Guéant a-t-il fait espionner Solère, son rival aux législatives en 2012 par la DGSE ?
Les grandes oreilles auraient été bien indiscrètes. La DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure) a surveillé les téléphones et l'adresse internet de Thierry Solère, rival à droite du ministre de l'Intérieur Claude Guéant aux législatives 2012 dans les Hauts-de-Seine, affirme Le Monde ce mardi 12.
"Le Monde a pu établir que des moyens de la DGSE ont été utilisés, hors de tout contrôle, pour surveiller Thierry Solère, candidat dissident" et finalement élu député et chargé depuis par Les Républicains d'organiser la primaire à droite pour la présidentielle 2017.
Ce proche de Bruno Le Maire, désormais en charge de l'organisation de la primaire de la droite et à l'époque conseiller général des Hauts-de-Seine, avait été exclu de l'UMP début 2012 alors qu'il avait annoncé son intention de présenter une candidature dissidente face à l'ex-ministre de l'Intérieur, qui était soutenu par le parti. Il a été réintégré en février 2013 à l'UMP, devenue depuis Les Républicains.
"Ses téléphones et son adresse Internet ont en effet été espionnés dès son exclusion de l’UMP, le 20 mars 2012. La surveillance n’a été interrompue qu’après la découverte fortuite de son existence par la direction technique de la DGSE", poursuit le quotidien, selon lequel une "surveillance physique" a même été demandée à un lieutenant-colonel de la DGSE, une demande finalement abandonnée.
D'après M. Solère, cité par Le Monde, une rencontre a eu lieu le 4 janvier avec M. Guéant place Beauvau: le ministre de l'Intérieur et un de ses conseillers lui "ont fait comprendre que si je me retirais, je pourrais y trouver mon compte, ce qui était pour moi hors de propos".
M. Solère n'a pu être joint ce mardi matin par l'AFP. Au Monde, il affirme que "si cela se confirme, je suis non seulement très surpris mais consterné. C'est très grave. Je savais que le député sortant et maire de Boulogne-Billancourt (Pierre-Christophe Baguet, qui a soutenu M. Guéant, NDLR) était prêt à tout pour me faire perdre, mais c’était, pour moi, un combat politique". Puis d'ajouter: "Charles Pasqua m’avait mis en garde disant que Guéant cherchait une immunité parlementaire, ce qui était un puissant moteur".
Interrogé par le quotidien, l'ancien ministre de l'Intérieur nie toute l'affaire: "Cela ne me dit strictement rien, et c’est opposé à mes principes. Jamais je n’ai fait de demande en ce sens à qui que ce soit. J’étais ministre de l’Intérieur et à ce titre je n’avais aucune autorité sur la DGSE", qui dépend du ministère de la Défense, un portefeuille détenu par Gérard Longuet au moment des faits.
François Fillon, Premier ministre à l'époque, a indiqué ce mardi n'avoir "pas de réaction à une information que je découvre", en marge d'une visite d'un espace dédié aux associations œuvrant pour l'entrepreneuriat à Paris.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.