Le Sénat adopte un rapport polémique sur les discriminations
La commission des Lois du Sénat a voté ce mercredi 12 en faveur de la publication du rapport sur la lutte contre les discriminations. Le texte a été adopté dans la douleur: "Des votes contre, plusieurs abstentions, c'est rare", a reconnu Esther Benbassa (EELV), co-auteur du texte avec Jean-René Lecerf (UMP). Près de 18 mois de recherche et une quarantaine d'auditions (dont 14 universitaires) ont précédé ce texte qui traite des discriminations ethniques, raciales et religieuses, des sujets sensibles.
Le 5 novembre, des échanges houleux étaient intervenus dans la haute assemblée lors de la discussion du texte en commission des Lois.
«L’objectif est de savoir quels ont été les obstacles pour une personne, de la scolarité jusqu’à l’obtention d’un logement, en connaissant davantage la portée des origines sur ce plafond de verre», a expliqué Esther Benbassa. «On ne peut pas trouver de remèdes contre les discriminations si on n’a aucun moyen de les mesurer», a-t-elle poursuivi.
Les deux auteurs du rapport préconisaient un recours à des statistiques ethniques, idée qui n'a finalement pas été retenue après la polémique suscitée par cette proposition. La France se refuse, au nom de la tradition républicaine, à publier des statistiques ethniques. "Si le diagnostic n’est pas posé, on ne peut pas trouver les remèdes", défend la sénatrice EELV. Le texte final prévoit que "tous les cinq ans, dans le recensement, on mette une case sur le lieu de naissance des parents et la nationalité antérieure".
Autre sujet polémique, celui de l'instauration de carrés musulmans dans les cimetières. Des espaces sont déjà à disposition aujourd'hui de la communauté juive.
Le texte prévoit également un enseignement du fait religieux à l'école. Les grandes pratiques et les grands courants religieux seraient enseignés, au travers de l'éducation civique et de la philosophie. Ce sont les dérives sectaires de jeunes Français qui partent faire le djihad qui ont donné l'idée aux auteurs du texte. "Les jeunes, souvent désorientés, sont la proie des salafistes ou de l’enseignement des religions par le Web. (…) Je crois que certains élus ne veulent pas le regarder en face et c’est pour ça qu’un jour, ça va exploser", a déploré Esther Benbassa.
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