Loi Travail : accusé de "mansuétude", le gouvernement hausse le ton face aux violences

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 29 avril 2016 - 16:16
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Des manifestants contre la loi Travail visés par des grenades lacrymogènes
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©Jean-Sébastien Evrard/AFP
De violents affrontements ont éclaté jeudi en marge des défilés rassemblant salariés, étudiants et lycéens. (image d'illustration)
©Jean-Sébastien Evrard/AFP
Suite aux violences qui ont émaillé les manifestations contre la loi Travail jeudi, le gouvernement a haussé le ton ce vendredi mettant en cause la responsabilité des organisateurs. De leur côté, la droite et l'extrême droite accusent l'exécutif de "mansuétude".

Le gouvernement a haussé le ton après les violences qui ont émaillé les dernières manifestations contre la loi Travail, Manuel Valls mettant en cause la responsabilité des organisateurs, alors que la droite et l'extrême droite l'accusent de "mansuétude complice". "J'en appelle à la responsabilité de chacun. Quand on organise une manifestation, elle doit être encadrée, organisée et maîtrisée, et à l'évidence aujourd'hui cette organisation et cette maîtrise n'existent pas", a accusé le Premier ministre depuis la Nouvelle-Calédonie où il est en visite.

De violents affrontements ont éclaté jeudi 28 en marge des défilés rassemblant salariés, étudiants et lycéens, à l'appel de sept syndicats, à Paris, mais aussi à Rennes ou encore Nantes, avec des blessés graves dans les rangs des forces de l'ordre comme des manifestants.

Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a fait état jeudi de "24 policiers ou gendarmes blessés, dont trois grièvement à Paris" et de "124 interpellations dans tout le pays". Il a demandé "aux organisateurs" des manifestations "de condamner la violence à l'encontre des forces de l'ordre", car "ne pas condamner ces violences serait irresponsable et injuste".

Devant La Pitié-Salpêtrière, où est hospitalisé un policier gravement touché à la tête, M. Cazeneuve a clairement visé la CGT. "Ceux qui ont diffusé sur la police des affiches et des propos qui contribuaient à tendre (les relations avec les manifestants) n'ont pas témoigné d'un grand esprit de responsabilité", a-t-il dénoncé, en référence à une affiche du syndicat revendiquant que "la police doit protéger les citoyens et non les frapper".

"Il y a des motifs légitimes de n'être pas d'accord avec cette loi Travail, mais en même temps il y a une instrumentalisation par des casseurs qui font du mal bien sûr aux forces de l'ordre (...), mais aussi au mouvement lui-même", a jugé le député PS Jean-Marc Germain, proche de Martine Aubry, lui-même opposé à la loi El Khomri.

A quelques jours du début du débat parlementaire sur ce texte mardi, l'intersyndicale CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, Fidl, UNL veut maintenir la pression contre le projet El Khomri, sur lequel le gouvernement a déjà lâché beaucoup de lest. Depuis le 31 mars, la contestation s'est élargie avec le mouvement "Nuit debout", lui aussi régulièrement émaillé de débordements. Dans la nuit de jeudi à vendredi, 27 personnes ont été interpellées et 24 placées en garde à vue pour jets de projectile sur les forces de l'ordre, violences et dégradations dans Paris.

Si le gouvernement durcit le ton, la droite et l'extrême droite réclament davantage. Le député Les Républicains Eric Ciotti a demandé vendredi "très clairement l'interdiction des manifestations, l'interdiction de Nuit debout", accusant le gouvernement de faire "preuve d'une mansuétude coupable".

"Les policiers et gendarmes sont sur le pont depuis un an pour faire face à la menace terroriste et ne sont pas là pour se faire attaquer et caillasser par une bande d'hurluberlus d'extrême gauche", a lancé sur BFMTV Frédéric Péchenard, vice-président LR du Conseil régional IDF. Louis Aliot, l'un des vice-présidents du Front national, a lui aussi dénoncé sur LCI "une mansuétude complice" du gouvernement, réclamant, comme Florian Philippot dès jeudi soir, la dissolution des "groupes d'extrême gauche".

Mais, s'il a fermement condamné les violences, le gouvernement entend bien défendre la liberté de manifester. "Dans notre pays, même en état d'urgence, le droit de manifester est un droit constitutionnel", a rappelé Manuel Valls, tandis que M. Cazeneuve dénonçait "l'outrance" de "ceux qui essaient d'instrumentaliser ce contexte à des fins politiques en proposant qu'on interdise tout".

Sur sa gauche, le gouvernement est accusé par le Parti de gauche d'avoir "fait le choix d'utiliser la police pour une politique d'intimidation et de répression". Le PG a néanmoins regretté les affrontements. Olivier Dartigolles (PCF) a appelé à "faire la différence" entre "casseurs" et manifestants. Olivier Besancenot (NPA) a lui dénoncé une "stratégie gouvernementale": "le gouvernement a compris qu'il allait y avoir du monde dans la rue, donc ce qui l'intéressait c'est que ça se termine mal".

 

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