Hollande et Sarkozy : les finalistes de 2012 tour à tour exclus de la course à la présidentielle
Hollande hors jeu, Sarkozy battu: à douze jours d'intervalle, le président et son prédécesseur ont été amenés, dans des conditions différentes, à renoncer à leurs ambitions élyséennes, ouvrant une nouvelle période de l'histoire de la Ve République.
Ce sera la première fois, depuis 1974 et la mort de Pompidou, qu'un chef de l'Etat en exercice ne briguera pas de second mandat.
"J'ai décidé de ne pas être candidat à la présidence de la République": François Hollande a annoncé jeudi soir qu'il renonçait à 2017, lors d'une allocution télévisée d'une dizaine de minutes, prononcée d'une voix blanche.
Douze jours auparavant, Nicolas Sarkozy, éliminé sèchement dès le premier tour de la primaire de la droite, avait été contraint de s'effacer, laissant la place à François Fillon, son ex-Premier ministre, ravalé par lui au rang de "collaborateur" durant son quinquennat.
C'est sur une note sobre, un ton jugé "digne" par ses amis comme ses adversaires, que M. Sarkozy avait tourné le dos à la politique, affirmant qu'il aurait désormais "une vie avec plus de passions privées et moins de passions publiques".
Tous deux ont eu le même besoin dans leur discours de justifier leurs actions. "J'ai agi pour redresser la France et la rendre plus juste", a affirmé M. Hollande; "Comme je l'ai toujours fait tout au long de ma vie politique, j'ai défendu mes valeurs", avait affirmé M. Sarkozy, le 20 novembre. Même besoin également de mettre en garde contre "les extrêmes" pour M. Sarkozy, contre "l'extrême droite" pour M. Hollande.
"Depuis quelques années, le meilleur moment des présidents de la République, c'est le discours d'adieu", tweetait un internaute, traduisant le ressenti (ou l'ironie) exprimé par beaucoup d'autres.
Cette sorte de gémellité entre l'ex et le futur ex président avait été scellée en 2005, lorsque ces deux pro-européens convaincus, avaient posé ensemble, tout sourire, pour Paris-Match. C'était quelques semaines avant le référendum sur la Constitution européenne, pour lequel ils avaient tous deux appelé à voter oui.
Cette complicité affichée ne leur avait pas porté chance, 55% des Français ayant été sourds à leurs arguments, en votant contre le traité.
Les deux hommes, qui se connaissent bien (ils ont été députés à la même époque pendant de longues années) et se tutoient dans le privé, pensaient se retrouver face à face en 2007. Chacun fourbissait ses armes, plus affûtées chez Sarkozy que chez Hollande, finalement doublé par une Ségolène Royal très déterminée.
Puis vient 2012 et la grande confrontation tant attendue entre un président éprouvé par cinq années à l'Elysée dont quatre à combattre la crise économique "la plus violente que le monde ait connue depuis 1929", répétait-il, et un candidat que le destin fauché d'un Dominique Strauss-Kahn avait mis en selle. Le premier traitait le second de "mou", qui à son tour moquait un président "bling bling".
Mais y croyait-il encore, ce président qui disait qu'il abandonnerait la politique s'il perdait, des mots qui résonnaient étrangement comme l'acceptation d'une possible défaite? Face à lui, un candidat aguerri aux joutes politiciennes, qui avait su se maintenir onze ans à la tête d'un turbulent Parti socialiste, était prêt à en découdre.
Même Chirac, autant par détestation de Sarkozy que par affection pour Hollande, venu comme lui à la Corrèze par la politique, avait donné sa bénédiction au candidat de la gauche. Sarkozy en avait été "malade tout l'été" qui avait suivi, avait-il confié à des proches.
Suprême injure pour Sarkozy, qui ne lui a jamais pardonné: le jour de la passation des pouvoirs, le 15 mai 2012 sur le perron de l'Elysée, Hollande n'attend même pas que Sarkozy et son épouse Carla aient regagné leur voiture, pour se détourner et s'engouffrer dans l'Elysée où l'attendait sa nouvelle vie de chef de l'Etat.
Entre l'ex-président qui rêvait d'être le premier à réussir son retour à l'Elysée, et l'actuel qui jette l'éponge sans essayer, une sorte d'équité semble s'est rétablie. "Quelle folle quinzaine politique!" a résumé dans un tweet le député juppéiste Benoist Apparu.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.