Le regroupement des détenus radicalisés dans les prisons jugé "potentiellement dangereux"
Suite aux attentats de janvier à Paris, le Premier ministre Manuel Valls avait pris la décision de généraliser le regroupement des détenus islamistes radicaux dans des quartiers dédiées dans des prisons françaises. Une mesure qui est expérimentée dans la prison de Fresnes (Val-de-Marne). Elle a pour but de les empêcher d'endoctriner des détenus plus fragiles.
Toutefois, un rapport remis ce mardi par la Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, Adeline Hazan, conteste l'efficacité de cette mesure. En effet, Adeline Hazan l'estime "potentiellement dangereuse".
"Le regroupement des détenus radicalisés présente des risques qui ne paraissent pas avoir été pris en compte, notamment la cohabitation de personnes détenues présentant des niveaux d'ancrage très disparates dans le processus de radicalisation", conclut Adeline Hazan après avoir visité Fresnes et trois autres établissements pénitenciers (Réau, Osny et Bois-d'Arcy) qui devront accueillir avant fin 2015 un quartier dédié aux islamistes radicaux.
Selon la contrôleuse, la mesure présente plusieurs effets pervers. Le premier étant qu'il n'est pas simple de cibler les détenus potentiellement radicalisés, "une consigne de dissimulation semble avoir été donnée pour cesser d'arborer des signes ostensibles de fondamentalisme". "Les personnes regroupées rencontrées par le contrôle général ont, pour la plupart, confié leur crainte d’être étiquetées durablement comme islamistes radicaux, et de ne pouvoir se défaire de l’emprise de leurs codétenus", écrit-elle dans son avis.
Autre effet induit par ces regroupements en région parisienne, la coupure des détenus avec leur famille, dont tous les experts soulignent l'importance pour "les convaincre de changer de voie".
Adeline hazan dénonce également l'absence de cadre légal entourant cette mesure de confinement qui, en conséquence, "ne peut faire l'objet d'aucune des voies de recours habituelles".
Enfin, le rapport demande "qu'une réflexion soit engagée sur la prise en charge des jeunes de retour des zones de conflit (...) l'incarcération ne (pouvant) pas être le mode de traitement indifférencié d'un phénomène qui touche plusieurs centaines de personnes au degré d'engagement disparate".
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