Idleb : le régime de Damas bombarde "systématiquement les installations médicales"

Auteur(s)
Maxime Macé
Publié le 28 mars 2019 - 13:00
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Panache de fumée après un bombardement près du village d'Al-Muntar dans le sud de la province d'Idleb, dernier bastion rebelle en Syrie, le 8 septembre 2018
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© OMAR HAJ KADOUR / AFP
Amnesty international accuse le régime de Bachar al-Assad de mener des frappes aériennes régulières contre des objectifs civils à Idleb.
© OMAR HAJ KADOUR / AFP

Amnesty international accuse ce jeudi 28 dans un rapport détaillé le régime de Bachar al-Assad de mener des frappes aériennes régulières contre des objectifs civils et particulièrement des installations médicales à Idlib. La province est la dernière enclave qui échappe encore au pouvoir de Damas à l'ouest de la Syrie. L'ONG accuse le pouvoir syrien de crimes de guerre. 

La campagne de bombardement orchestré par l'aviation syrienne contre la province rebelle d'Idleb au nord-ouest de la Syrie a des airs de préambule à une vaste opération au sol. Selon un rapport d'Amnesty international dévoilé ce jeudi, le régime de Damas, appuyé par son allié russe, mène depuis plusieurs mois une série de frappes aériennes contre des installations civiles, en particulier médicales.

"Les forces gouvernementales, soutenues par la Russie, ont frappé un hôpital, une banque de sang et d'autres installations médicales ainsi qu'une boulangerie et une école" dans diverses localités de la province, affirme l'ONG. Le 26 mars, les forces gouvernementales syriennes ont tiré des roquettes sur une école de Sheikh Idriss, à l'est de la ville d'Idleb, tuant un enfant de 10 ans et en blessant grièvement deux autres selon Amnesty. La majorité des frappes aériennes sont eu lieu le long de l'autoroute M5 qui relie Damas à Alep. "Les attaques délibérées contre des civils et des objectifs civils, y compris des hôpitaux et autres installations médicales, et des frappes aveugles qui tuent ou blessent des civils sont des crimes de guerre", a accuse l'ONG

L'armée loyaliste et son allié russe ont déjà eu recours à cette stratégie de terreur pour reprendre des villes et des régions aux rebelles, comme ce fut le cas à Alep, dans la Ghouta (banlieue de Damas) ou encore à Deraa. Le butde ses frappes contre des objectifs civils est de provoquer un départ massif des civils de la zone afin de faire perdre aux groupes rebelles leurs soutiens locaux. Ces derniers ne peuvent ensuite guère résister à la supériorité militaire des forces de régime de Damas et de ses alliés russes et iraniens. Ce scénario sanglant de reconquête des enclaves rebelles semble se répéter à Idlib. Le régime de Bachar al-Assad "utilise clairement les mêmes tactiques militaires illégales qui ont conduit à des déplacements massifs de populations" dans d'autres villes contrôlées par les rebelles dans le passé, précise Amnesty international.

Lire aussi - Syrie - La Ghouta orientale: le scénario de la sanglante reconquête d'Alep se répète

La situation de la population locale est d'autant plus précaire que dans le courant du mois de janvier, la province rebelle est passée majoritairement sous la coupe du groupe djihadiste Hayat Tahrir al-Cham après des combats contre des factions plus modérées présentes dans la poche. Idleb est en théorie "protégée" par l'accord entre la Russie et la Turquie de septembre dernier, marraine des rebelles, ayant empêché une offensive du régime d'Assad. Toutefois, le changement du rapport de force à l'intérieur de la poche entre djihadistes et rebelles modérés pourrait faire office de "blanc-seing" à Damas pour reprendre la dernière poche à l'ouest du pays qui échappe encore à son contrôle.

Le risque d'une catastrophe humanitaire dans la province est réel si des combats devaient y avoir lieu. Par conséquent, Amnesty international demande à la Turquie d'ouvrir sa frontière aux civils qui voudraient fuir l'enclave et de laisser passer les organisations humanitaires qui voudraient se rendre dans la province pour porter secours aux populations menacées.

La guerre en Syrie, qui a débuté en 2011 après la répression de manifestations pacifiques et démocratiques, a fait plus de 370.000 morts et des millions de déplacés et réfugiés dans et en dehors du pays.

Voir:

En Syrie, la colère des étudiants contre les djihadistes d'Idleb

Idleb, ultime bastion insurgé syrien, passe intégralement à l'heure djihadiste

Syrie: deux figures de la révolte et antidjihadistes abattus à Idleb

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