"Il faut de la radicalité en politique" : un cadre LR appelle à l'union des droites
Il plaide pour la création d'un "En Marche de droite" pour supplanter LR et FN. Erik Tegnér, ex-président des Jeunes avec Calmels, vient de claquer la porte du mouvement de jeunesse de la première vice-présidente de LR, et première adjointe d'Alain Juppé à Bordeaux. Motif, explique-t-il à France-Soir : la tiédeur de l'élue, qui n'assumerait pas suffisament ses idées. Une faute politique selon Erik Tegnér qui estime que c'est en s'attaquant au "sentiment d'insécurité culturelle" et aux problématiques identitaires que sera reconquis le cœur des électeurs. Il en appelle donc à l'union des droites, tout en restant adhérent LR.
"Nicolas Sarkozy a été le président de l'ouverture à gauche, Emmanuel Macron est celui de l'ouverture à droite", analyse le jeune homme (35 ans) qui y voit la preuve que c'est bien de ce côté de l'échiquier que penchent les Français. Il s'appuie également sur l'étude Ifop pour Valeurs actuelles parue mercredi 16 (à consulter en intégralité ici): les droites y cumulent près de 40% d'intentions de vote pour les européennes contre moins de 30% pour le bloc de gauche et 27% pour LREM.
Mais comment faire avaler aux électeurs une alliance entre un FN toujours diabolisé (Erik Tegnér lui-même publiait en août 2017 une tribune pour "refuser toute alliance avec le FN") et LR qui a surtout tenté de siphonner le parti frontiste en récupérant ses thématiques? "Je ne propose pas d'alliance", répond Erik Tegnér. "Il faut recréer un nouveau mouvement, un «En Marche de droite», dépassant les clivages droite/gauche, dépassés, pour y substituer ceux entre conservateurs et progressistes, identitaires et multiculturalistes", développe-t-il. Puis d'affirmer: "De toute façon la proximité idéologique entre les jeunes frontistes et LR est une réalité sur les sujets d'identité... Même au niveau des cadres: si on met Julien Aubert, souverainiste assumé, à la tête de l'école des cadres du parti (qui sera lancée à la rentrée, NDLR), pourquoi pas Nicolas Dupont-Aignan?".
Lire: L'antisémitisme s'estompe au FN qui cible d'abord "l'islamisme"
L'appel d'Erik Tegnér à "parler à la droite hors les murs" dans L'Incorrect, mensuel des droites conservatrices très proche de Marion Maréchal-Le Pen, ratisse large. Ses interviews récentes (il a également parlé au site d'extrême droite Boulevard Voltaire) ont été bien relayées sur Twitter par les troupes de Nicolas Dupont-Aignan, les souverainistes du SIEL (via son vice-président Frédéric Pichon par exemple), ou encore les identitaires avec le site Fdesouche et Damien Rieu (porte-parole de Génération identitaire et responsable de la communication de la ville FN de Beaucaire, dans le Gard).
Des cadres du FN ou du FNJ figurent également dans la liste de ceux ayant diffusé l'une ou l'autre, ainsi que des élus LR. Au rang de ces derniers figurent Thierry Mariani bien sûr -il a lui aussi lancé un appel à l'union des droites en avril- mais aussi Anne Lorne, fille du secrétaire général du MPF Patrick Louis, qui est passée par Sens Commun, La Manif pour tous et est désormais conseillère régionale et membre de la commission permanente de la région Auvergne-Rhône-Alpes dirigée par Laurent Wauquiez.
Justement: quel accueil a réservé à son initiative le président de LR? "Il y a un vrai agacement de sa part... je ne vous cache pas que c'est devenu compliqué pour moi dans le parti", dit Erik Tegnér, qui confirme toutefois qu'aucune procédure n'a été engagée à ce stade contre lui, comme Thierry Mariani avant lui. Quoi qu'il en soit, l'ex-président des Jeunes avec Calmels dit "assumer". "Il faut de la radicalité en politique! De l'anticonformisme! Emmanuel Macron en a, par exemple quand il va chez Philippe De Villiers, ça lui réussit", justifie-t-il. Puis de glisser: "Marion Maréchal-Le Pen en a aussi".
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.