Forte mobilisation contre la loi Travail malgré quelques heurts
Des heurts ont éclaté en marge des cortèges. A Paris, certains jeunes cagoulés ont lancé des projectiles sur les forces de l'ordre, de même qu'à Rennes ou Grenoble. A Nantes, des jeunes ont affronté la police qui a fait usage de canons à eau. En tout, une trentaine de personnes ont été interpellées, et trois policiers blessés à Marseille.
Le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll a appelé "tout le monde au calme", estimant qu'il "ne faut pas donner l'occasion à certains de casser ou d'avoir des actes de violences". En milieu d'après-midi, près de 190.000 manifestants ont été recensés dans une cinquantaine de villes, sans compter Paris, selon des chiffres officiels mais partiels recueillis par les bureaux de l'AFP.
Le cortège parisien, rassemblant plusieurs milliers de personnes, s'est élancé vers 13h30, sous une grosse pluie et dans les fumigènes, pour se diriger vers la Nation, avec Philippe Martinez (CGT), Bernadette Groison (FSU), Jean-Claude Mailly (FO) et William Martinet (Unef) à sa tête. "Code du travail: retrait du projet de loi El Khomri", proclamait la banderole de tête.
Cette journée de mobilisation est également marquée par des grèves dans les transports (SNCF, Air France...), à la Tour Eiffel, chez EDF, dans la fonction publique, la presse, et des blocages de lycées et d'universités.
Et de nouvelles journées d'action sont envisagées pour réclamer le retrait de la loi, les 5 et 9 avril. Lors de la précédente mobilisation similaire, le 9 mars, plus de 200.000 personnes avaient défilé (450.000 selon les organisateurs).
"Il y a une très forte mobilisation, il faut que le gouvernement prenne en compte ce qui se passe", a déclaré le leader de la CGT, Philippe Martinez. Parmi les slogans: "Loi travail, t'es foutue, la jeunesse est dans la rue", "Touche pas à mon code", "Il fait moche, il fait froid, c'est la faute au patronat", ou encore "1916: chair à canon, 2016: chair à patrons".
Bernard, un retraité, est venu manifester contre "un retour en arrière". Pour Alain, "la facilité pour licencier va à l'encontre des droits des travailleurs: il y a déjà eu la loi Macron, mais là, c'est le summum." Zacharia, lycéen à Bondy, reproche au projet de loi "les heures doublées, les chances de se faire licencier".
Des militants de la CFDT et de la CFE-CGC devaient prendre part aux défilés pour réclamer le retrait "pur et simple" du projet, à contre-courant de leurs centrales respectives. Des députés écologistes avaient prévu d'y participer, dont l'ancienne ministre Cécile Duflot, ainsi que des "frondeurs" du PS comme Christian Paul, présent dans la manifestation parisienne.
La ministre du Travail, Myriam El Khomri, a répété qu'elle "entendait les inquiétudes des jeunes" tout en défendant une "loi nécessaire et juste". Face à la grogne, jusque dans les rangs de la majorité, le gouvernement est revenu sur certaines dispositions (plafonnement des indemnités prud'homales, décisions unilatérales de l'employeur). Mais pour les syndicats à l'initiative de la mobilisation (CGT, FO, Solidaires, FSU, Unef, FIDL, UNL), le texte "reste toxique pour les salarié-es".
"La gauche au pouvoir ne peut pas porter une réforme du droit du travail qui revient sur la réduction du temps de travail, facilite les licenciements, et considère que le droit du travail est un frein à l'emploi", a commenté le président du Mouvement des jeunes socialistes (MJS), Benjamin Lucas.
Pour Karine Berger, députée PS et membre du Bureau national, les oppositions "sont à prendre très au sérieux" car elles "témoignent d'un vrai malaise social". Mais le gouvernement insiste: pas question de retirer cette réforme "intelligente, audacieuse et nécessaire", selon Manuel Valls. Vraisemblablement la dernière du quinquennat, cette réforme est également une des plus décriées, comme l'a été la loi Macron, ou la révision constitutionnelle, que François Hollande a dû abandonner.
Si un consensus se dessine entre plusieurs syndicats pour la réécriture de certains articles (licenciement économique, compte personnel d'activité, rôle de la branche) à l'Assemblée nationale, lors des débats prévus début mai, le patronat réclame, lui, un "retour à la première version".
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