Hommage à Pétain : la page qui fait mentir le gouvernement supprimée
Faut-il distinguer le maréchal Pétain vainqueur de Verdun et celui de la collaboration? La polémique ravivée par les propos d'Emmanuel Macron n'est pas nouvelle et ne trouvera certainement pas d'épilogue cette fois-ci, 100 ans après l'armistice de 1918.
Le Gouvernement disait-il vrai lorsqu'il a assuré qu'il n'avait "jamais été question" d'honorer le maréchal? Plusieurs éléments semblent montrer que c'est faux. Eléments dont certains ont d'ailleurs été mystérieusement supprimés depuis...
Aucun hommage ne sera rendu à Pétain samedi. Il n’en a jamais été question.
— Benjamin Griveaux (@BGriveaux) 7 novembre 2018
Ma tribune à retrouver ici https://t.co/biNLI4GaGk pic.twitter.com/yUYnMcek3m
Se fendant d'une tribune, le porte-parole du Gouvernement Benjamin Griveaux, largement repris par ses collègues, a déclaré mercredi 7 au soir: "Nous avions annoncé que nous honorerions les maréchaux de la Grande Guerre. Certains en ont déduit que Pétain en faisait partie; ce n’est pas le cas. S’il y a eu confusion, c’est que nous n’avions pas été suffisamment clairs sur ce point. Les maréchaux dont l’honneur n’a pas été entaché, ceux-là, et ceux-là seuls, recevront l’hommage de la République: Foch, Joffre, Lyautey, Franchet d’Esperey, Fayolle, Maunoury. Pas Pétain, qui a été frappé d’indignité nationale pour avoir collaboré avec la barbarie nazie de façon odieuse et criminelle".
Voir: Une polémique sur Pétain s'invite sur le périple 14-18 de Macron
Or, ce ne sont pas ces sept officiers mais bien les "huit maréchaux qui ont dirigé les combats pendant la Première Guerre mondiale, œuvré pour la victoire finale tout au long de la guerre", qui devaient être honorés le 11 novembre aux Invalides, selon un dossier de presse disponible sur le site officiel Mission centenaire. Le huitième ne peut être que Philippe Pétain. Or ce communiqué a depuis été supprimé. Le même texte est cependant consultable sur le site de l'Education nationale.
©Capture d'écran du site de l'Education nationale
Cette cérémonie a été depuis décalée au 10 novembre et le président de la République avait, avant même l'éclosion de la polémique, annoncé qu'il ne s'y rendrait pas. Il doit en revanche être représenté par son chef d'état-major particulier, l'amiral Bernard Rogel. L'exécutif a tenté depuis de désamorcer la polémique en insistant sur le fait que ne seront fleuris que les tombes des cinq maréchaux enterrés aux Invalides.
S'il demeure qu'Emmanuel Macron n'a jamais évoqué d'hommage personnel au maréchal Pétain, il était donc bien inclus dans les célébrations prévues à l'origine. Lorsque le gouvernement affirme qu'il a toujours été prévu d'exclure le dirigeant de la France de Vichy, les preuves le contredisent, quand bien même quelqu'un a jugé bon d'essayer de les faire disparaître.
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