Loi Travail : la CFDT, syndicat "réformiste" allié précieux du gouvernement

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 13 mars 2016 - 16:34
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Laurent Berger (CFDT).
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Laurent Berger est le secrétaire général de la CFDT depuis 2012.
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Dans les débats entre partenaires sociaux sur le projet de loi de réforme du code du travail, la CFDT semble être l'un des principaux alliés du gouvernement. Mais le syndicat refuse de se faire "instrumentaliser".

La CFDT a signé toutes les réformes du quinquennat, au risque d'être taxée par ses détracteurs de "syndicat gouvernemental". Son ralliement à la loi Travail paraît primordial pour l'exécutif, mais la centrale affirme rejeter l'idée d'être "instrumentalisée".

"Il y a beaucoup de discours sur le rôle central de la CFDT, mais la CFDT ne se fera pas instrumentaliser par personne, ni le gouvernement, ni le patronat, ni certaines organisations syndicales qui sont dans la posture", a insisté cette semaine Laurent Berger, son secrétaire général depuis 2012.

Si elle soutient cette réforme dans les grandes lignes, la CFDT dénonce un projet "trop libéral" et se dit déterminée à "utiliser tous les moyens pour faire plier le gouvernement" si certains articles ne sont pas retirés ou réécrits.

"Si le gouvernement ne nous entend pas, (...) nous n'aurons pas d'états d'âme à nous mobiliser dans la rue", a prévenu Laurent Berger lors d'un rassemblement "Loi Travail. #Faut que ça bouge", samedi, à l'appel des syndicats dits réformistes.

L'organisation a fait du retrait du plafonnement des indemnités prud'homales une "condition sine qua non" à son soutien.

Le leitmotiv de la deuxième organisation syndicale (29,74%) juste derrière la CGT (30,62%) et devant FO (18,23%) est simple: discuter avec le gouvernement pour "être utile aux salariés". Dans cet esprit, l'organisation, bien implantée dans le secteur privé, a signé toutes les grandes réformes depuis l'arrivée de François Hollande: marché de l'emploi, retraite, pacte de responsabilité, formation professionnelle, compte personnel d'activité...

"On ne peut pas se complaire dans l'augmentation du chômage, de la précarité. Si nous ne faisons rien, les salariés seront de plus en plus fragilisés", explique sa numéro-2, Véronique Descacq. Peu importe la couleur politique du gouvernement: "Nous ne sommes ni militants socialistes, ni proches d'aucun parti politique. Nous sommes autonomes", assure-t-elle.

Mais certains syndicats soulignent la relation "privilégiée" de la CFDT avec le gouvernement, s'étonnant de la récente nomination comme directrice de cabinet adjointe au ministère du Travail d'Anousheh Karvar, ancienne responsable de la centrale. "Le gouvernement ne peut pas dealer uniquement avec la CFDT!", s'énerve un haut dirigeant syndical sous le couvert de l'anonymat.

La position de la CFDT est malaisée. "Étant en position centrale dans les discussions, elle prend le risque d'être accusée de connivence, ce qui n'est pas le cas. Le risque aussi, c'est de penser que vous représentez le monde salarié, ce qui n'est pas le cas non plus", dit Luc Bérille, président de l'Unsa. Autre "risque", passer pour "un +syndicat gouvernemental+, s'isoler, et prendre tous les coups".

En 2003, la CFDT avait traversé une grave crise interne, après avoir soutenu une réforme controversée des retraites. Sur la loi El Khomri aussi, Laurent Berger reconnaît que "des débats, il y en a plein" en interne, dans une interview à Mediapart pubiée vendredi.

Pour les 50 ans de la centrale, en 2014, Manuel Valls, ancien adhérent de la CFDT, avait salué son "courage" réformiste, celui "de proposer", "de nouer des compromis". "Je lis parfois dans telle ou telle gazette que la CFDT serait inféodée au gouvernement actuel (...). Ce n'est pas vrai", avait-il dit.

"Réformiste", la centrale? "Bien sûr", répond Mme Descacq. Toutefois, Jean-Claude Mailly, numéro-1 de FO, "dénie à la CFDT le qualificatif de réformiste", plutôt du ressort de FO, selon lui. De son côté, Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, qui a présenté une série de propositions pour réformer le code du travail, rejetant en bloc l'avant-projet actuel, considère que "le syndicalisme est par essence réformiste".

Guy Groux, chercheur au Cevipof (Centre de recherches politiques de Sciences Po), confirme: "Tout le monde est réformiste et souhaite que la société s'améliore", mais avec des différences. D'un côté il y a les "réformistes modérés" (CFDT, CFTC, CFE-CGC, CFTC) qui "acceptent l'économie de marché, considèrent qu'elle est légitime et que l'entreprise a un rôle à jouer dans les régulations sociales". De l'autre, il y a "une vision beaucoup plus conflictuelle des rapports sociaux: les syndicats considèrent que l'entreprise est encore prioritairement un lieu d'exploitation et de domination. Là on retrouve la CGT, SUD ou FSU".

 

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