François Hollande à mi-mandat : le chef de guerre

Auteur(s)
Pierre Plottu
Publié le 04 novembre 2014 - 16:26
Mis à jour le 06 novembre 2014 - 19:08
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François Hollande en visite au Mali.
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©Benoit Tessier/Reuters
François Hollande rend visite aux soldats français engagés au Mali, le 2 février 2013.
©Benoit Tessier/Reuters
C'est l'un des rares rôles –le seul?– dans lequel François Hollande s'est révélé. Régulièrement présenté comme un président "mou" et "indécis", le chef de l'Etat a pourtant fait montre de beaucoup de fermeté sur la scène internationale et le "président normal" s'est peu à peu mué en "chef de guerre".

Mali: la première intervention

11 janvier 2013: la France annonce le lancement de l'opération Serval au Mali. Le nord du pays est occupé depuis neuf mois par les djihadistes d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et les rebelles touaregs du MNLA (Mouvement national de libération de l'Azawad), notamment.

C'est la forte progression de plusieurs colonnes djihadistes vers le sud du pays qui a poussé François Hollande à intervenir. Immédiatement, des hélicoptères et des avions de chasses bombardent et stoppent ces colonnes. Trois jours plus tard, les attaques aériennes françaises chassent les groupes terroristes des grandes villes du nord. Paris annonce l'envoi de troupes au sol, appuyées par l'armée malienne. Les combats sont rudes mais la mission est un succès: la constitution de "sanctuaires djihadistes" au Mali, soit aux portes de l'Europe, est empêchée.

L'opération Serval prend fin le 15 juillet 2014, et cède sa place à l'ONU (avec la Minusma). La France reste néanmoins engagée avec la force Barkhane. Cette opération, lancée le 1er août 2014, compte 3.000 hommes, appuyés par des hélicoptères, des avions de chasse et des drones. Leur zone d'intervention va de la Mauritanie au Tchad, en passant par le Mali, le Niger et le Burkina Faso. Elle est rendue nécessaire par une présence toujours palpable des groupes terroristes dans la région. Très mobiles, ceux-ci se sont "fondus dans le décor" ou ont trouvé refuge dans le sud libyen, d'où ils mènent des raids.

 

Syrie: l'occasion manquée

21 août 2013: Bachar el-Assad emploie des armes chimiques contre les rebelles qui l'affrontent depuis près de deux ans déjà. La "ligne rouge" tracée par Barack Obama et les Occidentaux est franchie. François Hollande pousse l'option d'une intervention militaire rapide, sous forme de frappes aériennes. Un temps, Barack Obama semble prêt à le suivre, mais se rétracte au dernier moment. Les frappes n'ont pas lieu.

En parallèle, la France livre depuis la première moitié de l'année 2013 du matériel aux rebelles syriens modérés, le président de la République l'a lui-même reconnu dans une interview accordée au Monde. Ces livraisons comprendraient des mitrailleuses, des lance-roquettes, des gilets pare-balles, des jumelles de visée nocturne ou encore des moyens de communication. Les forces françaises fournissent également des armes aux forces kurdes.

Depuis le début de ce mois de septembre, la France est partie prenante de la coalition menée par les Etats-Unis et conduisant des frappes aériennes contre Daech (l'acronyme arabe pour l'Etat islamique) en Irak et en Syrie.

 

Centrafrique: éviter un génocide

5 décembre 2013: François Hollande annonce en urgence le déploiement de troupes françaises en Centrafrique. La force Sangaris compte 2.000 hommes et est appuyée par 6.000 militaires africains de la Misca. Leur objectif est de mettre fin aux massacres de grande ampleur que mènent les putschistes musulmans de la Séléka contre les anti-balakas chrétiens et la population.

Cette intervention, en inversant le rapport de forces, a ensuite indirectement provoqué des représailles sanglantes des anti-balakas contre les populations musulmanes. Des exactions dont l'envergure semble aujourd'hui plus limitée, grâce à la présence des forces de maintien de la paix. Paris n'a pas encore annoncé de date de retrait pour cette opération.

 

Libye: la future intervention?

9 septembre 2014: Jean-Yves Le Drian, dans les colonnes du Figaro, déclare que la France doit "agir en Libye et mobiliser la communauté internationale. (…). Le sud libyen est une sorte de +hub+ où les groupes terroristes viennent s'approvisionner, y compris en armes, et se réorganiser". Depuis l'intervention ayant entraîné la chute de Mouammar Kadhafi, le pays est en proie aux affrontements entre milices rivales et aucun pouvoir central ne semble en mesure de ramener le calme. "L'intervention de 2011 n'a pas suffi car elle n'a pas été prolongée", a ainsi estimé le ministre de la Défense.

D'autant que la Libye, située aux abords immédiats de l'Europe, est un point stratégique important pour protéger la rive sud du vieux continent des incursions djihadistes. Le pays est également une charnière entre le Proche-Orient et le Sahel. Sa situation sécuritaire impacte ainsi une grande partie de la région nord de l'Afrique.

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