L'Iran et la France prêts à débuter "une relation nouvelle"
L'Iran et la France se sont dits prêts à débuter "une relation nouvelle" lors d'une visite officielle à Paris du président iranien Hassan Rohani marquée par plusieurs accords économiques et des échanges diplomatiques attendus sur la Syrie.
"Oublions les rancoeurs", a déclaré Hassan Rohani, en appelant à profiter de "l'atmosphère positive" suscitée par la levée des sanctions contre son pays pour donner "un nouvel élan" aux relations bilatérales.
"Nous sommes prêts à tourner la page (pour) une relation nouvelle entre nos pays", a-t-il déclaré devant des industriels français, en affirmant que c'était "une fierté" de collaborer avec la France.
"L'Iran peut compter sur la France", a répondu le Premier ministre français Manuel Valls, évoquant lui aussi un "nouveau chapitre".
"La France est prête à mobiliser ses entreprises, ses ingénieurs et ses techniciens, ses ressources nombreuses pour contribuer à la modernisation de votre pays", a-t-il ajouté, en appelant à "des partenariats ambitieux" et "des coopérations de long terme".
Depuis la révolution islamique de 1979, les relations entre Téhéran et Paris ont traversé nombre de crises jusqu'à l'apaisement obtenu à la faveur d'un accord international en juillet sur le programme nucléaire iranien.
Arrivé mercredi 27 janvier au soir sur fond de critiques d'associations défendant les droits de l'Homme, Hassan Rohani devait achever cette visite ce jeudi 28 au soir, après un entretien et la signature d'accords avec son homologue François Hollande.
La question des droits de l'Homme en Iran ne sera pas escamotée, a-t-on assuré de source française, mais elle ne fera l'objet d'aucun commentaire public.
Selon Amnesty International, la République islamique est le pays qui exécute le plus de mineurs au monde tandis que l'organisation Reporters Sans Frontières a dénoncé un pays devenu "l'une des cinq plus grandes prisons au monde pour les journalistes".
Sorti de dizaines d'années d'isolement avec l'entrée en vigueur en janvier de l'accord nucléaire et la levée des sanctions internationales, l'Iran et ses 79 millions d'habitants s'ouvrent aux industriels occidentaux, et Paris compte bien y prendre sa part.
Le constructeur automobile français PSA Peugeot Citroën a officialisé jeudi son retour très attendu en Iran, via une coentreprise avec Iran Khodro qui pourra investir jusqu'à 400 millions d'euros sur cinq ans. PSA ambitionne de produire à terme 200.000 modèles par an.
PSA est le premier constructeur automobile occidental à annoncer son retour en Iran depuis le début de la levée des sanctions visant la République islamique.
Son concurrent Renault, resté en Iran durant la crise sur le nucléaire, a promis de son côté qu'il y "intensifierait ses activités", avec "de nouveaux lancements de modèles", dès que "des relations fluides auront repris entre les banques françaises et iraniennes".
Le ministre iranien des Transports Abbas Akhoundi a annoncé dimanche 24 que "le contrat pour l'achat de 114 Airbus serait signé" lors de la visite d'Hassan Rohani.
De source proche du dossier, on précise cependant qu'à l'heure actuelle, il ne peut y avoir autre chose que des lettres d'intention ou des protocoles d'accords, car l'embargo n'est pas entièrement levé.
De grosses entreprises françaises, comme Total, sont aussi sur les rangs, et Bouygues, ADP et Vinci souhaitent participer à l'extension ou à la gestion de plusieurs aéroports iraniens.
Les autorités françaises ont accordé ce jeudi au président Rohani le privilège rare des honneurs militaires.
Au plan diplomatique, cette visite, initialement prévue il y a deux mois mais reportée à la suite des attentats de Paris du 13 novembre, sera la preuve concrète, selon le président François Hollande, que "le retour de l'Iran sur la scène internationale est désormais possible".
"Cette visite ouvre une période de discussions pour essayer d'accompagner l'Iran dans son retour sur la scène internationale, et faire en sorte qu'il joue un rôle positif, en particulier sur l'affaire syrienne", a-t-on indiqué de source diplomatique.
De difficiles négociations intersyriennes sont planifiées vendredi 29 à Genève, pour tenter de mettre fin à une guerre civile qui a fait au moins 260.000 morts. Acteur majeur de la crise syrienne, l'Iran est un soutien indéfectible du président Bachar al-Assad, dont Paris demande le départ.
Autre dossier diplomatique: la crise aiguë entre Téhéran et Ryad. Dans une allusion à l'Arabie saoudite, le président Rohani a déclaré que "certains pays ont voulu utiliser" le terrorisme, mais "c’est une grenade dégoupillée qu’ils ne peuvent pas garder dans leur main".
François Hollande a récemment appelé à la "désescalade" entre l'Iran et l'Arabie saoudite, qui ont rompu leurs relations diplomatiques début janvier après l'exécution d'un dignitaire chiite par Ryad et le saccage de l'ambassade saoudienne à Téhéran.
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