Haute-Loire : la région veut verser un million d'euros pour un château privé
Le 15 février prochain, la région Auvergne-Rhône-Alpes doit voter l'octroi d'une subvention d'un million d'euros à une association de valorisation du château de Saint-Vidal en Haute-Loire. Mais le monument du XIIIe siècle, lui, appartient à un particulier... président de l'association.
Un million d'euros après une première subvention de 600.000 euros en 2017. C'est le montant des subsides octroyés par la région Auvergne-Rhône-Alpes que s'apprêterait à toucher l'"Association pour la valorisation du Velay d'Auvergne et Gévaudan". L'objet de l'association? Faire vivre le château de Saint-Vidal (Haute-Loire) dont les premières pierres ont été posées au XIIIe siècle.
Une collectivité locale qui débloque les fonds pour faire vivre son patrimoine, rien de plus banal en apparence. Sauf que le château en question n'appartient pas à l'association, mais à un particulier, Vianney d'Alançon. Et que la région présidée par Laurent Wauquiez est de loin le principal pourvoyeur de fonds de la valorisation d'un patrimoine qui, s'il est certes culturel, est aussi immobilier… et privé.
Une situation qui hérisse l'opposition de gauche au conseil régional. Elle se plaint du manque de transparence sur le choix d'un soutien aussi massif, qui doit normalement être voté le 15 février. "Nous ne savons même pas d'où vient la demande de subvention, quel élu la porte. On nous communique juste un rapport avant le vote formel sans aucune visibilité sur le processus qui a amené à choisir ce projet plutôt qu'un autre" explique à France-Soir l'entourage du groupe Socialiste et démocrate au conseil régional.
De fait certains éléments ont de quoi surprendre: l'association exploitant le château, qui se visite et où sont organisés des spectacles en costumes d'époque dans l'esprit du Puy-du-Fou, a été créée en 2016. Dès 2017, elle reçoit un million d'euros –600.000 de la région, 300.000 euros du département et 100.000 euros de la communauté d'agglomération du Puy-en-Velay. Et s'apprête donc a recevoir son deuxième million d'argent public en trois ans d'existence.
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C'est aussi la personnalité du propriétaire du château –qui est au passage le président de l'association– qui interpelle les opposants. Vianney d'Alançon, propriétaire d'une enseigne de joaillerie spécialisée dans les bijoux de baptême, est surtout présenté comme proche des milieux traditionnalistes, notamment de ceux qui, dans le sud de la France, ont travaillé à la tentative de rapprochement entre l'église catholique et Marion Maréchal, ex-Le Pen. L'opposition de gauche reste prudente: "Nous connaissons le profil de M. d'Alançon, mais nous ne pouvons pas affirmer que cela soit la cause du traitement favorable fait à son association".
Au Conseil régional, en façade, on ne voit aucun problème à financer –et donc à valoriser– avec de l'argent public un patrimoine appartenant à un particulier. "La nouvelle majorité a décidé d’aider les propriétaires privés pour qu’ils restaurent leur patrimoine car la Région considère que c’est l’intérêt public qu’ils servent" nous explique Geoffrey Mercier, directeur adjoint du cabinet de Laurent Wauquiez.
La gauche régionale envisage par contre sérieusement de ne pas en rester là. Même si elle reconnaît ne pas avoir agi lors de la première subvention en 2017, la barre symbolique du million d'euros et d'un financement de l'association à "80% par la région" assure-t-elle, la pousse à envisager de donner une suite au probable vote en faveur du projet. "Nous allons peut-être demander un contrôle de légalité auprès de la préfecture, voire initier une action en justice. Clairement, le droit d'information des élus dans cette affaire n'est pas respectée".
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