François Rebsamen : le ministre du Travail brigue la mairie de Dijon
Suite au décès du maire socialiste de Dijon, Alain Millot, lundi 27, le ministre du Travail, François Rebsamen souhaite retourner à la tête de cette ville qu’il a dirigé de 2001 à 2014, avant d’entrer au gouvernement. L’élection se tiendra lors du conseil municipal qui aura lieu le 10 août, a indiqué son cabinet ce jeudi. Dans le même temps, le principal intéressé a expliqué remettrait sa démission quand ses "engagements ministériels seront terminés", ce qui risque fort d’aller à l’encontre de la promesse de campagne de François Hollande qui prévoyait d'interdire aux ministres de cumuler leur portefeuille avec une fonction locale.
"À la fin du mois de juin-ce sera une décision qui sera totalement respectée-, il n'y aura pas un seul ministre qui sera chef d'un exécutif local ou même adjoint, président d'une société locale, d'un office HLM", avait affirmé Jean-Marc Ayrault en mai 2012 alors qu’il venait d’être nommé Premier ministre, rappelle Le Figaro ce jeudi. La promesse avait ensuite été concrétisée par l'article 4 de la "charte de déontologie des membres du gouvernement". Pourtant, dans le cas de François Rebsamen, "ce sont des circonstances exceptionnelles. Il a encore des dossiers à traiter. Dans l'immédiat, il restera au gouvernement", a confié son entourage au Scan du quotidien.
Selon Le Parisien, le ministre aurait en réalité convenu de partir à l’occasion du prochain remaniement ministériel qui aura lieu après les régionales de décembre prochain. François Rebsamen "sera remplacé" s'il est "élu maire de Dijon", a pour sa part déclaré l'Elysée ce jeudi, se gardant bien de donner une date précise.
"Il y a des principes qui s'appliquent et François Rebsamen le sait parfaitement: on ne peut pas être chef d'un exécutif (...) et en même temps membre du gouvernement. Ce sont ces principes comme le non-cumul des mandats d'une manière générale qui sont une exigence des citoyens", a quant à lui déclaré le Premier ministre Manuel Valls, cité par le Point.fr, en marge d'un déplacement en Picardie.
Face à la polémique naissante, François Rebsamen a immédiatement évoqué la "jurisprudence (Frédéric) Cuvillier", en référence à l'ex-secrétaire d'État aux Transports, qui, élu maire de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) en mars 2014 n’avait quitté le gouvernement que cinq mois plus tard, lors du remaniement surprise provoqué par le débarquement d'Arnaud Montebourg.
Mais la candidature de François Rebsamen à la mairie de Dijon ne pose pas problème qu’au niveau des cumuls des mandats, elle est surtout compliquée par rapport à ses "engagements ministériels". Car, malgré les promesses du ministre du Travail, le chômage ne recule toujours pas. En effet, sur un an, le nombre d'inscrits de catégorie A a augmenté de 4,7% (+158.200 chômeurs) et de 7,1% (+355.900) sur l'ensemble des catégories, selon les estimations de juin de Pole Emploi.
"Cette annonce est proprement indécente, alors que le chômage ne cesse de battre des records et que les drames humains se multiplient", s'est ainsi indigné le président du groupe UDI à l'Assemblée nationale, Philippe Vigier, dans un communiqué. "Elle témoigne du peu d'intérêt du ministre du Travail pour la mission que lui a confiée le président de la République: inverser la courbe du chômage (…) Il est aujourd'hui clair que François Rebsamen se préoccupe malheureusement plus de son devenir personnel que celui des Français", a conclu Philippe Vigier. Si cette réaction politique est la première, elle risque d'être suivie de nombreuses autres du même genre de la part de l'opposition...
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