direction du renseignement militaire (DRM) transmise à l'exécutif français en octobre 2018 et obtenue par Disclose, des armes françaises sont bien utilisées sur le territoire yéménite par Ryad et Abou Dhabi contre les rebelles houthis, minorité chiite soutenue par l'Iran. Selon cette note, 48 canons Caesar produits par l'industriel français Nexter et déployés le long de la frontière saoudo-yéménite "appuient les troupes loyalistes, épaulées par les forces armées saoudiennes, dans leur progression en territoire yéménite". Une carte de la DRM intitulée "population sous la menace des bombes" estime que "436.370 personnes" sont "potentiellement concernées par de possibles frappes d'artillerie", dont celles des canons français.

A noter également que selon l'ONG américaine Acled, des chars Leclerc, de fabrications françaises, ont été engagé au cours de la bataille pour reprendre le port d'Hodeïda au cours de laquelle 55 civils ont été tués. De même que deux navires de guerre fabriqués en France "participent au blocus naval" qui empêche le bon ravitaillement des populations, et l'un d'entre eux contribue "à l’appui des opérations terrestres menées sur le territoire yéménite", précise la DRM.

Le conflit yéménite est un sujet particulièrement embarrassant pour l'exécutif français qui fait l'objet de nombreuses accusations depuis l'intervention de la coalition militaire dirigée par le royaume saoudien.

Signe de cet embarras, Florence Parly avait été "chahutée" sur France Inter en évrier 2018. "L'utilisation des armes, une fois livrées, est normalement encadrée. Mais les conflits peuvent évoluer. Qui pouvait imaginer la survenance de ce conflit au Yémen", avait-t-elle expliqué alors que la ministre était interrogée sur les livraisons d'armes françaises à une partie des belligérants. "Donc les Yéménites peuvent prendre sur la tête une bombe française", l'avait alors relancé Nicolas Demorand. Réponse gênée et évasive de la ministre: "Beaucoup de pays sont confrontés à cette situation: avoir livré des armes à d'autres pays alors que ces armes n'étaient pas censées être utilisées".

Ce conflit dans le pays le plus pauvre de la péninsule arabique a provoqué la pire crise humanitaire en cours dans le monde, avec des millions de civils au bord de la famine, selon les Nations unies.

Voir:

Florence Parly: les armes françaises vendues à l'Arabie saoudite "n'étaient pas censées être utilisées" au Yémen

Yémen: près de 110.000 cas présumés de choléra depuis janvier (ONU)

Yémen: l'espoir de paix suspendu à une trêve fragile

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