François Hollande se confie à "Elle" : "je racontais des histoires aux enfants le soir"
L'opération est inédite. Pour la première fois depuis le début de son quinquennat et à quelques jours de la journée de la Femme, François Hollande s'exprime dans un magazine féminin. Dans l'édition de ce jeudi 3 mars de Elle, le président a évoqué des sujets aussi variés que le harcèlement physique et verbal, la légitime défense des femmes, les grandes figures féminines de l'Histoire ou encore sa vision de la famille.
Au lendemain d'un rapport accablant faisant toute la lumière sur les préjugés tenaces des Français sur le viol, François Hollande a évoqué les harcèlement verbaux ou physiques que subissent les femmes. Le harcèlement est "une atteinte à la liberté" de mouvement et d'expression, "une violation sournoise des droits les plus fondamentaux des femmes", a-t-il déclaré. C'est pourquoi "aucune femme ne doit rester seule face au harcèlement, d'où qu'il vienne, au bureau, dans la rue ou dans un train. Aucun geste ne doit rester sans réponse", poursuit-il, annonçant que de "nouvelles initiatives" allaient être prises par la ministre de la Famille Laurence Rossignol. "Nous allons faciliter les dépôts de plainte, dit-il, et s'il faut changer la loi pour que des sanctions soient effectivement prononcées, j'y suis prêt", a-t-il indiqué, affirmant au passage: "Je suis donc féministe ! Et toujours socialiste".
Interrogé sur l'opportunité de légiférer en faveur de la "légitime défense permanente" après la grâce partielle accordée à Jacqueline Sauvage condamnée à dix ans de prison pour le meurtre de son mari violant, le président fait valoir les mesures prises par le gouvernement pour protéger les femmes- "notamment avec l’ordonnance de protection, la sauvegarde du domicile, le téléphone +grand danger+ en cas d’urgence"-, avant de conclure évasivement: "néanmoins, avant de modifier la légitime défense, mieux vaut prendre d’infinies précautions. Je sais que des parlementaires y réfléchissent avec des associations. J’attends leurs conclusions".
Concernant les "grandes figures féminines", François Hollande donne l'exemple de la chancelière allemande Angela Merkel qui "a dû lutter pour s'imposer dans le paysage politique allemand" et "n'a pas été épargnée". "Elle ne l'est pas davantage aujourd'hui", continue-t-il avant d'avancer, non sans humour: "elle sera sans doute surprise par ma déclaration" car "chacun sait que, si nous partageons beaucoup d'engagements pour l'Europe, nous ne sommes pas de la même sensibilité politique".
Le chef de l'Etat profite également de cette interview pour annoncer son intention de changer l'intitulé "ministère de la Famille", en "ministère des Familles", afin de les reconnaître toutes.
Mais, outre ces phrases politiques, le président parle, une fois n'est pas coutume, de sa famille à lui. " Je suis né au milieu des années 50 et j’ai grandi avec des parents qui n’étaient pas dans une relation égalitaireE: mon père était médecin, ma mère infirmière. Elle travaillait à ses côtés, puis s’est peu à peu libérée. À travers ce qu’elle a fait ou ce qu’elle n’a pas pu faire, ce qu’elle a réussi ou ce qu’elle a subi, elle m’a certainement ouvert les yeux sur la situation des femmes", raconte-t-il. Sur sa vie de famille d'adulte, il confie: "Avant de parler de moi comme père, je rappelle que c’est Ségolène Royal qui est la mère de nos enfants". "J’ai essayé d’être présent, je faisais la cuisine, je racontais des histoires aux enfants le soir, mais si vous interrogiez Ségolène Royal, elle vous dirait que je n’en ai sans doute pas fait assez", poursuit-il, se vantant d'avoir ses propres recettes de cuisine et de ne pas avoir perdu la main malgré sa fonction de président. "Ces moment-là (le temps passé avec ses enfants, NDLR) sont tellement beaux dans une vie, que de les avoir laissés s’échapper suscite en moi un immense regret", conclut le chef de l'Etat dans un plaidoyer en faveur d'un meilleur partage des tâches familiales entre les hommes et les femmes.
Mais, sous couvert de sincérité, cette interview a des goûts d'appel du pied électoral, avance Europe1 qui rappelle que sans le vote des femmes, François Hollande n'aurait jamais été élu en 2012. En effet, lors de la dernière présidentielle, 57% des électeurs était des électrices. Or, depuis son élection, l'affaire Julie Gayet a sévèrement écorné son image de gentleman...
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.