La France rend hommage à ses morts aux Invalides (VIDEO)
"Nous ne céderons ni à la peur ni à la haine": dans le discours sans doute le plus chargé d'émotion de son quinquennat -et de sa carrière politique-, François Hollande a rendu hommage vendredi 27 aux victimes des attentats qui ont ensanglanté Paris et Saint-Denis deux semaines plus tôt, jour pour jour. "Ils étaient la jeunesse de la France, (...) cette génération est aujourd'hui devenue le visage de la France", a-t-il dit lors d'une cérémonie sobre et solennelle, dans la cour d'honneur de l'Hôtel des Invalides de Paris.
L'ensemble du pays était invité à participer à cet hommage national aux victimes des attentats du 13 novembre, qui ont fait 130 morts et 352 blessés et ont été revendiqués par Daech. Le chef de l'Etat avait exhorté les Français à mettre un drapeau tricolore à leurs fenêtres ou à leurs balcons.
Les familles des victimes, les membres du gouvernement et de nombreuses personnalités politiques étaient présents aux Invalides pour assister à cette cérémonie présidée par le chef de l'Etat. C'est au son du Salut au drapeau que François Hollande s'est avancé seul dans la cour d'honneur, avant que ne retentisse une Marseillaise solennelle jouée par la musique de la Garde républicaine. Très digne tout au long de l'hymne national, le président de la République a ensuite passé en revue les hommes de la Garde républicaine avant de prendre place, seul, devant la tribune des officiels, des personnalités politiques et des familles des victimes, pour une minute de silence.
La cour silencieuse de l'Hôtel des Invalides s'est ensuite animée au son des paroles de la chanson de Jacques Brel Quand on n'a que l'amour interprétée par Nolwenn Leroy, Camelia Jordana et Yael Naim avec, en toile de fond, les photos des victimes qui défilaient sur l'écran géant installé pour l'occasion. Le président, visiblement très ému, n'a pas regardé une seule fois le visage des disparus.
La cantatrice Nathalie Dessay a ensuite interprété la chanson Perlimpinpin de Barbara dont les premiers mots ont été lourds de sens: "Pour qui, comment quand et pourquoi? Contre qui? Comment? Contre quoi? C'en est assez de vos violences".
Puis la foule s'est levée alors que les noms et les âges des 130 victimes ont résonné, un à un, par ordre alphabétique, prononcés alternativement par une voix de femme et une voix d'homme. Une triste litanie qui a duré pendant 11 minutes d'une intense émotion.
Gagnant la tribune, François Hollande a ensuite prononcé un discours sobre, relativement court (16 minutes), chargé d'hommages aux victimes mais également teinté d'accents martiaux. "Vendredi 13 novembre, ce jour que nous n'oublierons jamais, la France a été frappée lâchement, dans un acte de guerre organisé de loin et froidement exécuté. Une horde d'assassins a tué 130 des nôtres et en a blessé des centaines, au nom d'une cause folle et d'un dieu trahi", a-t-il dit au début de son allocution.
Et de poursuivre: "Aujourd'hui, la Nation tout entière, ses forces vives, pleurent les victimes. 130 noms, 130 vies arrachées, 130 destins fauchés, 130 rires que l'on n'entendra plus, 130 voix qui à jamais se sont tues. Ces femmes, ces hommes, incarnaient le bonheur de vivre. C'est parce qu'ils étaient la vie qu'ils ont été tués. C'est parce qu'ils étaient la France qu'ils ont été abattus. C'est parce qu’ils étaient la liberté qu'ils ont été massacrés". Ces 130 victimes qui "étaient à Paris, ville qui donne un manteau de lumière aux idées, ville qui vibre le jour et qui brille la nuit".
François Hollande a également promis "solennellement que la France mettra tout en œuvre pour détruire l'armée des fanatiques qui ont commis ces crimes, qu'elle agira sans répit pour protéger ses enfants", soulignant que "nous pouvons compter sur nos militaires, (...) sur nos policiers, nos gendarmes, (...) sur le Parlement pour adopter toutes les mesures qu'appelle la défense des intérêts du pays (...) et puis, et puis surtout, nous pouvons compter sur chaque Française et sur chaque Français pour faire preuve de vigilance, de résolution, d'humanité, de dignité".
Plus grave, il a souligné que "nous connaissons l'ennemi: c'est la haine; celle qui tue à Bamako, à Tunis, à Palmyre, à Copenhague, à Paris, et qui a tué naguère à Londres ou à Madrid. L'ennemi, c'est le fanatisme qui veut soumettre l'homme à un ordre inhumain, c'est l'obscurantisme, c'est-à-dire un islam dévoyé qui renie le message de son livre sacré".
Mais, a ajouté le chef de l'Etat, en écho aux craintes exprimées à propos des restrictions de liberté que peut entraîner l'état d'urgence, "la France restera elle-même, telle que les disparus l'avaient aimée, et telle qu'ils auraient voulu qu'elle demeure". "Nous ne cèderons ni à la peur ni à la haine", et "nous multiplierons les chansons, les concerts, les spectacles, nous continuerons à aller dans les stades", a-t-il dit. "Ils ont le culte de la mort, mais nous, nous, nous avons l'amour, l'amour de la vie".
Il a conclu son allocution en rendant une nouvelle fois hommage aux victimes, jeunes pour la plupart (35 ans de moyenne d'âge), des attentats et à la génération à laquelle elles appartenaient: cette génération "aura le courage de prendre pleinement en main l'avenir de notre Nation. (...) La liberté ne demande pas à être vengée mais à être servie. Je salue cette génération nouvelle (...), elle saura, j'en suis convaincu, faire preuve de grandeur. Elle vivra, elle vivra pleinement, au nom des morts que nous pleurons aujourd'hui. Malgré les larmes, cette génération est aujourd'hui devenue le visage de la France. Vive la République et vive la France!".
L'hymne national a suivi immédiatement la fin du discours du chef de l'État, repris en chœur par toutes les personnes présentes dans la cour d'honneur des Invalides. Fait rare, en plus de premier couplet et du refrain, le sixième couplet de la Marseillaise a été chanté par les chœurs de l'armée française et les chanteurs de l'Académie de l'Opéra de Paris. Des paroles méconnues mais très symboliques en ces circonstances: "Amour sacré de la Patrie/ Conduis, soutiens nos bras vengeurs/ Liberté, Liberté chérie/ Combats avec tes défenseurs!/ Sous nos drapeaux, que la victoire/ Accoure à tes mâles accents/ Que tes ennemis expirants/ Voient ton triomphe et notre gloire!".
Le chef de l'Etat a quitté les Invalides peu après. Les 2.650 personnes présentes en ont fait de même dans le calme. Parmi les personnalités du monde politique présentes, derrière les membres du gouvernement, figuraient notamment l'ancien président Nicolas Sarkozy, les anciens Premiers ministres Lionel Jospin, Jean-Pierre Raffarin, François Fillon, Jean-Marc Ayrault, Edith Cresson, Alain Juppé et Jean-Pierre Raffarin, la maire de Paris Anne Hidalgo, Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen, François Bayrou et de nombreux parlementaires dont les présidents du Sénat Gérard Larcher et de l'Assemblée nationale Claude Bartolone. La cérémonie aura duré un peu moins d'une heure.
(Voir ci-dessous la vidéo de Nolwenn Leroy, Camelia Jordana et Yael Naim interprétant Quand on n'a que l'amour lors de la cérémonie d'hommage aux Invalides ce vendredi):
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.