"Encore trop de personnes non vaccinées", dénonce Brigitte Autran, présidente du nouveau comité scientifique
L'immunologue Brigitte Autran va présider un nouveau comité qui succède au Conseil scientifique et qui évaluera les risques non plus seulement sanitaires liés aux virus, mais également aux conséquences du réchauffement climatique sur la santé. Promotrice de la vaccination de masse, elle prévient d’ores et déjà que la crise du Covid-19 n'est pas terminée : il faut s’attendre à un nouveau pic à la rentrée, alerte la médecin qui souhaite par ailleurs accélérer la campagne de vaccination contre la variole du singe.
L'immunologue Brigitte Autran va diriger le nouveau « Comité de veille et d'anticipation des risques sanitaires », une nomination attendue depuis plusieurs jours, officialisée ce mercredi 17 août dans un arrêté publié au Journal officiel et révélée dans une interview publiée mardi soir sur le site du Parisien.
Ce comité succède au Conseil scientifique créé en 2020 pour orienter l'action du gouvernement français au cours de la crise du Covid-19 et qui a cessé d'exister avec la levée de l'état d'urgence sanitaire fin juillet. Au moment de son départ, le président de cette instance abolie, Jean-François Delfraissy, avait reconnu une possible instrumentalisation politique et médiatique du Conseil scientifique.
Voir aussi : Chronique N°99 - "Disparition du Conseil scientifique: bon débarras !"
La nouvelle structure, qui sera opérationnelle dès la rentrée, aura une composition élargie de 11 à 19 membres pour anticiper ou se prémunir de « risques différents », explique-t-on au ministère de la Santé : 16 scientifiques, un représentant des citoyens et un des patients. Si celle-ci aura aussi pour raison d'être de guider les actions du gouvernement, à la différence du Conseil scientifique, ce comité mènera en plus une veille permanente sur les risques sanitaires pouvant émaner de France comme d’autres pays dans l'idée d'avoir un « coup d'avance », explique Brigitte Autran dans son interview donnée au Parisien à l'occasion de sa nomination. Une attention particulière sera apportée aux polluants environnementaux et aux conséquences du réchauffement climatique ainsi qu'aux interactions entre animaux et humains. Une vision globale qualifiée de « global health », défendue par l'OMS.
Pour l'immunologue, « la santé des Français n’est pas isolée de celle du reste du monde ». Aussi, elle imagine « l’instauration immédiate d’une task force d’expertise scientifique » en vue de mettre en place des « recommandations rapides ». Et d'ajouter : « Même si de grands efforts ont été faits pendant le Covid, on connaît les lourdeurs bureaucratiques françaises qui sont pénalisantes pour la recherche. On va essayer d’aider à lever ces barrages pour que la France joue pleinement son rôle à l’international. »
Covid : « Il y a encore trop de personnes non vaccinées ou non revaccinées »
« Des maladies peuvent être transmises de l'animal à l'homme, ou l'inverse, ou même revenir en boomerang de l'un à l'autre », détaille Brigitte Autran au Parisien. « On le sait depuis longtemps mais sans en prendre totalement la mesure », et « aujourd'hui, les politiques publiques doivent prendre en compte ce fait », souligne la professeure émérite d'immunologie, connue notamment pour ses recherches sur le sida.
S'exprimant sur différents sujets d'actualité sanitaire, Brigitte Autran prévient que l'épidémie de Covid n'est pas achevée et risque de connaître un nouveau pic à la rentrée après le creux actuel. Elle pointe les « leviers » qui restent à activer pour éviter de nouveaux décès : « Il y a encore trop de personnes non vaccinées ou non revaccinées (...) Les traitements efficaces pour éviter les formes graves, comme le Paxlovid, sont trop peu proposés aux patients fragiles », déplore-t-elle.
Pourtant, de l’aveu même du laboratoire Pfizer, le Paxlovid, ne procure qu’une efficacité réduite contre le Covid-19. En outre, le produit pourrait, selon les CDC américains (Centres pour le contrôle et la prévention des maladies), conduire à "un rebond de l'infection" après le traitement.
Voir aussi : le Paxlovid de Pfizer: un médicament peu efficace aux multiples interactions
Par ailleurs, si elle estime illusoire d'éliminer totalement la circulation du virus du SARS-CoV-2, concernant la variole du singe, ou « monkeypox », Brigitte Autran pense qu' « une stratégie « zéro Monkeypox » est possible, contrairement à celle du « zéro Covid », assure-t-elle, appelant à accélérer les campagnes de vaccination.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.