Loi travail : des facs fermées, des lycées bloqués et des incidents

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 17 mars 2016 - 17:50
Image
Manifestation jeunesse, Loi Travail
Crédits
©EricFeferberg/AFP
Des milliers de lycéens et d'étudiants ont manifesté contre la réforme de la loi travail ce jeudi, notamment à Paris.
©EricFeferberg/AFP
Plusieurs milliers de lycéens et étudiants sont descendus dans la rue ce jeudi pour réclamer le retrait de la loi travail. Des incidents ont éclaté lors des manifestations, notamment à Paris, Rennes et Marseille. Trois manifestants ont été interpellés et deux policiers ont été légèrement blessés.

Après le blocage de quelques dizaines de lycées et campus, plusieurs milliers de lycéens et étudiants sont descendus dans la rue ce jeudi 17 mars pour réclamer le retrait de la loi Travail, des manifestations émaillées d'incidents, notamment à Paris, Rennes et Marseille.

Le gouvernement, qui a remanié son projet face à la levée de boucliers des syndicats, des organisations de jeunesse et jusque dans les rangs socialistes, se dit confiant d'avoir une majorité, mais les opposants à cette réforme du code du travail entendent maintenir la pression après une première mobilisation la semaine dernière et à peine plus d'un an avant la présidentielle.

Dans la capitale, le cortège rassemblant plusieurs milliers de personnes s'est ébranlé vers 14h00, depuis la place de la République. La sono diffuse du reggae, les participants dansent sous le soleil et les pancartes proclament "Pierre Gattaz au RSA, El Khomri au RMI", "Nous ne serons pas de la chair à patron", "La rue maintenant pour ne pas y être dans 30 ans".

Plus tôt dans la journée, trois manifestants ont été interpellés, toujours à Paris, et deux policiers légèrement blessés, selon une source policière, lorsque des incidents ont éclaté en marge d'un cortège improvisé. Des établissements bancaires et une agence immobilière ont subi des dégradations vers le boulevard Voltaire, entre République et Nation, a constaté une journaliste de l'AFP. La police a dénoncé la présence de "quelques casseurs" dans le cortège.

A Rennes, des centaines de manifestants ont envahi la gare et sont descendus sur les voies, provoquant l'interruption du trafic pendant une trentaine de minutes. Plusieurs, dont certains avec des cagoules, se sont rendus directement devant la mairie et des gaz lacrymogènes ont été tirés par les policiers pour empêcher une intrusion dans le bâtiment, selon la police.

A Marseille, des échauffourées ont brièvement éclaté entre une centaine de jeunes, dont certains cagoulés, et des policiers devant un commissariat sur la Canebière. Le ministère de l'Education nationale a décompté 115 lycées bloqués en France, totalement ou partiellement, sur 2.500 lycées publics. Les organisations lycéennes évoquent une mobilisation "largement" supérieure à celle du 9 mars, parlant de 120 à 200 établissements bloqués.

Côté universités, plusieurs sites étaient fermés: certains campus parisiens (Sorbonne, Tolbiac, Saint-Denis), Lumière-Lyon II et le campus Victoire à Bordeaux. Les cortèges rassemblaient 3.000 personnes à Lyon, 2.200 à Bordeaux, 1.300 à Grenoble, 2.500 à Toulouse, un millier à Perpignan, entre 700 et 1.000 à Rodez, 2.000 à Tours, 1.200 à Strasbourg selon la police.

A côté des étudiants et lycéens marchaient aussi des sympathisants syndicalistes (CGT, FO etc.) et du parti communiste ou du Nouveau parti anticapitaliste (NPA). Devant Sciences Po à Rennes, une petite centaine d'étudiants sont partis vers la faculté de droit. "Ce n'est pas parce qu'on peut passer pour des étudiants privilégiés qu'on n'est pas concerné", lance Théo, 20 ans. "On peut se retrouver dans la précarité. On n'a pas d'avenir tout tracé".

Près du lycée Voltaire, dans l'est parisien, des élèves se sont massés en bordure de l'avenue République avec des sifflets, lancent des pétards et bloquent quelques voitures avec des barrières métalliques avant de les laisser passer. "On continuera de bloquer jusqu'au retrait de la loi. Mais il faut être réaliste, ça tiendra pas longtemps, on n'est que des lycéens", déclare Julie, 15 ans.

La nouvelle version du projet présentée lundi par Manuel Valls n'a pas eu raison de la colère de toutes les organisations de jeunesse, mais la Fage a, elle, accepté de poursuivre le "dialogue" et n'appelle pas à manifester. Un point en particulier a convaincu le deuxième syndicat étudiant: la garantie jeunes, dispositif d'accompagnement renforcé vers l'emploi, qui deviendra un droit pour tous les jeunes sans emploi ni formation.

Mais, pour les contestataires, "l'universalité" de cette mesure "reste un mot creux", car sa mise en œuvre pour les 900.000 jeunes concernés coûterait quatre à cinq milliards d'euros, selon l'Unef. Pendant sa campagne, le candidat François Hollande avait fait de la jeunesse une priorité de son quinquennat. Une promesse que lui rappellent à l'envi les organisations de jeunes. Le projet de loi sera présenté en Conseil des ministres le 24 mars, et le gouvernement espère le faire adopter d'ici l'été.

 

À LIRE AUSSI

Image
Manifestations loi travail jeunes
Loi Travail : les jeunes à nouveau dans la rue ce jeudi
Une partie des syndicats étudiants et lycéens appellent ce jeudi à la manifestation contre le projet de loi El Khomri. La version remaniée par le gouvernement n'a pas ...
17 mars 2016 - 08:21
Politique
Image
CRS manifestation contre la loi travail
Loi travail : des incidents, trois interpellations et deux policiers blessés à Paris
Des incidents ont éclaté ce jeudi à la mi-journée à Paris et en province lors de la mobilisation des jeunes contre la loi travail, et trois manifestants ont été interp...
17 mars 2016 - 15:20
Société
Image
Myriam el Khomri et Manuel Valls.
Loi travail : malgré la grogne, le gouvernement veut avancer
Si la version revue et corrigée du projet de la réforme du code du travail n'a pas apaisé la colère des syndicats dits réformistes et a "déçu" le patronnant, le gouver...
15 mars 2016 - 17:56
Politique

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
ARA
Décès de ARA, Alain Renaudin, dessinateur de France-Soir
Il était avant toute chose notre ami… avant même d’être ce joyeux gribouilleur comme je l’appelais, qui avec ce talent magnifique croquait à la demande l’actualité, ou...
07 novembre 2024 - 22:25
Portraits
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.