Loi Travail : El Khomri et Martinez ne parviennent pas à un accord
La ministre du Travail et le secrétaire général de la CGT ont fait le constat de leurs désaccords persistants sur la loi Travail, vendredi à l'issue d'une rencontre très attendue, la première depuis début mars, qui leur a toutefois permis de renouer le dialogue.
"Il y a des points de désaccords entre la CGT et le gouvernement sur des choses de fond, ces désaccords se sont confirmés aujourd'hui", a déclaré Philippe Martinez à sa sortie du ministère du Travail, après un entretien d'environ une heure et demie avec Myriam El Khomri.
Cette dernière a confirmé que le gouvernement et la CGT n'avaient "pas trouvé de consensus". "Nous avons des désaccords qui ne sont pas nouveaux", a-t-elle ajouté, mais "nous avons eu un échange constructif, argumenté, sur cette primauté que nous entendons donner à l'accord d'entreprise" sur l'accord de branche, l'un des points du texte auxquels s'oppose la CGT.
Parmi les autres divergences, M. Martinez a cité également les questions "des licenciements économiques, de la médecine du travail, du référendum" d'entreprise. "Il faut retirer ou réécrire ces articles", a-t-il insisté.
M. Martinez a fait des propositions en ce sens à Mme El Khomri, qui a assuré qu'elle allait les "regarder attentivement".
Après avoir récemment accusé la CGT de pratiquer "la politique de la chaise vide", la ministre a estimé qu'il était "important" d'avoir "renoué le dialogue" avec la centrale de Montreuil.
L'absence de consensus sur la loi travail "ne veut pas dire que nous ne sommes pas en capacité de mieux travailler ensemble", a-t-elle ajouté.
Toutefois, le gouvernement ne retirera pas les articles qui fâchent la CGT. "Enrichir le texte oui, mais sans en dénaturer la philosophie, c'est très clair de ce point de vue là, et notamment la primauté de l'accord d'entreprise en matière de temps de travail", a-t-elle déclaré.
Myriam El Khomri, qui a défendu le projet au Sénat toute cette semaine, juge son projet "utile" pour l'emploi, les salariés et la compétitivité.
"La ministre ne retirera pas la loi travail et encore moins l'article 2... Moi je dis que s'il faut le 49-3, il y aura le 49-3", a déclaré vendredi Bruno Le Roux, président du groupe PS à l'Assemblée nationale.
L'article 2, consacrant la primauté des accords d'entreprise sur la branche, a fait l'objet de débats extrêmement tendus au Sénat jeudi, avec près de 200 amendements déposés. Manuel Valls a prévenu que cet article "ira jusqu'au bout".
Philippe Martinez, qui doit trouver une porte de sortie honorable après avoir été aux avant-postes de la contestation sociale depuis mars, demandait la suspension du débat parlementaire, après avoir longtemps réclamé le retrait pur et simple du texte.
Plus de six Français sur dix (64%) estiment que, "face aux mouvements sociaux", le gouvernement "doit retirer" le projet de loi, selon un sondage Tilder/LCI/OpinionWay.
Parmi ses militants, certains restent sur la ligne dure du retrait, quand d'autres s'interrogent sur la capacité de la CGT à maintenir une mobilisation en perte de vitesse face à un gouvernement inflexible.
La première organisation syndicale doit aussi compter avec les six autres membres de l'intersyndicale (FO, FSU, Solidaires, Unef, UNL, Fidl), qui se montrent "déterminés" et réclament toujours le retrait de la loi.
FO a prévenu: "s'il prenait l'idée au gouvernement de passer en force à l'Assemblée nationale en juillet avec le 49-3, elle ne lâcherait pas, y compris à la rentrée".
Les syndicats ont prévu deux nouvelles journées de mobilisation, alors que l'exécutif menace d'interdire les manifestations après les violences intervenues lors du défilé parisien mardi contre la loi travail.
Le 23 juin, ils appellent à des grèves, rassemblements, manifestations. Le 28 juin, jour du vote au Sénat, nouvelles grèves et manifestation. L'intersyndicale compte aussi remettre les résultats de la votation citoyenne qu'elle a organisée à la Présidence de la République.
Le leader de la CGT a dénoncé vendredi l'absence de réaction de François Hollande qui n'a pas donné suite à la demande de rencontre formulée par l'intersyndicale. "Dommage que le président n'ait pas répondu oui ou non" à la lettre, a-t-il dit.
Pour lui, il n'y a "aucune raison" de renoncer aux prochaines journées de mobilisation.
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