Les propos d'Emmanuel Macron sur les 35 heures fâchent au sein du PS
Son déplacement à l'occasion de l'université d'été du Medef avait déjà suscité la polémique, d'autant plus qu'Emmanuel Macron affirme n'avoir pas été invité à prendre la parole lors de celle du Parti socialiste à La Rochelle. Et les propos du ministre de l'Economie sur le temps de travail en France n'ont pas arrangé les choses.
Devant les grands patrons, celui qui incarne la politique sociale-libérale du gouvernement a lâché jeudi 27: "La gauche n'est pas exempte de critiques particulières. Elle a pu croire à un moment, il y a longtemps, que la politique se faisait contre les entreprises ou au moins sans elles (…), que la France pourrait aller mieux en travaillant moins. C'étaient de fausses idées".
Ces propos interprétés comme une remise en cause des 35 heures, loi votée par Martine Aubry en 2000, ont été largement ovationnés par le Medef mais ont provoqué des remous à gauche. C'est ce qui a amené Manuel Valls, interrogé par les journalistes ce vendredi en fin de matinée à La Rochelle, à réaffirmer qu'il "n'y aura pas de remise en cause du temps légal de travail et des 35 heures". "Les petites phrases" font "mal à la vie publique", a ajouté le Premier ministre, estimant que "les Français n'ont rien à faire avec les polémiques qui tirent vers le passé. (...) Les vrais sujets sont l'emploi et la croissance".
De son côté le président de l'Assemblée nationale Claude Bartolone, a estimé vendredi matin sur France Info que "le moins que l’on puisse dire est que cette phrase (d'Emmanuel Macron) est une fausse bonne idée. (…) Bien sûr, il a du talent. Mais chacun des socialistes doit comprendre que dans cette situation de rentrée où il y a des inquiétudes, les Français ont besoin de sécurité. Donc que chacun fasse attention à ses propos".
Mais c'est surtout parmi les frondeurs du PS que les propos d'Emmanuel Macron ont été mal accueillis. "On comprend pourquoi, avec de tels propos, Monsieur Macron préfère se faire applaudir à l'université d'été du Medef que de venir à La Rochelle. Monsieur Macron aurait-il honte de la gauche et des socialistes?", a déclaré le député des Hauts-de-Seine Yann Galut sur BFMTV. Le député et chef de file des frondeurs, Christian Paul, a de son côté ironisé: "Je croyais (…) que Nicolas Sarkozy était de retour, mais je n'avais pas compris qu'il était de retour au gouvernement".
Emmanuel Macron a toutefois reçu ce vendredi le soutien du sénateur écologiste Jean-Vincent Placé: "A un moment, ça suffit. Nous sommes dans un pays en graves difficultés économiques, nous devons tout simplement travailler, nous battre, innover. Nous avons de la chance d'avoir Emmanuel Macron comme ministre de l'Economie".
Evoquée fin 2014, "l'assouplissement" des 35 heures avait déjà créé l'émoi au sein du PS, même au-delà de la minorité des frondeurs. Emmanuel Macron avait alors déclaré que "la durée légale du travail me semble devoir rester fixée à 35 heures", mais avait ajouté que "ce cadre légal n’est pas suffisant car les salariés comme les entreprises ont besoin de plus de souplesse".
Reste que toucher à ce "totem" de la gauche, selon les mots de Jean-Christophe Cambadélis, serait une opération délicate pour le gouvernement. Le vote de la loi Macron avait déjà nécessité l'usage du 49-3. A l'époque, les frondeurs n'étaient pas allés jusqu'à faire tomber le gouvernement et n'avaient pas joints leurs voix à celles de la droite.
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