Journée "Burkini" dans une piscine près de Marseille : beaucoup de remous pour rien
C'est une sortie piscine qui fait beaucoup parler d'elle. Depuis mercredi 3 la polémique autour d'une journée "burkini" dans une piscine près de Marseille voit s'affronter des politiques de tous bords autour du maintien ou non de cet évènement et du respect des valeurs républicaines.
L'évènement, organisée par l'association Smile 13 dans un établissement privé de Marseille (le centre aquatique Speed Water Park), aurait pu passer inaperçu si deux élus de la ville n'avaient pas lancé les hostilités. Stéphane Ravier, sénateur Front National et maire du 7ème secteur de la ville et Valérie Boyer, députée Les Républicains et maire du 6ème secteur, ont été les premiers à relayer l'information. Dans un communiqué, la députée a dénoncé des "actes communautaires insupportables", affirmant qu'"accepter cette soi-disant mode, c'est conforter le communautarisme dans notre pays, mais c'est aussi une question de dignité de la femme" et y voyant "l'expression visible de la volonté des intégristes de marqueur leur territoire". Stéphane Ravier a lui parlé d'une "journée communautariste islamique" qui "démontre qu'un certain nombre de musulmans se coupent volontairement de notre modèle républicain et se mettent d'eux-mêmes à l'écart de notre société". La polémique a ensuite été relayée par leur parti respectif et d'autres voix se sont ajoutées au débat, comme celle du maire divers gauche des Pennes-Mirabeau, la ville où se situe le parc aquatique. Il a déclaré au Parisien prendre un arrêté municipal interdisant l'évènement car il considère "cet évènement comme une provocation dont on n'a pas besoin dans le contexte actuel" et comme "du communautarisme pur et dur". David Lisnard, le maire de Cannes, évoque lui une "dérive sectaire supplémentaire".
Mais d'autres personnalités politiques ont tenu à défendre l'association. Samia Gahli, maire socialiste des XVème et XVIème arrondissements de Marseille a dénoncé une "polémique inutile", expliquant que "c'est un lieu privé qui a été loué, c'est donc une affaire privée entre le propriétaire et l'association". Elle s'inquiète aussi d'une "dérive inquiétante" du débat: "Si on déclenche une polémique à chaque fois qu'une partie de la communauté musulmane bouge le petit doigt, ça devient dangereux". Le député PS des Bouches-du-Rhône, Patrick Mennucci, lui a emboîté le pas en parlant d'une "polémique anti-musulman".
Les principaux concernés, l'association et le centre aquatique, ne comprennent pas que cette journée piscine fasse autant de remous dans le débat public. Smile 13 est une association privée qui ne reçoit aucun financement public et qui a fait appel à un organisme privée, qui rappelle d'ailleurs qu'il est "libre de privatiser son espace aquatique (...) sans considération notamment d'un culte religieux". La trésorière de Smile 13, Melissa Thivet, a précisé que l'évènement était aussi ouvert aux femmes non-musulmanes, expliquant que leur but "est de rapprocher les femmes de l'eau. Certaines n'ont pas la chance de pouvoir aller se baigner dans le parc en pleine saison, par pudeur. On leur offre cette chance". Le centre aquatique a fait savoir jeudi 4 que l'association n'avait pas encore confirmé la date de l'évènement et qu'aucune réservation n'avait pour l'instant été validée.
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