Hollande : il annoncera sa décision pour 2017 "début décembre"
François Hollande qui, selon son entourage, s'est accordé "quelques jours de repos" dans un "été toujours propice à la réflexion" évoque désormais ouvertement l'hypothèse d'une candidature en 2017 même si sa crédibilité s'est encore effritée après les attentats de juillet.
Pour certains proches du chef de l'État, la réaction de la droite et de l'extrême droite au lendemain des attentats de Nice (le 14 juillet) et de Saint-Etienne-du-Rouvray (le 26) lui permettrait de se glisser dans un "trou de souris".
Leur espoir? "Qu'il apparaisse plus rassurant, apaisant et unitaire et provoque un sursaut de la gauche autour de sa personne".
Attendu jeudi sur ses terres corréziennes, le président Hollande pourra prendre en personne le pouls de l'opinion.
Mais se confiant à des journalistes début août, il a lui-même esquissé ce qui pourrait s'apparenter à une stratégie pour 2017: s'ériger en rempart contre les dérives "autoritaires" de la droite.
"Face au terrorisme, la démocratie doit avoir la force nécessaire pour prendre des dispositions" dans le cadre de l'Etat de droit et non pas dans "un État d'exception", a-t-il plaidé.
Et de théoriser: "le candidat de gauche (en 2017) a plus de chances de gagner s'il dit ce qu'il est possible de faire" en restant fidèle à l'Etat de droit et en se démarquant de la "fuite en avant" d'une partie de la droite.
Une manière de répliquer à Nicolas Sarkozy (LR) qui a appelé à placer "en rétention administrative les individus fichés les plus dangereux", au député (LR) Georges Fenech qui a souhaité un "Guantanamo à la française" ou à Marine Le Pen (FN), partisane de "l'expulsion immédiate" et administrative des étrangers "soupçonnés d'avoir un lien quelconque avec le terrorisme".
Reste que comme le constate le politologue Jérôme Fourquet (Ifop), "la confiance accordée par les Français à François Hollande s’est complètement érodée" dans la foulée des attentats de juillet.
Cette fois, point de rebond dans les enquêtes d'opinion, phénomène observé après Charlie Hebdo et le Bataclan quand il était apparu en "père de la nation". La confiance en l'exécutif s'est affichée quasi stable, à 17% pour le chef de l'État.
Et dans le palmarès des personnalités considérées comme les plus crédibles pour assurer l'équilibre entre efficacité contre le terrorisme et protection de l'État de droit, il ne se place qu'en quatrième position (10%) derrière Marine Le Pen (21%), Nicolas Sarkozy (17%) et Alain Juppé (15%), selon une enquête (Ifop) publiée mardi.
"Empêtré dans des considérations philosophiques et morales, l'exécutif ne veut pas prendre de mesures supplémentaires alors même qu'aux yeux des Français, le degré de menace et l'urgence de la situation exigent une modification du dispositif juridique, pénal et constitutionnel", souligne Jérôme Fourquet.
François Hollande qu'aucun sondage déjà ne donnait présent au second tour de la présidentielle avant les événements de juillet voit ainsi "son crédit fortement entamé dans le seul domaine où il disposait encore d'un crédit significatif", la lutte antiterroriste, observe-t-il.
Face à tant d'adversité, l'intéressé temporise. Dans l'avion qui le ramenait samedi des JO de Rio, le président a confié, selon Le Figaro, qu'il prendrait sa décision "début décembre (...) pour avoir tout le temps nécessaire pour la construire et la justifier".
"Le bilan, la réussite, si tant est qu'elle puisse être démontrée, ne suffisent pas", a-t-il reconnu.
Un intime en est toutefois persuadé: "plus le temps passe, plus sa candidature devient probable, évidente même, dans la confrontation avec la droite et l'extrême droite".
Quoi qu'il en soit, François Hollande est tenu par le calendrier de la primaire de la gauche qui a fixé au 15 décembre la date butoir pour le dépôt des candidatures.
Et s'il renonçait? "Être battu exige une retraite, un retrait (...)", a-t-il admis, visiblement travaillé par cette sombre perspective.
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